FRANCOIS DE BEAUMONT, BARON DES ADRETS


François de Beaumont, Baron des Adrets

C’est un gentilhomme dauphinois de bonne famille, né vers 1512 et mort en 1537 au château de la Frette dans le hameau de Villard-Château. Fils de Georges de Beaumont et de Jeanne Guiffrey, la propre sœur du brave Boutières, Compagnon de Bayard. Il épouse Claude de Gumin dont il a plusieurs enfants. Aucun de ses deux ou trois fils ne lui a survécu. L’un d’eux trouve la mort au siège de La Rochelle en 1573. Il laisse également deux filles dont une seule a des descendants.


De 1525 à 1559, il combat avec valeur dans les campagnes successives en Italie, où il se distingue par sa bravoure sous les ordres du maréchal de Brissac. Il est fait prisonnier en 1558, à Moncalvo par les Espagnols et doit payer rançon pour se libérer estimant n’avoir pas été justement récompensé pour ses services.

Après 1560 commencent les guerres de Religion. Des Adrets se rallie au prince de Condé, chef des Protestants. Bien qu’il soit sans conviction religieuse affirmée, c’est pour la cause des Réformés qu’il va démontrer des capacités militaires exceptionnelles, alliées à une cruauté restée légendaire.

Le massacre de Wassy, le 1er en mars 1562 par de Guise, inaugure la première guerre de religion. Après les défaites des armées protestantes à Cahors, Amiens, Sens, il prend en avril le commandement d’ une troupe de Réformés en Provence, et pénètre dans Valence qui sera sa base avec 8 000 hommes le 25 avril. La Motte-Gondrin lieutenant-général du Dauphiné y est massacré puis pendu à une fenêtre.

La prise de Valence, 25 avril 1562

Le 29 avril 1562 au soir des protestants en armes se réunissent à la Guillotière ; dans la nuit ils investissent la ville. Il y a très peu de résistance. Les protestants sont maîtres de la ville. Pour se conforter ils font appel au baron des Adrets, qui arrive avec sa troupe le 5 mai. Il assiège le château Pierre Scize qui se rend le 7 mai. Il n’y a pas eu de massacre à Lyon.


Les réformés les plus fanatiques détruisent les statues de la cathédrale Saint-Jean à coups d’arquebuse, pillent les églises et les couvents et s’emparent des objets précieux, car le baron a besoin d’or pour payer ses troupes et repartir en campagne. La ville va rester sous le pouvoir des réformés jusqu’en juillet 1563, période au cours de laquelle seront conduits de grands travaux.

À partir de cet instant et par des chevauchés fulgurantes, il pille et saccage Vif en juin, déroute l’adversaire à Romans-sur-Isère, Vienne et Grenoble où il pille la collégiale Saint-André et la cathédrale Notre-Dame de Grenoble. Il pille et brûle le monastère de la Grande Chartreuse, le 5 juin 1562.

En juin il fonce sur Pierrelatte, exerce sa férocité sur la garnison qui a capitulé et dévaste les environs d’Avignon, mais doit revenir sur Grenoble d’où il chasse à nouveau Maugiron. Il repasse à Lyon, puis en juillet se lance sur le Beaujolais et le Forez.

Après avoir pris Feurs dans le Forez, le 3 juillet, il marche sur Montbrison, guidé par ses deux généraux Poncenat et Saduret, à la tête de quatre mille hommes et s’en empare le 14 juillet 1562, profitant de l’absence du duc Jacques de Savoie-Nemours occupé dans le Lyonnais. Le château est gouverné par Montclar (parfois épelé Montelar ou Montalard) et plusieurs gentilshommes conduits pas Duchier (parfois épelé Ducher) s’y sont réfugiés. Retranchés dans le donjon, ils capitulent avec la promesse d’avoir la vie sauve. La promesse est reniée et presque toute la garnison est jetée du haut des remparts – les derniers sont épargnés grâce à un trait d’esprit d’un soldat sur le point d’être sacrifié.

Le baron se dirige ensuite directement vers le château de Montrond, où le gouverneur du Forez s’était retranché. Il y entre le 15 juillet; puis, y laissant Quintel, un de ses lieutenants, se retire à Lyon, non sans avoir laissé derrière lui de nombreuses traces de sang. À Montrond il pille l’église ; et parce qu’ils étaient trop lents à lui apporter les vases sacrés, il fait, ajoute la chronique, « jeter en bas du clocher le curé et le marguillier ».

