LES DU PUY-MONTBRUN



La famille du Puy-Montbrun








La famille du Puy-Montbrun ou Dupuy-Montbrun, originaire du Dauphiné, est une ancienne famille noble d’extraction chevaleresque dont la filiation suivie remonte à 1267 et qui s’est éteinte en 1871. Elle portait le nom « du Puy » et possédait la seigneurie de Montbrun dans la Drôme, d’où le patronyme « du Puy-Montbrun ». Elle a donné à la France des capitaines illustres, et à l’Eglise protestante deux de ses plus intrépides défenseurs. Son nom est devenu célèbre à partir du XVIe siècle par l’un de ses membres, le capitaine calviniste Charles du Puy-Montbrun, appelé aussi Dupuy-Montbrun et le brave Montbrun, d’abord catholique ardent devint après un séjour à Genève, sous l’influence de Théodore de Bèze, un huguenot fanatique. Général en chef des calvinistes.

Cette famille du Puy est originaire de Peyrins en Dauphiné. Elle présente une filiation ininterrompue depuis Alleman du Puy, chevalier, seigneur en 1267 de Montbrun et de Reilhanette en Dauphiné, fils d’Hugues et d’Emessende. Il laissèrent deux fils: Alleman, auteur de la ligne aînée de Rochefort, et Bastel auteur de la ligne cadette de Montbrun.

La famille du Puy-Montbrun a formé deux branches :

  • La branche aînée, des seigneurs de Rochefort, dite « du Puy-Rochefort », appelée marquis du Puy-Montbrun par agrément du roi après l’extinction en 1741 de la branche cadette des seigneurs de Montbrun . Cette branche fit ses preuves depuis 1267 devant Chérin en 1787, fut admise aux Honneurs de la Cour le 26 janvier 1788 et comparut à Montélimar et Grenoble en 1789. Elle s’est éteinte en 1871, avec Raymond du Puy-Rochefort (1783-1871), sans postérité masculine et dernier de son nom.
  • La branche cadette des seigneurs de Montbrun, dite « du Puy-Montbrun », dont le chef portait le titre de marquis de Montbrun depuis 1620. Elle était protestante et s’éteignit en 1741

 

 

Le père Aimar Du Puy-Montbrun

 

Le premier membre de cette famille qui ait francisé son nom, était l’un des trente-deux enfants, dont la moitié de garçons, que Falquet ou Faulquet du Puy, seigneur de Montbrun, eut de son mariage avec Louise d’Eurre-Mollans, à ce que raconte le chroniqueur Aymar du Rivail, qui nous apprend en outre que les auteurs de cette nombreuse famille habitaient Mévouillon, où il les vit en 1524, lorsqu’il allait à Mourmoiron, pour y épouser la belle Margonne de Girard. D abord page du duc de Savoie, Aymar du Puy prit ensuite part à la conquête du royaume de Naples par Louis XII; puis, ayant pris du service dans l’armée que l’empereur Charles-Quint mena en Afrique en 1535, il entra, dit-on, le premier dans Tripoli, lors de la prise de cette ville. Revenu en France, on le chargea de faire l’éducation militaire d’Honorat de Savoie-Tende, marquis de Villars, ce dont il s’acquitta si bien qu’il obtint aussitôt après un commandement dans la forteresse du Mont-Saint-Michel, puis fut commissaire de la cavalerie en Provence et en Languedoc, ensuite gouverneur de Marseille et du château d’Amboise et, finalement, lieu-tenant de roi en Provence, sous le gouvernement du marquis de Villars, son ancien élève, qui l’aimait et l’estimait beaucoup. Etant avec cela capitaine de cent hommes d’armes, il combattit vaillamment à Cérisoles (14 avril 1544) et se distingua encore dans vingt autres circonstances, notamment devant Parme, devant la Mirandole et devant Quiers, jusqu’à ce que ses blessures ou ses infirmités l’ayant contraint à déposer les armes, il repassa les Alpes en 1551, laissant la conduite de sa compagnie et celle de son fils à son lieutenant Bernardin du Mottet, et vint mourir en Dauphiné.

Marié, suivant contrat en date du 7 octobre 1525, avec Catherine Parisot de la Valette, nièce du grand maître de Malte de ce nom, il laissa,entre autres enfants, trois fils dont l’aîné fut  » le brave Montbrun  » et dont les deux autres, entrés l’un et l’autre dans l’ordre de Malte, périrent, le premier du.nom de Pompée, assassiné sur le port de Marseille, et le plus jeune, Didier, tué devant Zoara en 1552. Ajoutons qu’il résulte du dénombrement par lui fourni devant les commissaires de la Chambre des comptes de Dauphiné, en 1541, que le revenu de ses terres et seigneuries de Montbrun, Ferrassières, Vergaux, Château-Reybaud, Cottignat, Aguillan et Reilhanette, était de 400 livres par an et qu’il y avait 140 familles de vassaux.



Le fils Charles du Puy-Montbrun



 » … Puis il y a eu les guerres de religion, année sanglante, où les hommes se battaient pour le même Dieu « …



 



Le chef de cette famille, à l’époque de l’introduction de la Réforme dans le Dauphiné, était Charles Du Puy-Montbrun dit  » le brave « , fils aîné d’Aimar Du Puy-Montbrun, seigneur de Montbrun en Provence (1485-1551), lieutenant du roi en Provence, gouverneur de Marseille, et de Catherine de La Valette-Parisot (†1548), naquit probablement au château de Montbrun, vers 1535, (ou 1530) et fit ses premières armes avec distinction en Italie, sous François 1e,r dans la compagnie de son père, dont il fut nommé guidon par le maréchal de Brissac, en 1551; le capitaine de cette compagnie était alors Bernardin du Mottet, avec qui il guerroya pendant six ou sept ans, soit en Italie, soit en Flandre. Chorier raconte que, de retour en Dauphiné vers 1558, la nouvelle qu’une de ses sœurs, que l’on croit être Jeanne du Puy, femme de Gaspard de Theys, seigneur de Clelles, s’était retirée à Genève pour y pratiquer la Réforme, le transporta d’une telle colère, qu’il la rejoignit aussitôt avec l’intention de la ramener à la foi de ses pères ou de la tuer; mais cette sœur étant alors entrée «  en discours avec luy, le tourna avec tant d’artifice et de souplesse, qu’elle le gagna « . D’autres disent que ce sont les prédications de Théodore de Bèze qui le séduisirent. En tout cas, revenu à Montbrun, il n’eut rien de plus pressé que d’y interdire l’exercice du culte catholique et d’y établir un prêche, avec l’aide d’un pasteur Pierdouin; après quoi il contraignit «  ses subjects, à coups de baston, d’aller ouïr ce dernier « , dit Chorier, ce qui était aussi conforme à son caractère qu’à l’esprit du temps. Dans sa ferveur de néophyte, Montbrun se fit l’apôtre de la religion qu’il venait d’embrasser, et s’il faut en croire les écrivains catholiques, son zèle ne se manifesta pas seulement par des exhortations et des remontrances.

