L’ÉTIQUETTE SOUS LOUIS XIV

L’Etiquette sous Louis XIV

 

 

L’étiquette est l’ensemble des règles qui organisent la vie de la famille royale, des courtisans et du personnel qui les entoure. L’étiquette s’occupe donc de la  » vie privée  » du monarque ; la vie publique du roi relève du cérémonial.

En France, l’étiquette s’est développée à partir du règne du roi François Ier et connut son apogée et sa forme la plus codifiée et la plus rigide d’Europe sous le règne du roi Louis XIV.

L’étiquette participe au culte monarchique. Elle permet au roi de manifester sa distinction, sa satisfaction ou son mécontentement vis-à-vis des courtisans à qui il procure ou retire l’honneur de le servir de près. Elle permet aussi aux courtisans de s’affirmer, de marquer leur place (quelquefois provisoire) face à la concurrence des autres membres de la cour, chacun cherchait à augmenter ses prérogatives en veillant à ce qu’aucun autre ne s’élève au-dessus des siennes, on s’épiait et se jalousait.

 Le mémorialiste Saint-Simon dit : « avec un almanach et une montre, on pouvait à trois cents lieues d’ici dire ce qu’il faisait « .

Allant du cérémonial de réception d’un nonce ordinaire, ou extraordinaire, du pape, jusqu’à la description de l’ordre d’avancée des carrosses en fonction des rangs protocolaires, les récits des mémorialistes sont un témoignage vibrant d’un siècle où l’État doit en partie sa réputation de grandeur au carcan strict de l’étiquette.

Certaines anecdotes où des incidents se produisirent et manquèrent de se transformer en véritables crises en sont la preuve : sans étiquette, le roi a moins de pouvoir pour asseoir son autorité.

À partir du XIVe siècle, l’image du courtisan s’esquisse peu à peu. Le terme même de « courtisan  » apparaît sous le règne de Louis XI. Le développement d’une société aulique est propice à la naissance d’une culture codifiée et d’un rituel de cour. Dès la fin du Moyen Âge, on trouve les premiers textes décrivant le cérémonial à la cour. Ce ne sont pas encore des textes émanant du pouvoir royal, mais ils illustrent l’importance accordée à ces nouveaux codes. Ainsi au début du XVe siècle, Christine de Pisan rédige un Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V, dans lequel elle relève les usages de la cour. Il faut attendre la fin du XVIe siècle et le règne de Henri III pour qu’apparaissent les premiers règlements généraux et ordonnances définissant la vie curiale dans sa globalité. Ce rituel prenant une importance croissante dans cette microsociété, un terme lui est bientôt consacré : l’étiquette. On en trouve de rares mentions chez les contemporains de Louis XIV, comme Madame Palatine, critiquant  » cette insipide étiquette  » dans sa lettre du 3 février 1679 parue dans « Lettres de la princesse Palatine«  1672-1722, et c’est au XVIIIe siècle que ce terme sera définitivement consacré dans la langue française. Il fait son entrée dans le Dictionnaire de l’Académie française seulement en 1718.

Le règne de Henri III représente un temps fondateur dans la mise en place et le développement de l’étiquette à la cour de France. Le cérémonial qui s’élabore progressivement à la cour des Valois est dicté par l’influence de la cour des ducs de Bourgogne. On y retrouve également des inspirations espagnoles, autrichiennes et bien sûr italiennes. Catherine de Médicis a conscience du formidable instrument politique que représente l’étiquette dans la restauration de l’image du pouvoir royal et conseille à ses fils de mettre en place un cérémonial minutieux. Henri III partage l’opinion de sa mère et dès son retour de Pologne et son accession au trône de France en 1574, il se lance dans une politique de structuration de sa cour. Il est le premier roi à réglementer la vie curiale dans son ensemble par des textes officiels codifiant les heures réglées du roi et définissant les normes à suivre. Il édite ainsi une série de règlements et d’ordonnances visant à  » normer  » avec une grande précision son emploi du temps quotidien. L’objectif politique qui est recherché est de créer une distance  » sacralisante  » entre le roi et sa cour. En réglant ainsi l’accès au roi, celui-ci devient inaccessible, appartenant à une sphère isolée, au-dessus des courtisans. Parmi ces nouvelles mesures, la mise en place de barrières autour de sa table lors de ses repas fait scandale à la cour, certains courtisans se sentant méprisés et n’acceptant pas cette distance que le souverain cherche à installer.

Un premier règlement général, provisoire, est édité en 1578. Il trouve sa forme aboutie quelques années plus tard en 1585. Ce règlement général, daté du 1er janvier 1585, que le roi a rédigé en partie de sa propre main, produit une véritable révolution des usages de la cour de France. Le souverain le fait imprimer et distribuer à ses courtisans afin de s’assurer de la bonne diffusion de ces règles. La structure de l’appartement royal est fixée à cinq pièces (salle du roi, antichambre, chambre d’état, chambre d’audience et chambre royale), permettant ainsi de matérialiser le rang de chacun, en créant un  » parcours initiatique  » entre le roi et les courtisans . Selon Jacques-Auguste de Thou, le monarque aurait fait ce choix après une conversation avec l’épouse de l’ambassadeur d’Elisabeth Ire d’Angleterre, le comte de Stafford, qui lui aurait décrit en détail l’appartement de la reine et les formalités pour accéder à sa personne. Jacques-Auguste De Thou relate :  » Ce cérémonial fut fort de son goût, et il résolut de le faire observer désormais à son égard. […] Il fixe des heures pour certains devoirs et certains services : règle les appartemens pour certaines personnes ; et leur défend de passer plus loin. « . La cour d’Angleterre est alors considérée comme un modèle pour l’organisation des cérémonies.