Cette façon de faire la guerre déplaît à Calvin. Le 17 juillet, il est remplacé à Lyon, au poste de lieutenant général, par Soubise.

Le récit des représailles d’Orange par les troupes papales le met en furie. Il pille et massacre dans plusieurs villes de la vallée du Rhône. Le 2 août 1562, le palais des papes de Sorgues, défendu par une garnison italienne, fut brûlé par le baron et y ruina aussi le couvent des Célestins de Gentilly.

Son contemporain Jacques-Auguste de Thou narre : « le Baron va à Tulette, à deux lieues de Valréas, il chasse les Italiens qui sont en garnison à Caderousse, à Bédarrides, à Courthézon, à Orange, à Sarrians, à Piolenc, et à Châteauneuf. Il se rend maître du pont de Sorgues, et du fort qui est dessus. L’épouvante et la frayeur que son arrivée causent dans le pays sont si grandes, que même la ville d’Avignon craint et se prépare à soutenir un siège : mais il fait tout d’un coup volte-face, et tourne du côté de Carpentras, qu’il croit pouvoir surprendre par finesse ». Toutefois, un historien du début du XIXe siècle donne une version légèrement différente : « Il attaque le superbe château du Pont de Sorgues, anciennement bâti par le cardinal François de Clermont. Quelques Italiens mis en garnison par Fabrice Serbelloni, font mine de vouloir le défendre : il les enterra tous pêle-mêle dans les cendres de la place presque entièrement brûlée ».

Il se bat à Valréas, menace Avignon et échoue devant Carpentras qui appartiennent au Pape. Ses troupes se vengent à Mornas, où les habitants sont jetés du haut de la falaise (il n’est pas sûr que des Adrets ait été effectivement présent). Fin août à peine de retour à Valence, il part au secours de Sisteron, puis ravitaille Montpellier assiégée et repousse le vicomte de Joyeuse (15 septembre).

Pendant ce temps le duc de Nemours au service du roi a repris Vienne ; des Adrets repart avec 4000 hommes : il est battu à Beaurepaire. Renforcé par 2000 suisses, il contraint Nemours à s’enfermer dans Vienne (19 octobre), mais même ses co-religionnaires en ont assez de ses ravages et de sa férocité sans frein. Informé, il signe une trêve en novembre avec Nemours qui offre au baron des Adrets le titre de gouverneur du Dauphiné.

Des Adrets court encore vers le sud redresser la situation, s’empare encore de Montélimar et d’Annonay. Mais, soupçonné de double jeu et de défection, il est destitué par le prince de Condé et est arrêté à Romans en janvier 1563 par ses lieutenants et enfermé à Nîmes. L’Édit d’Amboise (mars 1563) provoque son élargissement.

Le baron quitte alors la religion protestante et revient au catholicisme en 1564. Il offre son épée aux Catholiques mais échoue devant Sancerre, place forte protestante. Il juge l’entreprise difficile et conseille à Claude de La Châtre, gouverneur du Berry, de se retirer. On lui confie 2000 hommes avec lesquels il reprend aux Réformés la Côte-St-André, St-Antoine, puis assiège Romans. En 1567, il repart en guerre aux côtés du lieutenant général du Dauphiné, Bertrand de Gordes, sous la bannière des catholiques à la tête de son régiment, le régiment des Adrets. Deux ans plus tard il se remet en campagne, mais son infanterie est écrasée à Selongey. Enfin, dans le Trièves, il gagne sa dernière bataille contre Lesdiguières. Mais on se méfie de lui : De Gordes, lieutenant-général du Dauphiné le fait arrêter en juin 1570 et enfermer à Lyon au château Pierre Scize.

Il se retire dans son château de la Frette où il emploie son humeur belliqueuse qui l’avait conduit à tant d’excès à des procès contre des membres de sa famille, sa belle-mère et sa belle-sœur pour l’héritage de son beau-père. Il décède en 1587, dans son lit (certains auteurs donnent la date du 2 février). On ignore le lieu de sa sépulture.

Ce caractère extraordinaire, lié à la terreur qu’il semait sur son passage et par les qualités manœuvrières déployées peut expliquer que son souvenir persiste encore…

Sources

  • https://fr.m.wikipedia.org/wiki/François_de_Beaumont
  • https://books.google.fr/books?id=joEjYT8QFakC&pg=PA205&lpg=PA205&dq=Baron+des+Adrets

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