Puis, comme il n’est pas douteux que des rêves d’indépendance féodale le hantaient singulièrement plus que le souci des querelles théologiques, il fortifia son château, arma ses paysans, appela des soldats étrangers et les gentilshommes ses voisins et ses proches, enfin, se mit en état de révolte ouverte. Que son prosélytisme ait été plus ou moins impétueux, le parlement de Grenoble, décidé à y mettre un terme, lui ordonna, en 1560, de venir rendre compte de sa conduite, notamment à Montélimar, où il avait soutenu de tout son pouvoir François de Saint-Paul, prêchant publiquement dans l’église des Cordeliers. Montbrun se garda d’obéir; il se contenta d’écrire à Grenoble pour réclamer le bénéfice des édits. Le parlement irrité chargea le prévôt des maréchaux d’aller le saisir dans son château et de l’amener mort ou vif. La commission était difficile à remplir, et Marin Bouvier s’en acquitta fort mal, car Montbrun le prit lui-même avec toute son escorte et le jeta dans les prisons de son manoir.; et la Motte-Gondrin, lieutenant général en Dauphiné, l’ayant alors mis en demeure de relâcher son prisonnier, il n’en tint pas de compte. C’était un acte flagrant de rébellion, Montbrun ne pouvait se le dissimuler; aussi accueillit-il avec empressement les propositions qu’Alexandre Guyotin (ou Guillotin), homme de lettres de Valréas, vint lui faire de la part des Protestants du Comtat-Venaissin. Il s’agissait de les rétablir dans la possession de leurs biens dont ils avaient été dépouillés par le légat apostolique. Il fut arrêté que Montbrun s’emparerait de Malaucène, Où se trouvait l’arsenal du pape, tandis que Guyotin se saisirait de Vaison, où il avait des intelligences. Le 6 août 1560 fut choisi pour le jour te l’exécution. Une maladie dont Guyotin fut attaqué l’empêcha d’agir, en sorte que Malaucène seule tomba au pouvoir des. Huguenots qui la livrèrent au pillage. Hors d’état de résister à Montbrun dont les forces s’accroissaient de jour en jour, le légat eût recours à La Motte-Gondrin qui somma le Capitaine dauphinois de vider les terres de Sa Sainteté. Montbrun répondit qu’il était volontairement sorti du royaume afin de détruire les calomnies semées contre lui, et qu’il s’était retiré dans le` Comtat-Venaissin, comme il avait pu le faire légitimement, appelé qu’il avait été par les habitants pour leur défense. Il se montra également sourd aux instances du cardinal de Tournon, oncle de sa femme, en sorte que La Motte-Gondrin se décida à l’assiéger. La Motte-Gondrin marcha contre le rebelle, dont le parlement de Grenoble ordonna de saisir les biens, et la situation de Montbrun se trouvait être ainsi des plus difficiles, quand, grâce à l’intervention du cardinal de Tournon, on convint de tout oublier, s’il rentrait clans le devoir, les partisans des doctrines de Calvin ayant un an pour se défaire de leurs biens et sortir du royaume. Les échecs qu’il subit le déterminèrent bientôt à entamer des négociations. Montbrun, voyant ses soldats abandonner par troupes son drapeau pour se joindre au jeune Maligny et à Mouvans qui préparaient leur entreprise sur Lyon, accepta les conditions offertes par le lieutenant du roi en Dauphiné. L’accord portait que les Protestants du Comtat et du Dauphiné auraient un an pour disposer de leurs biens et sortir du royaume ; que les prisonniers seraient rendus de part et d’autre, et qu’une amnistie pleine et entière serait accordée à tous les insurgés.

Malheureusement ce ne fut là qu’une paix de quelques jours, quoique garanti par la noblesse du Dauphiné, ce traité fut violé. Après d’inutiles plaintes, et à la suite de certaines violences exercées contre les soldats qu’il venait de licencier, Montbrun, menacé lui-même dans sa liberté et dans sa vie, se vit forcé de reprendre les armes, et, on doit le dire, il fit cruellement expier aux prêtres catholiques la violation de la foi jurée. A la tête de 20 hommes seulement, il se rendit maître de plusieurs châteaux dans son voisinage. Dès le mois suivant il s’emparait d’Orpierre, où l’on massacra les prêtres. Un ordre du roi, en date du 17 août, enjoignit à La Motte-Gondrin., de le poursuivre sans relâche et de le châtier de telle sorte que son exemple. servit de leçon. La Motte marcha donc contre Montbrun avec des forces imposantes; mais il tomba, dans une embuscade si bien dressée que pas un homme de sa troupe n’aurait échappé sans la précipitation de quelques jeunes gens. qui, impatients de combattre, n’attendirent pas l’ordre de leur capitaine pour commencer le feu. La Motte effrayé battit en retraite, mais celui-ci le mit après en échec.

Cependant Montbrun qui ne pouvait se flatter de l’espoir de soutenir longtemps seul l’effort de tous ses ennemis, résolut, de profiter de leur effroi pour passer en pays étranger avec sa femme et un jeune avocat de Grenoble, nommé Matthieu d’Autrine par Bèze et La Popelinière, d’ Antoine, Anthonian ou Saint Antoine par d’Aubigné, lequel s’était montré jusque là le plus fidèle de ses partisans. Le loyal capitaine pouvait-il deviner un traître sous le masque d’un ami dévoué ? A peine fut-il arrivé au Buis qu’il fut assailli dans son hôtellerie par une troupe de sicaires commandés par Matthieu: Il parvint à leur échapper, et, déguisé en paysan, il se réfugia à Mérindol, où, sa femme trouva. le moyen de le rejoindre après avoir été dépouillée de tout ce qu’elle possédait par un certain d’Antoine ou d’Antoine, qui l’accompagnait. De là, à travers, les plus grands périls, les deux époux gagnèrent gagnèrent péniblement la Savoie et Genève, pendant que La Motte-Gondrin se vengeait de son échec, en faisant raser leur château à la lin du mois d’octobre.

De Genève, Montbrun se rendit à Berne où il séjourna jusqu’à l’explosion de la première guerre civile. Quand le bruit des succès de des Adrets le ramena en France. Il se mit sous les ordres de Des Adrets qui l’envoya à Carpentras dans le but d’y pratiquer des intelligences ; mais reconnu par les habitants, il fut assailli par eux et obligé de fuir. Ayant rejoint à Valence le farouche baron, il l’accompagna à Lyon, d’où on l’envoya avec 500 arquebusiers, à Chalon-sur-Saône, accompagné des capitaines La Grange et Saint Vincent, il entra la nuit du 22 au mai 1569, dans cette citée dont les Huguenots s’étaient rendus les maîtres. Au rapport de P. Perry, il souffrit que ses gens y commissent  » de furieux et épouvantables désordres  » de la part de ses soldats et dont il dépouilla les églises (23 mai 1562); après quoi il abandonna cette ville, de nuit, ce dont le blâment de Thou et Th. de Bèze.