La Maison du roi, dirigée par le grand maître de France, se structure au cours de cette période. Dès la fin du XVe siècle, sous le règne de Charles VIII, le nombre d’officiers en charge dans les différentes maisons royales augmente brutalement. En 1465, on compte quatre-vingt-dix officiers. Un siècle plus tard, en 1574, on en dénombre mille soixante-quatre. Cependant, dès la fin du XVIe siècle, apparaissent des ordonnances visant à réduire leur nombre. Mais celles-ci se renouvelant régulièrement, on peut s’interroger sur leur efficacité.

Parallèlement à sa volonté de codifier les usages de sa cour, Henri III crée de nouvelles charges d’officiers dont le rôle est de veiller à l’application de ce cérémonial. Au sommet de celles-ci se trouve le grand maître des cérémonies, charge confiée à Guillaume Pot de Rhodes lors de sa création, en 1585. Celui-ci a pour mission de superviser l’ensemble des cérémonies publiques, de régler d’éventuels litiges et de tenir à jour des recueils de cérémonies pouvant être utilisés ultérieurement. Ainsi, grands maîtres des cérémonies, maîtres des cérémonies et introducteurs des ambassadeurs rédigent mémoires et compilations décrivant le cérémonial à appliquer selon les types d’événements.

Sous les règnes de Henri IV et Louis XIII, le cérémonial de la cour semble connaître un certain relâchement. La preuve en est que peu de règlements majeurs sur l’étiquette ont été publiés. Les textes normatifs sont toujours officiellement appliqués, mais dans les faits, l’étiquette connaît de nombreuses entorses. Henri IV sait toutefois user lorsqu’il le faut de l’étiquette. Toutefois, c’est avec le règne de Louis XIV, et grâce à la sédentarisation de la cour, que l’étiquette est réactivée. Le  » Grand Roi  » l’affine peu à peu, la précise, jusqu’à en faire une mécanique parfaitement bien huilée. Louis XIV a su magnifier l’importance de l’étiquette à sa cour, mais il n’en est pas pour autant l’esclave. Il conserve la liberté de créer l’étiquette et de l’appliquer à sa convenance. De plus, en cas de conflits de rangs et préséances, c’est le souverain qui tranche en dernier ressort.
Louis XV poursuit cette appropriation de l’étiquette et son utilisation à des fins politiques. Si au cours du XVIIIe siècle l’étiquette semble s’assouplir sur certains points, elle trouve cependant d’autres formes d’expression, comme la création des soupers dans les cabinets du roi. L’étiquette continue de marquer cette mise à distance entre le roi et ses courtisans qui est au principe même de son existence.

Lorsque le Roi Soleil installe sa Cour à Versailles, le 6 mai 1682, elle est en passe d’être portée à sa quintessence et à son zénith. Le duc de Saint Simon, mémorialiste du règne, décrit ce mouvement perpétuel, ce mécanisme d’horlogerie parfaitement huilé comme « la mécanique de la vie de Louis XIV »!

Les journées sont ainsi très codifiées, comme l’écrit Madame Palatine à sa tante Sophie, le 14 décembre 1676 : « D’abord je suis allée à Versailles, où nous étions occupés toute la journée. Depuis le matin jusqu’à trois heures de l’après-midi, l’on chassait ; en revenant de la chasse, on changeait de costume et l’on montait au jeu, où l’on restait jusqu’à sept heures du soir ; puis on allait à la comédie, qui ne finissait qu’à dix heures et demie du soir; après la comédie, on soupait ; après le souper venait le bal qui durait jusqu’à trois heures du matin, et alors seulement on allait se coucher.« 

Dans ses Mémoires, Saint-Simon écrit ainsi :  » Non seulement il [Louis XIV] était sensible à la présence continuelle de ce qu’il y avait de distingué, mais il l’était aussi aux étages inférieurs. Il regardait à droite et à gauche à son lever, à son coucher, à ses repas, en passant dans les appartements, dans ses jardins de Versailles, où seulement les courtisans avaient la liberté de le suivre ; il voyait et remarquait tout le monde ; aucun ne lui échappait jusqu’à ceux qui n’espéraient pas même être vus. Il distinguait très bien en lui-même les absences de ceux qui étaient toujours à la cour, celles des passagers qui y venaient plus ou moins souvent ; les causes générales ou particulières de ces absences, il les combinait, et ne perdait pas la plus légère occasion d’agir à leur égard en conséquence. C’était […] une disgrâce sûre pour qui n’y venait jamais, ou presque jamais. » .

Aucun détail n’est laissé au hasard. Ainsi du port du chapeau. Pendant les repas, il est de mise de rester couvert en présence du roi, et si l’on s’adresse à Sa Majesté de se découvrir. Devant les princes du sang, il suffit de porter la main au chapeau. Mais, lors des promenades dans le parc et les jardins, le cérémonial s’inverse! Tandis qu’il savoure l’air pur, dont il raffole, Louis XIV est le seul à garder son chapeau. A Marly, au contraire, il faut mettre son couvre-chef quand le roi sort du château et s’exclame : « Le chapeau, Messieurs! » . »Aussitôt courtisans, officiers des gardes du corps, gens des bâtiments se couvraient tous, en avant, en arrière, à côté de lui, et il aurait trouvé mauvais si quelqu’un eût non seulement manqué, mais différé à mettre son chapeau, et cela durait toute la promenade, c’est-à-dire entre quatre et cinq heures en été », raconte Saint Simon.

