LE MANEGE






Sans remonter à la plus haute antiquité, il s’est avéré que l’homme, devant les limites de sa force physique, a recherché tout ce qui pouvait l’aider dans son travail. Il a su faire de l’eau une alliée qui animait de nombreux artifices. Et bien vite, il a su utiliser le concours des animaux que l’on appelle à juste titre « domestiques » : n’est-ce pas grâce à eux et pour eux qu’il inventa le manège à usage agricole actionnés par des chevaux ou des bœufs …

Les tous premiers manèges furent construits en bois et cela, durant de nombreux siècles. On ne pouvait les transporter et leur usage était bien défini…

Il fallut attendre 1840 pour voir apparaître les premiers manèges en fonte. En effet, la modernisation des hauts-fourneaux permit d’obtenir la fonte liquide ! Une seconde fusion et un moulage adéquat rendirent possible la création de nombreux manèges. Ceux-ci montés sur roues, possédaient l’énorme avantage d’être transportés d’une maison à l’autre et, surtout, d’être utilisés pour différentes fins : batteurs, broyeurs, moulins. Ces manèges en fonte, remplacés peu à peu, au début du siècle, par les « locomobiles », en possédaient déjà bien les avantages : ils actionnaient l’ancienne batteuse à bras, « le mécanique », avant de mettre en route les premières batteuses modernes de l’époque.

C’est vers 1870, avec la vulgarisation du manège, que disparut le battage du blé aux « fléaux ». Puis la locomobile à vapeur fut utilisée à partir de 1905, en plaine tout d’abord.

Dans l’agriculture, la machine à vapeur s’était rapidement répandue aux USA et en Grande-Bretagne. Mais en France, où la propriété était très morcelée, faute de capitaux, on en avait beaucoup moins. Et ces machines étaient utilisées surtout pour le battage des céréales.


Cependant, nos campagnes avaient besoin de petits moteurs car elles manquaient de bras. Ces moteurs, c’étaient les manèges. « Les manèges sont employés dans presque toutes les exploitations rurales, dans quelques-unes cependant, ils tendent à disparaître pour être remplacés par les locomobiles à vapeur ».

L’amélioration des routes et des chemins de montagnes lui permit d’atteindre les hameaux les plus escarpés vers 1914, mais la pénurie de charbon, durant la Première Guerre mondiale, redonna une certaine vie aux manèges. Les réquisitions sévères de céréales qui frappaient les cultivateurs les poussèrent à remettre en marche le « mécanique » pour battre une partie de leur récolte.

Certaines communes de montagnes, en cas d’urgence, dans l’impossibilité d’attendre le passage de la batteuse, l’utilisaient encore pour battre les semences les plus urgentes. Mais, un fois l’électricité installée un peu partout, il faut bien reconnaître que le manège perdit sa raison d’être : il fut abandonné, lui, le fidèle serviteur de jadis et, parfois même, vendu aux ferrailleurs.

Les divers manèges découverts au fond des remises ou chez les ferrailleurs portent la marque d’artisans locaux. Les modèles, créés par eux, étaient coulés dans les fonderies de la région.

Un modèle construit jusqu’au début du siècle, par un artisan différait des autres manèges par la transmission, la « dagne », qui, contrairement aux autres modèles tournait au-dessus des animaux. C’était le modèle dit « à cheminée ».

Le souvenir de ces artifices a déjà à tel point disparu, que plusieurs personnes interrogées n’ont pu donner un nom aux pièces de manèges abandonnées comme dans un tombeau, dans les buissons d’orties qui entourent la ferme…



Une petite batteuse à égrainer, actionnée par un manège mécanique à engrenage multiplicateur, entraîné par des chevaux qui tournaient en rond.



Un manège à l’arrière-plan



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