En effet, conformément aux ordres de Condé, qui. assurément ne faisait que suivre les lois de la guerre en imposant à ses ennemis la charge de l’entretien de son armée, Montbrun fit saisir les ornements du prieuré de Saint-Marcel et de l’église de Saint-Vincent, mais il eut soin, de l’aveu du bon Père, de faire dresser un inventaire des reliquaires par deux officiers de justice qui professaient la religion catholique, et de les faire estimer par des orfèvres, en présence de son ministre La Motte. Il est vrai que le jésuite ajoute, sans en fournir toutefois aucune preuve, qu’il s’appropria toute cette argenterie, mais il se montre vraiment, trop passionné, pour qu’on l’en croit sur parole. Montbrun désarma ensuite les catholiques. C’était une mesure de précaution commandée par la prudence la plus vulgaire, puisque Tavannes marchait contre lui à la tête des milices de la Bourgogne. Lorsque les coureurs ennemis parurent sous les murs, La Grange sortit avec quelques cavaliers pour les repousser; mais, tombé dans une embuscade, il fut rapporté mortellement blessé. Il Mourut la nuit même, et fut enseveli dans l’église de Saint-Vincent.  » Néant-moins raconte l’historien de Châlons, sa carcasse n’y demeura pas longtemps; elle en fut donc tirée par la populace catholique, qui la traisna par la ville et sur le pont de Saône, d’où elle fuit jettée dans la rivière  » . Et ces mêmes prêtres, qui applaudissent à cette violation de la sainteté du tombeau, osent faire aux Huguenots un crime d’avoir en quelques endroits où ils étaient les maîtres, suivi l’exemple que leurs ennemis leur donnaient !

La mort de ce.vaillant capitaine affligea beaucoup Montbrun; il regretta d’autant plus vivement cette perte inutile que, convaincu de l’impossibilité de défendre, avec la poignée de soldats qu’il avait sous ses ordres, une ville d’une aussi grande étendue que Chalons; les Protestants étaient en faible minorité,il avait déjà pris. la résolution de l’évacuer avec ceux des habitants qui voudraient le suivre. Quelques-uns ne purent se résoudre à abandonner leurs foyers; mais ils payèrent cher leur imprudence, tous  » furent, tant au dedans qu’an dehors de la ville, taillez en pièces.  »  Quelques écrivains protestants ont blâmé Montbrun de cette retraite précipitée, et comme, de leur aveu, il était impossible de l’attribuer à une cause suspecte; vu  » qu’il à toujours montré trop de cœur et de loyauté « , ils ont supposé qu’il avait reçu de fâcheuses nouvelles du Dauphiné. Pour nous, nous croyons qu’il avait parfaitement jugé sa position, et qu il n’a obéi qu’à la voix de là prudence.

Montbrun rentra donc en Dauphiné et porta la guerre dans le Comtat-Venaissin, théâtre de ses premiers exploits. Revenu en Dauphiné avec des Adrets, il prit part au siège de Pierrelatte, dont la garnison fut, on le sait, précipitée du haut des murailles, le 7 juin, et, dix-sept jours après, il enjoignait à tous hommes capables de porter les armes, de prendre du service, «  sur peine d’estre pendus et estranglés et leurs biens confisqués sans aucun espoir de grace  » ;

Il attaqua Mornas dont la garnison était composée des plus féroces d’Orange. La ville fut emportée d’assaut (8 Juillet), et tous cesinfâmes brigands massacrés sans pitié par les Orangeois, échappés à la ruine de leur patrie, qui s’animaient au carnage, au cri de Pague Ourenge ! Pague Ourenge ! Les cadavres, attachés à des perches, furent jetés dans le Rhône, avec cet écriteau :  » Péagers d’Avignon, laissez passer ces bourreaux, ils ont payé le tribut à Mornas « . Montbrun essaya vainement d’arrêter ce que La Pise appelle une insolence militaire, et ce qu’on pourrait peut-être qualifier plus justement de légitimes représailles.

De là, Montbrun marcha sur Bollène dont la population s’enfuit à son approche, et, pendant que Des Adrets marchait sur Grenoble, il s’empara de Montdragon et repoussa vigoureusement, le 19 juillet, une attaque du comte de Suze qui le battit à son tour, devant Valréas, quatre jours après, et si complètement, que l’armée huguenote perdit alors 1500 hommes et 5 drapeaux. Le capitaine André, qui y commandait à Valréas, ayant abandonné lâchement son poste, la ville fut prise et livrée au pillage, le 24 juillet et Des Adrets étant accouru avec sa rapidité merveilleuse, les deux chefs huguenots mirent dans une déroute complète l’armée ennemie, et lui prirent toute son artillerie. Le 28 il était avec des Adrets devant Carpentras, dont il fallut lever le siège au bout de quatre ou cinq jours, et il se mit ensuite en route pour secourir Sisteron assiégée. Sénas et Mouvans, assiégés dans Sisteron, envoyaient à Des Adrets lettre sur lettre pour demander du secours. Le baron fit partir en avant Montbrun, tandis que lui-même, soit pour opérer une diversion, soit pour exposer par son abandon les Huguenots à une défaite, et se venger ainsi de l’affront qu’il croyait avoir reçu, entra dans le Comtat-Venaissin. Montbrun se mit en route; mais arrivé à Lagrand. le 2 sept. il. se trouva en présence de l’armée catholique commandée par Suze, « il se jette sur lui avec fureur, lit-on dans l’histoire de Sisteron, mais il éprouve une résistance qu’il avait cru sans doute prévenir par son impétuosité et dont l’effet inattendu ne fit dès lors que préparer sa défaite. Montbrun pliait déjà, lorsque la cavalerie de Sommerive, arrivant, lui fit un grand carnage et lui laissa à peine le temps de se sauver en toute hâte à Orpierre, abandonnant plus de neuf cents des siens sur la place, son bagage, ses munitions et son artillerie « . De Serres réduit la perte des Protestants à 450 hommes.; mais qu’importe le plus ou moins de sang répandu ; cela ne change rien au fatal résultat de cette défaite. Sisteron fut pris, et le parti protestant resta longtemps écrasé en Provence.