Les différentes étapes de la journée du roi Louis XIV, du lever au coucher du roi, est soumis à des règles strictes, auxquelles chacun doit se soumettre en tenant la place et le rôle qui lui sont impartis; et ce protocole s’étend aux réceptions des souverains et ambassadeurs étrangers, aux cérémonies, aux fêtes religieuses.

Petit lever

  • 8 h : Heure du petit lever, le premier valet, qui a passé la nuit au pied du baldaquin du roi sur un lit d’appoint, s’approche de celui-ci et murmure :  » Sire voilà l’heure « . Puis, son premier médecin et son premier chirurgien le frictionnent et changent sa chemise, parce que, relate Saint Simon, « il était sujet à suer« . (Voir : Hygiène). Un quart d’heure plus tard, le grand chambellan fait son apparition, suivi des bénéficiaires des « entrées », visites strictement hiérarchisées et contrôlées par un page. Entrait le premier gentilhomme de la chambre du Roi. Il ouvrait le rideau du lit. Six personnes, les garçons de chambre, étaient déjà entrées dans la pièce.

  • 8 h 15 : C’est l’ » entrée familière «  par les arrières des membres de la famille royale (collatéraux mais non les cousins), des princes du sang, le premier médecin, le premier chirurgien, le premier valet de chambre. Ensuite ce sont les  » grandes entrées « , les officiers de la Couronne, le grand chambellan, le grand-maître de la garde-robe, le premier valet de garde-robe et quelques seigneurs que le roi veut honorer. Les trois autres gentilshommes de la chambre et les trois premiers valets pouvaient participer également. Ils étaient alors au minimum 22 personnes dans la pièce. Le premier valet de chambre déposait quelques gouttes d’esprit de vin sur les mains du roi. Le grand chambellan présentait le bénitier. Louis XIV se signait. Tous les assistants se dirigeaient vers le cabinet des conseils. Un aumônier les attendait. L’office durait un quart d’heure ; le roi le suivait de son lit. On introduisait ensuite le barbier et le valet du cabinet des perruques. Le roi en choisissait une et sortait du lit, chaussait ses mules, enfilait sa robe de chambre, s’asseyait sur un fauteuil. Un privilégié présente la chaussure gauche, un autre la droite, et un troisième chausse le roi. Il en va de même pour chaque pièce de la garde robe. Parfois, Louis XIV allège la cérémonie et préfère se débrouiller seul, « avec grâce et adresse », précise Saint Simon. Le grand chambellan lui ôtait son bonnet de nuit. Le premier barbier commençait à le peigner. On ne rasait le monarque qu’une fois habillé, et ce tous les deux jours. (Voir : Maquillage). Le petit lever est terminé. Louis XIV, en robe de chambre, passe dans le cabinet du Conseil, où on lui fait lecture d’un bref passage du livre de l’office du Saint Esprit. Là, il accueille les « secondes entrées », ceux qui ont obtenu des brevets d’affaires et ont été autorisés à présenter des requêtes, ainsi que ses lecteurs, ses intendants, son aumônier et ses ministres. Les officiers de la Chambre et de la Garde-robe entrent à leur tour pour le Grand lever durant lequel le roi est habillé et déjeune d’un bouillon. Outre les personnages les plus importants de la Cour, l’ensemble des proches domestiques royaux sont admis à observer ce cérémonial. On estime à une centaine le nombre habituel des assistants, tous masculins

     

Grand lever

  • 8 h 30 : Petite Entrée du médecin et du chirurgien ordinaire, l’intendant et le contrôleur de l’argenterie, le premier valet de la garde-robe, puis  » entrée d’affaires  » des gentilshommes titulaires de  » brevet d’affaires « . Le roi s’installait sur sa  » chaise d’affaire  » – Il s’agissait, en fait, d’une chaise percée – , le barbier achevait de le peigner et de lui ajuster sa perruque du lever, moins haute que celle de la journée.

  • C’est alors l’ « entrée de la chambre  » : le grand aumônier escorté des aumôniers de service trimestriel, les ministres, les conseillers d’État, les maréchaux de France, le grand veneur, le grand louvetier, le grand maître des cérémonies. Le roi en profite pour retirer sa robe de chambre, le maître et le premier valet de la garde-robe lui ôtent sa chemise de nuit, l’un par la manche droite, l’autre par la manche gauche. Puis ils lui passent une nouvelle chemise qui a été apportée par un fils de France ou le grand chambellan. Le roi se lève alors de son fauteuil, pour se reposer et on l’aide à ajuster son haut de chausse ; le grand-maître de la garde-robe ceint l’épée au roi, lui passe le reste des vêtements : la veste, le justaucorps et la cravate. (Voir : Mode). Entrent les  » gens de qualité « , chacun donne son nom à l’huissier. Il y avait désormais au moins 50 personnes dans la pièce.

Après le Roi-Soleil (Louis XIV), sous les règnes de Louis XV et Louis XVI, les souverains ne dormaient plus dans la  » Chambre du Roi  » qui devint alors une « chambre d’apparat », préférant se réfugier dans leurs appartements privés ou dans les résidences royales des environs, et obligeant ces derniers à se déplacer pour se plier à ce cérémonial du  » Grand lever  » (ainsi que celui du  » Grand coucher « ) qui se fit ainsi plus rare.