Montbrun gagna Beaurepaire, où il fut investi par la cavalerie de Nemours; mais, profitant d’une nuit obscure, il perça les rangs ennemis et se retira à Romans pour y surveiller des Adrets devenu suspect à son parti,. Quelque temps après, les Protestants ayant acquis la preuve de la défection de Des Adrets, le chargèrent avec Mouvans et Cléry d’arrêter le traître, ce qui fut fait le 10 janv. 1563 sur l’ordre du comte de Crussol, alors gouverneur du Dauphiné pour les huguenots, il prit ensuite part à l’assemblée que la noblesse protestante dauphinoise tint à Valence, du 27 janvier au 6 février suivants, et dans laquelle on établit, pour le fait de la guerre, un conseil de direction dont il fut appelé à faire partie. Cette assemblée décida encore que le commande-ment militaire de la province serait désormais partagé entre Pape de Saint-Auban, Mirabel Furmeyer et lui Montbrun ; mais il est peu vraisemblable qu’on l’ait alors spécialement chargé du commandement du Viennois-Valentinois, comme on l’a dit, attendu que, le 22 du même mois de février, il s’intitulait  » lieutenant de M. le comte de Crussol et Tonnerre, lieutenant général pour le roi-dauphin au pays de Dauphiné, Provence et comte de Venisse « , en tête d’une ordonnance datée de Bollène et concernant cette ville. Dans le même temps, cet intrépide capitaine tenta, mais en vain, de s’emparer d’Orange par surprise, ce qui, joint à la promulgation de la paix d’Amboise (19 mars 1563), le rejeta pour longtemps dans l’inaction; car ce n’est qu’après un repos forcé de cinq ans, que Montbrun alla prendre à Genève le commandement d’un corps de troupes que l’on voulait opposer au duc d’Albe, allant par la Savoie dans les Pays-Bas pour y réduire les religionnaires, et qui ne put que le suivre jusqu’en Lorraine, où l’on tenta mais inutilement de surprendre la ville de Metz. C’était au mois d’août 1567.

La paix de Longjumeau ne dura, on le sait, que quelques mois. La guerre s’étant rallumée, Montbrun reprit les armes, traversa le Rhône malgré les efforts de Joyeuse, allait avec d’autres troupes au secours des protestants du Languedoc.

Dans la seconde guerre. civile, il conduisit à d’Acier, au. mois de nov.1567, un secours de 6 à 700 hommes et l’aida puissamment à repousser les attaques de Joyeuse contre Montpellier. Sismondi raconte que, dans le printemps de cette même année les magistrats de Genève, effrayés de l’approche du duc d’Albe, avaient écrit au prince de Condé pour lui demander de protéger le sanctuaire de la Réforme, et que le prince y avait fait passer Montbrun avec une vaillante trompe de Huguenots du Lyonnais et du Dauphiné. L’historien ajoute que le duc d’Albe ayant traversé la Savoie sans molester Genève, Montbrun était entré en Bourgogne et avait côtoyé l’armée espagnole jusqu’à Metz qu’il avait failli surprendre, et que le propos inconsidéré d’un de ses soldats ayant dévoilé son stratagème, il s’était porté sans bruit sur Rozoy, par ordre de Condé et de Coligny. Mais il est difficile d’admettre que Montbrun, eût-il possédé l’activité inouïe du baron Des Adrets, ait assisté presque dans le même temps à l’audacieuse entreprise de Monceaux et à la prise de la citadelle de Montpellier. On ne trouve d’ailleurs son nom cité nulle part parmi ceux des chefs qui combattirent sous les ordres immédiats de Condé dans cette guerre; et certes c’était un personnage d’une très haute importance, pour que les historiens eussent tous oublié de le mentionner, quand ils en citent tant d’autres moins illustres par leur naissance et leurs services. Ce qui achève de nous persuader que Sismondi a été induit en erreur, c’est. que les Actes du Conseil de Genève ne parlent pas non plus de Montbrun, mais de Mouvans. On y lit sous ta date du 14 avril 1567  » M. de Mouvans est envoyé ici pour offrir au Conseil, de la part des églises de France, tous les secours possibles et jusqu’à mille hommes à leurs propres dépens « . Sous celle du 22 avril : «Amblard Corne est établi colonel de toutes les compagnies françoises, et le sieur de Mouvans son lieutenant: » Enfin sous celle du 14 juillet : «  L’on a amplement remercié le sieur de Mouvans commandant des compagnies françaises « » Et pas un seul mot du seigneur de Montbrun.

Puis il combattit vaillamment à Jarnac, à La Roche-Abeille et à Moncontour. Il fit, à la tête de dix enseignes ou compagnies d’infanterie et une de cavalerie, cette malheureuse campagne de Saintonge, qui vit l’armée huguenote de Condé et de Coligny écrasée à Jarnac et à Montcontour, et dans laquelle périrent tant de Dauphinois.

Après la perte de cette dernière bataille, il fut envoyé à Angoulême avec les débris de son régiment; cependant, dès le mois d’octobre, il se mit en route, accompagné de Mirabel, Verbelay, Quintel, pour retourner dans le Dauphiné et y lever de nouvelles troupes. Leur retraite, dit Chorier, fut une témérité, mais une témérité héroïque. Montbrun n’avait sous ses ordres que 400 chevaux environ et quelque infanterie. Arrivé à Souillac, il trouva la Dordogne tellement gonflée par les pluies qu’il fut impossible de la traverser à gué. Il fallut perdre des instants précieux à se procurer des bateaux; encore, faute d’un nombre suffisant de barques, le passage s’effectua-t-il si lentement, que les garnisons catholiques des villes voisines eurent le temps de se rassembler et de tomber sur l’arrière-garde. Beaucoup furent tués ou noyés, quelques-uns, comme Quintel, Mormoiron du Comtat, le médecin Le Merle et Sanas du Haut-Vivarais, faits prisonniers ; le reste atteignit Aurillac dont le capitaine Bessonie, appelé par d’autres La Bessonière, s’était emparé. Verbelay y fut installé comme gouverneur, et Montbrun, attaqué d’une fièvre continue, fut obligé de s’y arrêter aussi; mais il n’attendit pas sa guérison pour poursuivre sa route.

Parti de sa province vers la fin de 1568, Montbrun n’y rentra que le 28 mars 1570, ayant fait à travers l’Auvergne et le Vivarais  » une retraite dont l’histoire eût tenu compte aux jours moins remplis d’événements « , dit le docteur Long; et bien que ne ramenant avec lui que des débris, il fit encore des prodiges au passage du Rhône défendu par de Gordes.

Il arriva heureusement à Aubenas , et, au commencement de mars, il avait déjà rassemblé 2000 hommes du Vivarais à la tête desquels il résolut de forcer le passage du Rhône défendu par Gordes. Grâce à son courage et à l’industrie de Pierre de Briançon, cette entreprise réussit. Pendant que le fort Saint-Ange se construisait, il se chargea de protéger les travailleurs avec environ 120 pistoliers commandés par Lussan, lieutenant de Saint-Romain, et cinq enseignes d’arquebusiers, sous les ordres du capitaine Piedgros. Instruit de ce qui se passait, Gordes se mit en devoir de rejeter les Huguenots sur l’autre rive du fleuve; mais il fut battu, le 27 mars 1570, et, bien que blessé dans le combat, Montbrun, profitant de sa victoire, se saisit de Loriol; puis il retourna au Pouzin pour se faire panser. Ce fut sur ces entrefaites que l’armée des Princes arriva dans le Vivarais. Après la prise de Grane, confia à Montbrun la garde de cette place où il laissa une partie de son artillerie. Il se trouva ensuite au siège de Montélimar par Coligny et Ludovic de Nassau (mai 1570). A peine Coligny s’était-il éloigné que les Catholiques mirent le siège devant Loriol. Malgré la courageuse défense de Rochefort, d’autres disent de Mirabel, la ville allait être obligée de se rendre faute de vivres et de munitions, lorsque Montbrun réussit à y faire entrer cinquante paysans chargés de poudre et de farine, secours qui la mit en état de résister aux efforts de l’ennemi jusqu’à la conclusion de la paix.

Montbrun n’assista pas aux noces du roi de Navarre; il vivait depuis lors retiré dans ses terres du Dauphiné lorsque la nouvelle de la Saint-Barthélemy y arriva et lui remit les armes en main, excitant ses justes ressentiments. Repoussant les avances de Gordes, fermant l’oreille à ses flatteries, dédaignant ses brillantes promesses, le brave capitaine passa l’hiver à courir de château en château, accompagné de quelques ministres, pour ranimer le courage de ses coreligionnaires.

Ayant auparavant noué de nombreuses intelligences, tant en Languedoc qu’en Dauphiné et dans le Comtat, il sortit de sa retraite, le 6 avril 1573, menant avec lui 200 hommes de pied et 18 cavaliers, appelant aux armes ses anciens compagnons de guerre, qui se joignirent aussitôt à lui et, si ses premières entreprises ne réussirent pas, la fortune finit par lui sourire. dans l’espace de quelques mois, Montbrun, vaillamment secondé par Saint-Auban, Autard, dit Bragard, Lesdiguières et d’autres chefs renommés, s’empara. s’empara d’une foule de places : Orpierre, Serres, battit un corps de Provençaux qui accourait au secours, Vif, Mens, Pontaix, Saillans, Sahune, Condorcet, Nyons, Vinsobres, Ménerbes où il laissa pour gouverneur son lieutenant Ferrier, Livron, Loriol, Allex, Grâne, Roynac, Dieulefit, Soyans et Chabeuil. Le 26 mai 1574, il taillait en pièces, non loin du Pont-en-Royans, une partie de l’armée du gouverneur de la province, puis il tenta, mais inutilement, de surprendre Die, et c’est dans ce temps-là qu’il répondit à Henri III que  » les armes et le jeu rendent les hommes égaux et qu’en temps de guerre, lorsqu’on a le bras armé et le cul sur la selle tout le monde est compagnon « . » Seulement, tandis que certains historiens font de ce propos le corollaire du pillage des bagages du roi près du Pont-de-Beauvoisin, au commencement de septembre 1574, il y a beaucoup plus de raison de croire qu’il figure dans la réponse que Montbrun fit à une lettre d’Henri III, le mettant en demeure de rendre les places dont il s’était emparé car, il ne faut pas oublier qu’au commencement de septembre 1574, Montbrun était dans les Baronnies et non dans le voisinage du Pont-de-Beauvoisin. En tout cas, naturellement fort irrité d’une semblable réponse, le roi ordonna au maréchal de Bellegarde de reprendre le siège de Livron, vainement entre-pris cinq mois plus tôt, cette place que commandait le gendre de Montbrun, étant le principal boulevard de ce dernier, et pour cela ne lui donna pas moins de 7000 hommes et 22 canons. Mais, encouragée par Montbrun, qui ne cessait de harceler les assiégeants, la petite garnison de Livron tint si bien, que l’armée royale dut se retirer.

La paix ayant été signée sous les murs de La Rochelle; il refusa de l’accepter ; à peine voulut-il consentir à une trêve de quelques semaines. L’armistice expiré, il se remit en campagne, faisant trembler toute la province et portant la terreur qu’aux portes de Valence et Crest. Tandis que ses lieutenants Beaumont-Combourcier et La Grange, qui commandaient à Vif et à Là Mure, poussaient leurs courses jusqu’à Grenoble, Montbrun surprit en personne Livron, Loriol, Allex, Grane : pilla le riche couvent .de Virieu; tenta, mais sans succès, l’escalade de Montélimart, pour tirer vengeance de la mort de ses lieutenants Montgon et Diart, qui avaient perdu la vie avec les châteaux qu’ils commandaient près de Valence; tailla en pièces le 26 mai , près dé Pont-de:Royans un fort détachement de l’armée du Prince Dauphin François de Bourbon; puis secondé par Stoblon, Comps, Gouvernet, Sainte-Marie, Blacons, il osa entreprendre le siège de Die, défendu par Glandage ; mais la trahison de Glandage qui servait sous ses ordres, quoique catholique, et qui révéla à son père les projets de son chef; lui fit essuyer un échec dont il se vengea , le 28 août, sur le château de Sassenage; faible dédommagement de la perte d’Allex, d’Aouste et de Roinac que son lieutenant Saint-Férréol rendit par capitulation. Quoique démantelé, Livron, où commandait son gendre Roisse se défendit mieux. Harcelé sans relâche par Montbrun, l’armée.catholique, dut lever le siège.

Elle reparut devant cette place, au mois de décembre, sous le commandement du maréchal de BeIlegarde. Après avoir ruiné toutes les défenses, le 19 janvier 1575, après un mois de siège, les catholiques donnèrent l’assaut; mais Roisse les repoussa et leur fit éprouver des pertes énormes malheureusement il périt dans son triomphe et le commandement de la place resta au jeune La Haye, qui ne comptait encore que 23 ans. La mort de Roisse n’abattit pas le courage des habitants. Henri Ill, s’étant rendu dans le camp catholique afin de donner à ses mignons l’occasion de se signaler sous ses yeux, les femmes même insultèrent le Roi et ses favoris, elles accablèrent de huées. Cependant la poudre manquait aux héroïques défenseurs de cette petite ville et, elle allait être forcée de se rendre lorsque Lesdiguières, par ordre de Montbrun, réussit à y pénétrer à travers le camp ennemi.