Déjeuner

  • 9 h : le Roi prenait le déjeuner : deux tasses de tisane ou de bouillon. On lui tendait trois mouchoirs, il en prenait deux. L’horloger remontait sa montre, il s’agenouillait sur le prie-dieu et faisait ses prières. Enfin, il changeait de perruque et passait dans son cabinet de travail.

  • 9 h 30 : Rendez-vous avec les ministres dans le Cabinet du Conseil où les ordres seront donnés pour la journée.

     

Les matinées du roi

  • 10 h : Au sortir de l’appartement du roi, une procession se forme dans la galerie des Glaces. Suivi de ses courtisans, le roi traverse l’enfilade du Grand Appartement. C’est le moment où la foule massée sur le passage du cortège peut enfin apercevoir le monarque. Certains peuvent lui parler brièvement ou lui glisser un mot écrit. Le roi s’installe à la tribune de la Chapelle royale pour assister à la messe, d’une trentaine de minutes. Le chœur de la  » Chapelle Musique « , fameux dans toute l’Europe, chante chaque jour une œuvre nouvelle composée par Lully, De Lalande et bien d’autres. Au retour de la messe, le roi s’enquérait des placets. Ce sont des requêtes écrites, qu’au début de son règne Louis XIV lisait personnellement. Tout le monde pouvait en formuler.

     

  • 11 h : De retour dans son appartement, le roi tient conseil dans son cabinet :


    – Les lundis (tous les quinze jours) et mercredis : Conseil d’État, ou  » Conseil d’en Haut « .

    – Les mardis et samedis sont consacrés au Conseil royal des Finances,
    – Les jeudis : audience des jardiniers et de l’artisanat et beaux-arts.
    – Les vendredis sont consacrés au Conseil de conscience (affaires religieuses). On vit là un siècle de grande dévotion. Le roi, sous l’influence de Madame de Maintenon, devint très dévot. Tous ses confesseurs furent jésuites (l’un des plus connus restera le Père Lachaise). Le confesseur parti, il lui arrivait de convoquer ses musiciens.
    – Les dimanches : le plus important, on y débattait des questions les plus graves de la France.

    Enfin, le Conseil des dépêches (c’est-à-dire traitant des affaires intérieures) se réunit les lundis, tous les quinze jours quand il n’y a pas Conseil d’État. Ces mêmes jours, le roi peut aussi décider d’étudier l’avancement des programmes de travaux. Cinq ou six ministres travaillent avec le monarque qui parle peu, écoute beaucoup et décide toujours en dernier lieu.

     

  • 13 h : Dîner au  » Petit Couvert  » où seul son frère peut s’asseoir. Dans sa chambre, le roi mange seul, assis à une table dressée face aux fenêtres. Ce repas est en principe privé mais Louis XIV a pour habitude d’y admettre tous les hommes de la Cour, en général ceux présents au lever.

     

Les après-midis 

  • 14 h : Retour au cabinet pour se changer. Puis chasse ou promenade. Le matin, le roi a donné ses ordres, annonçant ses intentions. Le roi sortait tous les jours. S’il s’agit de la promenade, elle se fera dans les jardins soit à pied, soit en calèche avec les dames. Si son choix s’est porté sur la chasse, sport favori de tous les Bourbons, cette activité le mène dans le parc lorsque le monarque chasse au tir, dans les forêts alentour lorsqu’il chasse à courre. Bien qu’il ne chassait plus à cheval depuis qu’il s’était cassé le bras en 1684, mais conduisait habilement une voiture découverte. Le roi adorait ses jardins. Il écrivit un guide pour mieux les visiter. Dans la promenade, Le Nôtre ou Mansart l’accompagnait, à qui il posait de nombreuses questions. Ou bien il accompagnait les dames à Trianon ou à Marly.

  • 17 h : Retour. Changement de vêtement et  » salut  » dans la chapelle.

     

  • 18h ou 19h. Souvent, Louis XIV laisse son fils présider aux divertissements d’intérieur, comme les soirées d’appartements. C’est le nom des réjouissances qui avaient lieu dans le Grand Appartement. On y jouait aux cartes, au billard, on y dansait également. les bals avaient ordinairement lieu lors des soirées d’appartement. Quant au roi, il peut signer les nombreuses lettres préparées par son secrétaire puis se rendre dans les appartements de Madame de Maintenon où il étudie un dossier important assisté de l’un de ses quatre secrétaires d’État.

    Sous Louis XV, au milieu des années 1730, le Salon d’Hercule réaménagé et décoré par Lemoyne, devint la véritable salle de bal du château. À une date plus avancée du règne, on dansa également dans le petit théâtre de la cour des Princes (agrandi et décoré entre 1748 et 1762), qui pouvait se transformer facilement en espace de danse :  » il y a bal tous les lundis à Versailles, dans la salle de spectacle que l’on a agrandie « , note Barbier (Journal d’un bourgeois de Paris sous le règne de Louis XV (1718-1763), janvier 1763 « . Les bals s’y poursuivirent sous le règne de Louis XVI, la salle étant alors augmentée de plusieurs dépendances amovibles en bois. Au quotidien, d’autres lieux plus inhabituels purent servir pour des bals impromptus : certains bosquets du parc, notamment, mais aussi des pièces à vivre et des galeries : chaque prince pouvait, dans son intimité, faire danser ses invités dans l’un ou l’autre des salons affectés à ses appartements.