Le siège de Livron levé, Montbrun se dirigea du côté de Die, qui était toujours son objectif, et comme cette place était solidement défendue par Glandage, pénétrant plus avant dans les montagnes, pendant que Corcailles, son lieutenant surprenait Andance, il s’empara d’abord du château du Saix, dans le Gapençais ; puis du bourg de la Motte-Chalancon (18 mai 1575), dont les habitants furent «  presque tous tués et multris et le gouverneur escorché et mutilé en ses membres un à un » ; puis de Saint-André-de-Rosans. Il mit enfin, avec Lesdiguières, le siège devant Châtillon, dont il se serait également emparé sans de Gordes, qui accourut au secours de cette place avec 22 compagnies suisses et quelques autres troupes. Il prit le 14 juin une éclatante revanche . Accompagné de ses plus vaillants capitaines Lesdiguières, Gouvernet, Morges, Champoléon, Blacons, Cugié, Bar, Comps, Le Poët, Vercoiran, il se porta au pont d’Oreille pour y attendre Gordes qui retournait à Die et, il lui tua 300 hommes. ce dont le chef huguenot se vengea en mettant complètement en déroute ces mêmes compagnies suisses, le lendemain (14 juin). De Gordes ayant alors demandé à Romans de nouvelles troupes, et, au mois de juillet, il se porta aussitôt à la rencontre des Huguenots pour leur barrer le passage, à la tête de 30 compagnies de gens d’armes et de 9000 hommes d’infanterie, presque tous de ces redoutables Suisses qui avaient décidé les batailles de Preux. et de Moncontour. Montbrun n’avait à lui opposer que 500 chevaux et 800 arquebusiers. Cependant, Montbrun refusa de suivre le prudent conseil de Lesdiguières qui voulait qu’on prit position dans les défilés de Quint et de Saillans; il franchit donc la Gervanne près de Mirabel et s’avança à la rencontre de l’ennemi et les ayant rencontrées au pont de Blacons. La fortune sembla d’abord vouloir couronner son audace ; mais ses soldats s’étant mis à dépouiller les morts, Gordes fit donner sa réserve qui mit en déroute les Protestants. Bar, «  jeune et brave gentilhomme  » comme l’appelle de Serres, fut tué. Il se vit bientôt accablé par le nombre, jusqu’à ce qu’ayant reçu «  une harquebousade au genoil, qui le lui perse à jour, et une aultre au coude « , forcé de fuir à son tour, Montbrun voulut franchir un canal, mais son cheval épuisé de fatigue s’abattit sous lui et lui cassa la cuisse. Fait prisonnier par le sieur de Rochefort, qui était son parent, il fut transporté à Crest, où il fut pansé, et de là à Valence, Montbrun n’arriva que le 29 juillet à Grenoble, où ,nonobstant toutes les démarches faites en sa faveur, tant par sa femme qui offrait de livrer une des deux places de Livron ou de Serres, en échange de sa liberté, que par la noblesse protestante de la province, qui menaçait de représailles, dans le cas contraire, le Parlement rendit, le 12 août, un arrêt aux termes duquel  »  ledict Dupuy, convaincu de lèze-majesté était condamné à estre conduict par l’exécuteur de la haulte justice depuis les prisons de la gouvernerie jusqu’à la place du ban de Malconseil et illec avoir la teste tranchée sur ung eschafaut, lequel seroit à ces fins dressé et ses corps et teste pourtés au gibet du port de la Roche et mis au lieu le plus esminent d’icelluy « .

Cet arrêt qui le condamna à mort fut exécuté le lendemain, ordonnait aussi la confiscation de ses biens et déclarait ses enfants  »  » innobles, roturiers et incapables de succession « ; mais que cet arrêt fut cassé par l’édit de mai 1586, qui réhabilita la mémoire de Montbrun et que confirma un arrêt du 17 février 1648.

En recevant la nouvelle de cette capture importante, Henri lII manifesta une grande joie. Il se souvenait qu’à son retour de Pologne, Montbrun avait pillé ses bagages, et que lui ayant écrit, dit Brantome,  » une lettre un peu brave et haute et digne d’un roy  »  pour lui ordonner de poser les armes, le vaillant capitaine avait répondu : «  Comment ! le roy m’escrit comme roy et comme si le devois reconnoistre ! Je veux qu’il sçache que cela seroit bon en temps de paix, et qu’alors je le reconnoitray pour tel, mis en temps de guerre, qu’on a le bras armé et le cul sur la selle, tout le monde est compagnon « . Plus ces paroles étaient vraies, plus Henri III s’en offensa, et il jura que Montbrun s’en repentirait. En apprenant qu’il était prisonnier :  » Je sçavois bien, s’écria-t-il, qu’il s’en repentiroit : il en mourra, et il verra à cette heure s’il est mon compagnon « . En vain Condé et Damville intercédèrent-ils pour l’intrépide guerrier; et demandèrent-ils qu’on le traitât comme prisonnier de guerre, ainsi que cela s’était toujours pratiqué pour les prisonniers des deux partis ; leurs prières ne fuient pas écoutées. En vain le duc de Guise insista-t’il pour qu’on échangea Montbrun contre Besme, l’assassin de Coligny ; il ne put rien obtenir: Et soudain, continue Brantôme ,  » le roy manda à la cour de Grenoble de luy faire son procès et trancher la teste, quoy qu’on luy remonstrast que cela tireroit à conséquence et que les ennemis en pourroient autant faire à ses serviteurs. Nonobstant tout, il mourut « . Les juges, dans ce temps, ne refusaient jamais, dit Sismondi, une tête au monarque, quand il leur faisait l’honneur de la demander. On pansa donc les blessures de Montbrun avec le plus grand soin de peur que ia mort ne l’enlevât au supplice; on pressa le jugement, de manière que la sentence, dressée d’avance, put être prononcée au prisonnier le 12 août; puis la fracture de sa cuisse l’empêchant de marcher, on le porta, assis dans une chaise, sur l’échafaud où il eût la tête tranchée. Le héros subit la mort avec une constance et une fermeté admirables, On lui avait défendu de parler au peuple ; mais il n’en tint compte, et s’adressant à la foule qui l’entourait, il lui rappela que son seul crime était d’avoir porté les armes pour la religion et la liberté du royaume; il protesta qu’il recevait volontiers la mort qui mettait enfin un terme à ses labeurs. et à ses misères, et il pria Dieu d’avoir pitié de lui et de la France. Ainsi périt Montbrun, à qui, dit Chorier, son intrépidité avait mérité des deux partis le surnom de  » brave « , et jamais il ne fut mieux porté. A un courage indomptable, il joignait des qualités beaucoup plus rares dans son siècle. Au rapport de Serres, il était  » modéré, droicturier, point avare et point ravisseur  » ; on ne pouvait lui reprocher qu’un peu trop d’indulgence pour ses soldats, La place qu’il laissa vacante fut longtemps disputée à Lesdiguières par Cugié, bernois établi depuis longtemps dans le Dauphiné, et capitaine, dit de Thou, en grande estime parmi les siens et d’un âge déjà mûr, dont les prétentions étaient appuyées par la première noblesse. Son rival finit pourtant par l’emporter.