     

Les soirées

  • 22 h : La foule se presse dans l’antichambre de l’appartement du roi pour assister au souper au Grand Couvert. Le roi s’assied à table, entouré par les membres de la famille royale. Le repas terminé, le monarque traverse sa chambre et se rend dans le salon pour saluer les dames de la Cour. Ensuite, il se retire dans son cabinet pour converser plus librement avec sa famille et quelques proches.

     

  • 23 h/ 23 h 30. : Le coucher, rituel public où le roi se retire dans sa chambre, se déroule selon un processus inversé de la cérémonie du lever,en version abrégée cependant, agrémenté de la cérémonie du bougeoir où jour après jour changeait l’heureux bénéficiaire qui avait l’honneur de tenir le bougeoir du roi.

L’emploi du temps quotidien du Roi-Soleil se perpétue en théorie sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI, mais ni l’un ni l’autre ne supportaient ce cérémonial pesant. Le plus souvent possible, ils se réfugiaient dans leurs appartements privés ou dans les résidences royales des environs. Au fil des ans, les levers et les couchers publics se firent de plus en plus rares. Et les courtisans se plaignaient de ne plus jamais voir le roi, à la différence de l’époque de Louis XIV.

La fin de l’Ancien Régime a signé la fin de l’étiquette de cour au sens strict du terme. D’abord un déclin lent mais sûr au cours des règnes de Louis XV et Louis XVI, puis la Révolution. L’avènement de l’Empire et la création d’une toute nouvelle noblesse, mettront à l’honneur une interprétation neuve de l’étiquette. Sous des allures plus modernes, mais toujours avec le même objectif de réglementer la vie du palais et d’assigner à chacun des prérogatives en fonction de son rang. Une part de la légitimité du nouvel empereur passe par le rétablissement de tout ou partie des codes de l’ancien régime. En rétablissant une cour avec son étiquette, des réceptions et des gratifications, Napoléon Ier réinstaure l’autorité de l’État. Avec la Restauration, le retour à l’étiquette d’Ancien Régime semble une évidence pour Louis XVIII et Charles X. Les fonctions officielles et titres d’ancien régime sont rétablis.

L’étiquette a pris au fil de notre histoire toutes sortes de formes, tantôt carcan strict, tantôt coquille vide, elle fut même parfois presque oubliée.

Brevet d’affaires

Les détenteurs d’un brevet d’affaires se voyaient octroyer le droit de voir Louis XIV sur sa  » chaise d’affaires « . En d’autres termes, ils payaient 60 000 écus voire 100 000 pour rencontrer le roi sur sa chaise percée occupé à se soulager. Le roi se mettait en cette situation plus par cérémonie que par nécessité. Il semble que cet usage symbolisait l’accessibilité au Roi par tous. Le porte-chaise d’affaires avait acquis sa place 20 000 livres pour laquelle lui succédera son fils. Son salaire s’élevait à 600 livres, ni nourri, ni blanchi. Son rôle consistait à dissimuler les selles royales. Pas moins de 200 chaises d’affaires se répartissaient dans le château. À cette époque, on prêtait de l’importance à connaître l’état des selles, les médecins croyaient que les humeurs trahissaient l’état intérieur. L’expression  » Comment allez-vous ?  » signifiait initialement  » Comment allez-vous à selle ? « , ce qui était donc une façon de s’enquérir de la bonne santé de son interlocuteur. Sous Louis XV, les mœurs changèrent et le roi s’enfermait dans son  » cabinet d’affaires « .

Hygiène

Au XVIIe siècle les courtisans ne bénéficiaient pas de commodités fixes comparables à celles d’aujourd’hui.

De nombreuses mauvaises odeurs envahissaient par ailleurs le château :

  • les chevaux qui avaient galopé ainsi que la transpiration de leurs cavaliers.

  • les chèvres ou vaches que l’on amenait jusqu’aux appartements des princesses pour le lait.

  • les courtisans entassés qui se méfiaient de l’eau chaude que la Faculté considérait comme agent propagateur de maladies.

Pour masquer ces odeurs fortes, on parfumait la crasse de patchouli, de musc, de civette, de tubéreuse, etc. La diffusion des parfums se faisait par :

  • des soufflets

  • des pastilles à brûler.

  • des cassolettes contenant de l’eau de mille fleurs.

  • les gants parfumés que l’on se procurait chez le gantier parfumeur.

Les demoiselles masquaient leur mauvaise haleine avec des plantes aromatiques telles que cannelle, clou de girofle, fenouil, menthe, marjolaine, thym, pouliot, fleur de lavande ou mélilot. Madame de Sévigné décrivit la toilette de la duchesse de Bourbon qui se frisait et se poudrait elle-même tout en mangeant : « …les mêmes doigts tiennent alternativement la houppe et le pain au pot, elle mange sa poudre et graisse ses cheveux ; le tout ensemble fait un fort bon déjeuner et une charmante coiffure… « . Les poudres se dissimulaient dans les coffres à vêtement ou sur soi dans des sachets.

Un appartement de bain fut installé par Louis XIV en 1675 au rez-de-chaussée du château. À la fin de sa vie, le roi, surnommé le  » doux fleurant « , se parfumait à la fleur d’oranger et il fallait prendre garde en s’approchant de lui, à ne pas lui chagriner les narines avec un parfum qu’il ne supportait plus.

Selon les guides et conférenciers de Versailles, le roi se lavait tous les jours, l’après-midi en rentrant de chasse. Les salles de bains comportaient deux baignoires : l’une pour se savonner, l’autre pour se rincer. Le roi recevait pendant ses bains. Les cuves étaient en cuivre, tapissées de linge pour ne pas irriter la peau. Deux robinets pour l’eau chaude et froide étaient reliés à un énorme réservoir alimenté par des valets (appelés  » baigneurs-étuvistes « ) tous les jours. Au temps de Louis XIV, l’eau avait mauvaise réputation (il préférait pour son hygiène se frotter le corps avec un linge sec ou imbibé de vinaigre ou d’alcool, en toile – d’où le terme de toilette – tandis que Louis XV se faisait frotter avec un pain de Marseille), mais le château comptait de multiples salles de bain ; Louis XV en fit démolir plus de la moitié pour agrandir la chambre de sa fille. L’eau est extrêmement chaude, on se repose des  » fatigues du bain  » dans une autre pièce, la  » chambre des bains  » dans laquelle le roi se faisait masser et épiler. Les cheveux ne doivent pas être mouillés ; ils sont frisés au fer, coiffés pour être dégraissés. Il arrive que le temps manque pour la coiffure, alors on met la perruque. Les hommes se baignent nus, les femmes ont une chemise spéciale.

Les femmes aussi reçoivent pendant leur bain. Leurs femmes de chambre, les  » baigneuses  » préparent le  » bain de modestie  » (sachets de poudre d’amande, d’écorces d’orange, de racines d’iris parfumant le bain et assouplissant la peau), ;la baignoire en cuivre de Marie-Antoinette étant par exemple garnie de trois coussins remplis de plantes, l’un pour s’asseoir, les deux autres pour se frictionner. Elles le prennent le matin, le cérémonial de la toilette peut durer quatre heures pour la reine. C’est l’occasion de prendre des leçons de langue, de faire venir un professeur. Le bain n’est pas un moment de détente complète. Le petit déjeuner n’existe pas alors, les gens ont coutume de prendre une tasse de liquide chaud durant le bain. Marie-Antoinette prenait un thé au citron. Les femmes ne se mouillent jamais les cheveux elles non plus, elles les font peigner parfois pendant des heures pour les dégraisser. Pendant le bain, elles les attachent avec une toile plus ou moins volumineuse appelée charlotte. Les salles de bains sont des petites pièces étroites, des cabinets dont la porte est discrète dans les murs de la chambre.

Les vertus de l’eau étaient beaucoup moins reconnues au XVIe et au XVIIe siècle qu’au temps de Louis XVI. L’eau était soi-disant porteuse de maladie ; certains courtisans ne devaient pas avoir accès tous les jours à une salle de bains. Ainsi les gens pratiquaient la toilette sèche ; on changeait de vêtement six à huit fois par jour.

 

Mode

Mode masculine sous Louis XIV

Au début du règne, la mode masculine, encouragée par Louis XIV, changeait souvent, plus fréquemment que la mode féminine. On portait des rubans, jusqu’à 300 aulnes et aussi des bijoux. Le roi dansait fardé de rouge et de rose. Les hommes l’imitaient en se mettant de petits bouts de taffetas découpés en comètes, en étoiles ou en lunes.

La gent masculine portait également de fausses hanches, de faux mollets avec les bas, des attelles pour rectifier les épaules tombantes, mais elle portait aussi des chaussures à talons hauts pour éviter de se salir en marchant dans les rues boueuses des villes.

Justaucorps à brevet

Il s’agissait d’un habit brodé d’or et d’argent. Au temps de Mademoiselle de La Vallière, Louis XIV en distribua à ceux qui l’avaient accompagné de Saint-Germain à Versailles. C’est un honneur que d’en porter un mais qui ne donne droit à rien.

Perruques

Louis XIV avait de très beaux cheveux, mais à partir de 20 ans (à la suite de la typhoïde qui lui fit perdre ses cheveux), il dut se résoudre à porter la perruque. Néanmoins, il refusait qu’on les lui coupât entièrement. Des fenêtres pratiquées dans la perruque permettaient de mêler les vrais aux faux cheveux sans qu’il n’y parût. Monsieur Binet, le perruquier du Roi, demeurait rue des Petits-Champs à Paris . Il en créa de si extravagantes que naquit l’expression  » avoir une drôle de binette « . Les perruquiers avaient alors des escouades de coupeurs de cheveux qui sillonnaient les provinces pour en acheter, ou même pour raser les morts. Les plus estimés venaient du Nord.  » Je prélèverais toutes les têtes du royaume pour parer celle de Sa Majesté  » disait Binet.

Talons rouges

En 1662, Monsieur frère du roi, revenant du Carnaval au marché des Innocents à Paris crée involontairement une nouvelle mode à la Cour. Ses talons étaient devenus rouges, car c’est à ce marché qu’avait lieu la grande boucherie de Paris, un lieu d’abattage et d’équarrissage des bovins pour les bouchers parisiens. Ses souliers maculés de sang lancèrent une mode dès les jours suivants pour les nobles de la Cour qui adoptent des talons rouges pour leurs chaussures. Sur le tableau du sacre de 1701, Louis XIV est lui aussi vêtu de souliers avec des talons de cette couleur vive.

 

Mode féminine

Pendant longtemps, les femmes furent habillées par des tailleurs masculins, mais les couturières finirent par se faire reconnaître. Les plus connues furent Madame Villeneuve et Madame Charpentier.