De son mariage avec Justine Alleman, fille de François, seigneur de Champ, et de Justine de Tournon, épousée le 26 juin 1553, Charles du Puy-Montbrun laissa un fils, Jean Alleman Du Puy Montbrun , et trois filles : 1° Justine, qui épousa après le 10 avril 1575, date du testament de son père, François des Massues d’Eurre, seigneur de Vercoiran et de Sainte-Euphémie ; 2° Louise, qui fut successivement femme de Philibert de Roysses, tué au siège de Livron en 1574 ; de Jean de Rauques,seigneur de Saint-Pardon, et de Pierre de la Rivière, receveur des greniers à sel en Dauphiné ; 3° Madeleine.



Descendance de Charles Dupuy-Montbrun

 

(sources https://gw.geneanet.org/)

 

 

  • Marié le 26 juin 1555, Taulignan (26), avec Justine ALLEMAN, (Parents : François ALLEMAN, seigneur de Champ et  Justine de TOURNON) dont
    • Jean Alleman du PUY-MONTBRUN, marquis de Montbrun ca 1568-1634  Marié en 1591 avec Lucrèce de La TOUR du PIN-GOUVERNET 1573 dont
      • Charles du PUY-MONTBRUN, marquis de Montbrun 1592-1666/ Marié en 1612 avec Françoise de BONNE de LESDIGUIÈRES, dame de Lesdiguières †1690
        Charles du PUY-MONTBRUN, marquis de Montbrun 1592-1666/ Marié avec Claudine de MOYNIER dont :
        • Justine du PUY-MONTBRUNLucrèce du PUY-MONTBRUN

        Charles du PUY-MONTBRUN, marquis de Montbrun 1592-1666/ Marié le 26 février 1637 avec Diane de CAUMONT La FORCE 1608- dont :
        • Jacques dit Jacques de Tournon du PUY-MONTBRUN, marquis du Puy-Montbrun †1715
        • Isabeau du PUY-MONTBRUN
        • Alexandine du PUY-MONTBRUN
        • Diane du PUY-MONTBRUN †1673
      • François du PUY-MONTBRUN, sgr de Toirac 1593-1672
      • Isabeau du PUY-MONTBRUN 1595 Mariée avec Jean de BOLOGNE
      • Jean du PUY-MONTBRUN, seigneur de Ferrassières ca 1598-1671 Marié avec Antoinette de POINSARD †1654 dont :
        • Espérance du PUY-MONTBRUN, dame de Ferrassières 1638-1690
      • César du PUY-MONTBRUN 1599-1672
      • Alexandre Huguenot du PUY-MONTBRUN, seigneur de La Nocle 1600-1673 Marié en 1641 avec Marie Louise de La NOCLE de La FIN de SALINS 1609-1693 dont :
        • Marguerite du PUY-MONTBRUN †1695
        • Charlotte du PUY-MONTBRUN
        • Gabrielle du PUY-MONTBRUN †
      • Justine du PUY-MONTBRUN 1601- Mariée le 2 mai 1621 avec Balthazard de JARENTE dont:
        • Charles de JARENTE †1697Marguerite de JARENTE
        Justine du PUY-MONTBRUN 1601-  Mariée avec Laurent de PÉRISSOL
        Justine du PUY-MONTBRUN 1601-  Mariée avec Gaspard d’ARMAND, Seigneur de Lus
      • René,seigneur de Villefranche du PUY-MONTBRUN, sgr de la Jonchère 1602-/1667 Marié en 1640 avec Isabeau (ludovicienne) de FOREST, dame de Jonchères †1673/ dont :
        • Charles du PUY-MONTBRUN, voir Tués à l’ennemi 1644-1668/
        • Isabeau du PUY-MONTBRUN
        • Lucrèce du PUY-MONTBRUN de VILLEFRANCHE
        • Jean Réfugié du PUY-MONTBRUN, sgr de Jonchères 1654-
        • Hector du PUY-MONTBRUN, voir Tués à l’ennemi ca 1658-1693
        • Olympe du PUY-MONTBRUN
        • Uranie du PUY-MONTBRUN
        • Justine du PUY-MONTBRUN
        • Marie du PUY-MONTBRUN
        • Madeleine du PUY-MONTBRUN
        • Marguerite du PUY-MONTBRUN
        • Louise du PUY-MONTBRUN
      • Antoinette du PUY-MONTBRUN 1606 Mariée le 30 avril 1626, Montbrun-les-Bains (26), avec Jean de RAFÉLIS, seigneur de La Roque dont :
        • Joseph François de TERTULLE, Marquis de la Roque †1683..1694
        • Jeanne de TERTULLE 1628-
        • Lucrèce Alexandine de RAFÉLIS, dame de La Roque d’où ? 1632-
        • Gabrielle de TERTULLE
        • Anne Hélène de TERTULLE, voir en religion 1633-
      • Lucrèce du PUY-MONTBRUN 1608 Mariée avec François de PHILIBERT, seigneur de Venterol dont :
        • Françoise de PHILIBERT, dame de Villars †ca 1704
        • Madeleine de PHILIBERT
      • Marguerite du PUY-MONTBRUN 1609 Mariée le 12 janvier 1629 avec César de VAULSERRE, baron des Adrets dont :
        • Jean de VAULSERRE des ADRETS, baron des Adrets
    • Justine du PUY-MONTBRUN  Mariée avec François des MASSUES
    • Louise du PUY-MONTBRUN  Mariée avec Gaspard dit Ranques de BARBEYRAC de SAINT-MAURICE, seigneur de Ranques
    • F Madeleine du PUY-MONTBRUN

 



Le petit-fils : Jean Alleman Dupuy-Montbrun



De son mariage avec Justine Allemand, Montbrun laissa un fils, nommé JEAN, né vers 1568 né comme lui à Montbrun, probablement, qui prit part, à la plupart des exploits de Lesdiguières, et fut élevé au grade de capitaine de 50 hommes d’armes. Il n’avait guère que sept ans quand son père périt sur l’ échafaud (13 août 1575); ce qui n’empêcha pas un certain nombre d’anciens lieutenants de ce der-nier de l’opposer à Lesdiguières, lorsqu’il s’agit de remplacer Montbrun comme chef du parti huguenot en Dauphiné. Et c’est vraisemblablement à cause de cela que le roi de Navarre, partisan de Lesdiguières, fit secrètement enlever cet enfant, qui passa une grande partie de sa jeunesse à sa cour. Mais le fils de Montbrun n’en porta pas moins, à son tour, les armes, pour le compte du parti qui avait été celui de son père. C’est ainsi qu’il était, avec le sieur de Séras et quelques autres capitaines protestants cévenols, à la tête de 500 hommes, le 19 décembre 1587, date à laquelle il s’empara de Chirac en Gévaudan, et avec Lesdiguières, devant Puymore, au mois d’avril de l’année suivante. Il était encore avec ce dernier lorsqu’il s’empara de Grenoble sur la Ligue, le 25 novembre 1590; et Videl raconte même que, «  touché d’un juste et naturel ressentiment de la mort de son père, décapité en cette ville, il en méditait véritablement la vengeance, mais que le respect de la foy promise et la considération de Lesdiguières fut plus forte que son courroux. « 

Vingt-un ans plus tard, en 1611, Jean du Puy-Montbrun, alors capitaine de 50 boulines d’armes, était chargé, conjointement avec Charnier, Champoléon, Parat, Vulson et Bellujon, de représenter les protestants du Dauphiné dans l’assemblée politique de Saumur ; il obtint de ses collègues une haute marque de leur estime; il fut inscrit sur la liste des candidats à la députation générale. L’an d’après, le roi lui lit don de 20000 livres et le nomma conseiller d’Etat par « brevet du 10 Juin 1612 » ; puis, le duc de Savoie ayant manifesté, en 1614, le désir de lever 2000 hommes de troupes et quelques chevaux en Dauphiné, c’est lui que Lesdiguières dépêcha à la Cour, pour obtenir du roi l’autorisation nécessaire. Il assista aux Etats-Généraux, assemblés en 1615, et s’opposa à la publication du concile de Trente. L’ordre de la noblesse ayant demandé que le roi fût supplié de maintenir la religion catholique, suivant le serment fait à son sacre, et rejeté, à la pluralité des voix, l’article qui l’invitait à maintenir les édits de pacification en faveur des Réformés, Montbrun déposa, le 24 fév., une protestation, signée par lui et ses collègues protestants, Chambaud, le vidame de Chartres; Saint-André, Du Vigean, Saint-Rome et Montmartin. En 1619, il fut député de nouveau à l’Assemblée politique de Loudun. Celle de La Rochelle, dans la distribution qu’elle fit des gouvernements, lui donna celui de la Provence, avec le titre de lieutenant-général. Montbrun n’hésita pas à accepter le dangereux honneur qu’elle lui décernait, malgré les faveurs dont le roi l’avait déjà comblé, dans l’espoir sans doute de le gagner, eût érigé tout récemment, au mois de fév. 1620, la terre de Montbrun en marquisat par Lettres-Patentes «  . Il ne craignit pas de prendre part à l’assemblée séditieuse de la Rochelle décembre 1620 — mai 1621. Rien plus, cette assemblée, qui divisa la France en huit grands cercles ou commandements militaires , l’ayant chargé de soulever le Dauphiné et les provinces limitrophes, il rentra en toute hâte chez lui et, profitant de ce que Lesdiguières faisait alors le siège de Montauban, il leva audacieusement le drapeau de la révolte, s’ intitulant  » général des églises du Dauphiné et du Conseil d icelles  » , et défendit ensuite à tous receveurs des deniers publics de les verser  » à autre qu’au receveur général desdites églises  » ; enfin, s’empara des places de Mollans, Reilhanette, Puygiron, la Baume-Cornillanne et de quelques autres places. Il pouvait même espérer de s’emparer de Grenoble où il entretenait des intelligences. Effrayé de ses progrès, le roi renvoya Lesdiguières dans le Dauphiné et toute la province fut bientôt pacifiée, tant la terreur de ce nom était grande ! Instruit de cela, Lesdiguières écrivit de Montauban, à ce révolté le 19 novembre 1621, une longue lettre,pour l’exhortera rentrer dans le devoir. Mais Montbrun, qui était alors à la tête de plus de 6000 hommes, se mit au contraire en marche sur Grenoble, dont il se fut emparé sans un futile incident, et la révolte semblait devoir s’étendre, quand l’arrivée de Lesdiguières y mit fin. Montbrun était-il secrètement d’accord avec ce dernier dans toute cette affaire, comme on l’a prétendu ? S’il faut en croire Le Vassor, Montbrun ne déposa si promptement les armes que parce qu’il avait, dès le principe, agi de concert avec le maréchal, qui avait des raisons de craindre d’être arrêté, et qui le fit agir pour que sa présence devînt nécessaire dans son gouvernement. Ce qu’il y a de certain, c’est que la présence de Lesdiguières dans la province suffit pour y rétablir instantanément la paix et faire, par cela même, déposer les armes à notre marquis, qui les reprit ce-pendant, quelque temps après, pour aller en Languedoc se mettre aux ordres du duc de Rohan, qui le fit en 1621 général de sa cavalerie protestante. Mais là encore, son attitude ne fut pas des plus nettes; car, après avoir quelque peu guerroyé dans les environs de Nîmes, il se retira dans cette ville, dont il trouva moyen de faire refuser l’entrée à Rohan, et fut ensuite chargé, conjointement avec le duc de Montmorency, du consulat mi-partie.

Jean Du Puy-Montbrun laissa, de son mariage avec Lucrèce de La Tour-du-Pin-Gouvernet, six fils et cinq filles, dont Jean Seigneur de Ferrassières dit le Comte de Montbrun qui fut Lieutenant Général; Alexandre Marquis de Saint André Seigneur de la Nocle et de Saint Maurice fut fait Lieutenant Général et Gouverneur du Nivernais en 1648 II n y avait alors que six Lieutenants Généraux en France II fut fait peu de temps après Capitaine Général grade qui fut créé exprès pour lui donner le Commandement sur tous les autres Lieutenants Généraux Ayant servi avec distinction dans les armées de Piémont et de Catalogne il crut pouvoir prétendre au bâton de Maréchal mais le Cardinal Mazarin s’y opposa parce qu il était protestant et que Charles Du Puy Montbrun, « son aïeul s’était rendu redoutable dans ce parti ». Il quitta le service de France par mécontentement et passa à Venise où fut fait Généralissime des Troupes de terre de cette République. René qui fut Maréchal des Camps et Armées du Roi et enfin Charles René Marquis de Montbrun « hommagea les Terres en l’année 1645 II fut Lieutenant Général des Armées du Roi. »

 



Sources

  • Extrait de Dictionnaire biographique et biblio-iconographique de la Drôme : contenant des notices sur toutes les personnes de ce département qui se sont fait remarquer par leurs actions ou leurs travaux, avec l’indication de leurs ouvrages et de leurs portraits. Tome 1 / J. Brun-Durand,… Brun-Durand, Justin
  • Histoire généalogique des familles de Du Puy-Montbrun et de Murinais Par M. Guy Allard
  • https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fretm=Netv=du+puy

 

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