La mode féminine quant à elle, était bien souvent dictée par les maîtresses royales. Les dames dépensaient alors sans compter pour leurs toilettes et affichaient leurs richesses sur la garniture de leurs jupes faites de brocarts d’or, damas, satin, velours, le tout surchargé de dentelles, passementeries, de prétintailles (découpes d’étoffes qui servaient d’ornement sur les vêtements féminins). Les falbalas (bandes d’étoffe froncées en largeur garnissant les toilettes féminines) firent leur apparition vers 1676 et les déshabillés, au sens de toilettes simples, non habillées, vers 1672.

Les pièces principales de la toilette féminine se composaient de robes ou jupes accompagnées de corsets (appelés  » grand corps « ), une quantité impressionnante de tissus, de bout d’étoffes, de dentelles que l’on fixait dans la journée avec des épingles. La jupe de dessus était large et laissait entrevoir d’autres jupes plus étroites que l’on portait en dessous. La première portait le nom de  » modeste « , la seconde était la  » friponne  » et la dernière se nommait la  » secrète « . Les deux jupes de-dessous étaient faites de tabis (sorte de moire de soie) ou de taffetas, celle du dessus par contre, était faites de velours, satins, soieries et autres moires. Cette dernière jupe était relevée légèrement sur le côté pour ainsi découvrir la seconde et se prolongeait par une traîne que l’on appelait  » manteau  » ou  » queue « . Cette traîne déterminait, selon sa longueur, le rang d’une femme. Ainsi, une duchesse avait une queue de cinq aunes, une princesse de sang de six, une petite-fille de roi de sept, une fille de France de neuf et le maximum était pour la reine qui voyait sa robe se pourvoir d’une traîne de onze aunes.

Le corset était une espèce de gaine, emboîtant la poitrine depuis le dessous des seins jusqu’à la dernière côte, s’arrêtant en pointe sur le ventre et fort serré à la taille. Il donnait un maintien extrêmement noble aux femmes, mais provoquait des accidents lorsqu’on le serrait trop. Il se voulait tantôt souple, tantôt rigide. Le décolleté, quant à lui, se voulait généreux, laissant entrevoir la naissance des seins, la forme ovale appartient au  » grand habit « , porté pour les cérémonies de lever par exemple, tandis que la forme carrée appartient à la  » robe à la française « , plus fantaisiste. Les manches étaient courtes et échancrées, parfois garnies de dentelles, appelées  » petits bonshommes « . Le soir, les robes se paraient de satins et autres brocards. Le corps décolleté était serré à l’extrême pour rendre la taille très fine. D’où les malaises et évanouissements répétés des femmes de la cour. On put distinguer dans les années 1630 plus de cinquante nuances pour les bas de ces dames. Des couleurs aux noms extravagants telles que :  » ventre de biche « ,  » veuve réjouie « ,  » trépassé revenu  » et autre  » baise-moi ma mignonne « 

Le XVIIe siècle se vit dépourvu de sous-vêtements. Le caleçon que Catherine de Médicis avait réussi à implanter au sein de sa cour fut vite délaissé, ne prenant quelque importance que lors de promenades à cheval. Une femme de qualité se contentait d’un jupon ou d’une chemise de toile fine, ornée de dentelle d’Alençon, seules les courtisanes portent des dessous plus variés. Avant et après Catherine de Médicis, la femme de grande comme de petite condition se trouva entièrement nue sous ses vêtements, et il fallut attendre trois siècles après le caleçon pour voir apparaître la petite culotte.

On vit les maîtresses de Louis XIV inventer la mode. Ainsi, Madame de Montespan lancera la robe pour femme enceinte. Une robe longue et sans ceinture que l’on appelait  » l’innocente « . Les coiffures quant à elles, fort sages vers 1660 avec la frisure à la  » Sévigné  » qui, consistait à se faire des boucles à l’anglaise et des frisures sur le front, devenaient de véritables œuvres d’art, allant au gré des tendances. La mode de  » la frisure à la Sévigné  » fut supplantée par l' » Hurluberlu « , puis ce fut le tour de la coiffure  » à la Fontanges « . L' » Hurluberlu  » par contre exigeait un grand sacrifice de la part des galantes de l’époque, puisqu’il fallait couper les cheveux de chaque côté du visage et d’étages en étages dont on faisait de grosses boucles rondes. La coiffure terminée, on s’enveloppait la tête avec une pièce de crêpe ou de taffetas que l’on surnommait la coiffe. Cette coiffe se devait d’être assortie au reste de la toilette, ou bien être noire. Dans ce cas, elle se nommait  » les ténèbres « . Par-dessus la coiffe, on posait deux cornettes, l’une faite de gaze et l’autre de soie (Les  » barbes pendantes  » sont deux tissus qui descendent du sommet de la coiffe, traditionnelle chez les femmes mariées).

Cette mode fut radicalement éclipsée en 1680 avec l’arrivée de la coiffure à la « Fontanges« . Mademoiselle de Fontanges, alors maîtresse de Louis XIV, galopant avec le souverain lors d’une partie de chasse, se prit les cheveux dans une branche d’arbre. D’un geste rapide, elle rattacha sa chevelure en la relevant sur le sommet de sa tête. Le roi, ébloui par cette vision, lui demanda de ne pas en changer. Le lendemain, la Fontanges était sur toutes les têtes. Une mode qui devait survivre plus de vingt ans après la mort de la jeune duchesse. Elle subit toutefois quelques modifications en prenant des tournures extravagantes, se bardant de fils de fer et prenant des hauteurs tellement démesurées que les armatures devaient être fixées par des serruriers. Par-dessus ces montagnes de cheveux, on plaçait la coiffe et les deux cornettes, bordées de dentelles plissées, soit à la Jardinière, soit à la Marly. On pouvait alors distinguer sur les têtes de ces femmes des coiffures portant des noms aussi extravagants que leurs échafaudages tels que : le dixième ciel, la souris, le mousquetaire ou encore le firmament… Sous Madame de Maintenon, la simplicité et l’austérité furent de rigueur.

Les coiffures redevinrent de simples chignons et étaient recouverts de mantilles. Les tailles s’alourdirent sous de grandes jupes à falbalas et les corsages furent moins ouverts, recouverts d’un petit nœud que l’on nommait  » tâtez-y « . Une quantité d’accessoires devenaient indispensables tels que les mouches. Selon un code bien précis, et l’humeur de la courtisane, une multitude de mouches aux messages significatifs étaient à sa disposition. Le magasin À la perle des mouches se situant rue Saint-Denis à Paris, offrait une grande collection de ces ornements, on y trouvait  » la passionnée  » qui se posait près de l’œil,  » la baiseuse  » au coin de la bouche,  » la coquette  » sur la lèvre, «  la galante  » sur la joue,  » l’effrontée  » sur le nez, ou encore  » l’enjouée  » sur une pommette,  » la discrète  » sur le menton,  » l’assassine  » sous l’œil,  » la tendre  » sur le lobe de l’oreille, et pour terminer,  » la majestueuse  » sur le front.

Parmi les autres éléments indispensables, il y avait les gants, d’Espagne de préférence. Ces derniers se devaient d’être fendus sur la main, ornés de dentelle d’or et délicatement parfumés, et devaient avoir été fabriqués dans les trois royaumes : la peau en Espagne, la taille en France et les coutures en Angleterre.

Les écharpes de taffetas garnie de dentelles protégeaient de la pluie, Les manchons eux se portaient par temps froid. On en trouvait en satin, en peluche ou, plus souvent en fourrure. Rue Dauphine à Paris, se trouvait la Boutique du grand monarque. C’est là que les grandes dames de la cour se fournissaient en petits manchons en fourrure de chat, de chien gris, de castor, de loutre, voire de léopard. Le summum de la mode était de tenir caché un petit chien qui devait passer son museau sur le côté du manchon…

Les éventails protégeaient de la chaleur, mais on ne les ouvrait pas en présence du souverain. Différentes modes furent lancées. On vit des éventails  » à la siamoise  » représentant des figures de magots (figures grotesques) et peints sur fond or. Sous Louis XV, certains éventails prirent le nom de  » lorgnette « , ils étaient entièrement décorés de chinoiseries arborant de jolies pagodes. Pour terminer, une femme de qualité ne sortait jamais sans son masque de velours. Enfin, robes, manches, etc., tous les composants du vêtement sont démontables, amovibles. On change la composition d’une robe très souvent dans la journée, les bijoux deviennent boucle de souliers, puis broches… Les dentelles sont si coûteuses qu’elles font partie de l’héritage d’une femme, on les porte avec soin. Elles sont blanches au début, puis la couleur crème s’installe dans la mode. Certaines robes ne peuvent être portées qu’une fois, alors on  » recycle  » le tissu en meuble, ou en manche. La mode de Louis XIV à Louis XVI, voit le jupon, le  » panier « , s’élargir de plus en plus sur les côtés et s’aplatir sur le devant.

Maquillage

Le visage était recouvert de blanc. On pensait que les produits blancs donnaient une peau blanche. Le blanc évoquait la virginité et donnait l’illusion d’un visage pur, exempt de toute tache, de toute cicatrice, et dissimulait les rougeurs, les couperoses et les dermatoses provoquées par la nourriture très épicée et par les vins capiteux. La blancheur du teint était également un signe d’oisiveté et donc de richesse. Les dames se mettaient aussi parfois une quantité impressionnante de mouches (petites rondelles de taffetas noir disposées sur le visage et destinées entre autres à cacher les impuretés tels que les boutons, les petites rougeurs, les grains de beauté…), toujours pour faire ressortir la blancheur de leur teint. Les précieuses se blanchissaient et évitaient, lors des promenades, le bronzage en portant un masque qu’elles maintenaient par un bouton entre les dents, ce qui évitait la conversation.

Une couleur marque l’apogée de cette illusion : le rouge. Le rouge était la marque du pouvoir aristocratique. Quand une femme voulait séduire, elle ajoutait du rouge sur les joues. Dès 1673, toutes en portaient.

Sous Louis XIV, le fard devint le symbole de l’amour, de l’émancipation, mais aussi de l’adultère, de l’impudeur. Les femmes se fardent à l’extrême, surchargées de blanc et de rouge. Toutes les gammes de rouge explosent agressivement. Les cosmétiques de l’époque se composent de céruse, du sublimé, du rouge d’Espagne, du vinaigre distillé ou de l’eau de fleur. La céruse est de l’oxyde de plomb (produit extrêmement toxique) que l’on poudrait sur le visage, le cou, parfois les bras et la naissance de la gorge. Au début du XVIIIe siècle, les précieuses fabriquaient elles-mêmes leurs fards.

Sources :

  • https://chateauversailles-recherche.fr/francais/ressources-documentaires/corpus-electroniques/corpus-raisonnes/l-etiquette-a-la-cour-de-france

  • https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Us_et_coutumes_à_la_cour_de_Versailles

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