LA CATASTROPHE DE MALPASSET

La catastrophe de Malpasset




 



Le 2 décembre 1959, à 21h13, le barrage cède… Il y a 61 ans, la catastrophe de Malpasset…

 

 

Au début de l’hiver 1959, quinze jours continus de pluies torrentielles vinrent remplir pour la première fois le nouveau barrage de Malpasset, en amont de Fréjus. Lorsque celui-ci céda soudainement, le 2 décembre 1959 à 21h13, près de 50 millions de mètres cubes d’eau déferlèrent, en une vague de 40 mètres de haut dans la vallée du Reyran à la vitesse de 70 km/h, ravageant la plaine jusqu’à la mer, broyant fermes et cultures et détruisant le quartier des Arènes de Fréjus.

Le bilan de la catastrophe s’élèvera à 423 morts, 155 immeubles entièrement détruits, mille hectares de terres agricoles ravagés et deux milliards de francs de dégâts. Ce barrage destiné à l’irrigation avait été construit par le Génie Rural, future DDA, sous la maîtrise d’œuvre d’un Conseil général sans expérience sur ce type d’ouvrage. Si EDF l’avait construit, tout eut été certainement différent. C’est la plus grande catastrophe civile du XXème siècle sur le sol français. « De tous les ouvrages construits de main d’homme, les barrages sont les plus meurtriers ». Ces mots sont ceux du constructeur du barrage de Malpasset, l’ingénieur André Coyne alors président de l’Association internationale des grands barrages et spécialiste incontesté de la construction des barrages-voûtes, qui décéda d’un cancer six mois après la catastrophe. A la suite de ce scandale administratif, un autre barrage de type digue fut construit à St Cassien sur le bassin versant de la Siagne, vers Cannes. EDF en fut chargé et y adjoignit une unité de production hydroélectrique.

 

 

L’historique

 

La construction d’un barrage dans la région de Fréjus est envisagée juste après la Seconde Guerre mondiale, dans le cadre des grands projets d’équipement du pays. Son principal objet est de constituer un réservoir d’eau permettant d’irriguer les cultures dans une région où les pluies sont très irrégulières. Le conseil général du Var, maître d’œuvre de l’opération, reçoit une importante subvention du ministère de l’Agriculture. Il fait alors appel au grand spécialiste des barrages-voûtes, André Coyne, « auteur » du barrage de Tignes par exemple. Le site choisi est celui de la vallée du Reyran, un torrent sec l’été et en crue l’hiver, au lieu-dit « Malpasset », un nom qui perpétue le souvenir d’un brigand détrousseur de diligences.

L’inauguration, puis la mise en eau partielle du barrage ont eu lieu en 1954. Mais la faiblesse des pluies des années suivantes, d’une part, et une longue procédure judiciaire avec un entrepreneur qui refuse de se laisser exproprier, d’autre part, ralentissent passablement cette phase de remplissage.

 

 

Les faits

 

En 1959, la Côte d’Azur reçoit des pluies diluviennes, le niveau de l’eau monte très rapidement – trop rapidement pour permettre un contrôle convenable des réactions du barrage. La journée du 2 décembre 1959 c’est une pluie torrentielle qui s’abat sur le Var et les monts entourant le site de Malpasset, cela fait quinze jours que la pluie tombe sur la région. Il y a deux jours, le barrage est monté à la côte 98 et le gardien André Ferro a ouvert la vanne pour faire baisser le niveau et relâcher un peu de pression. Mais aujourd’hui c’est impossible ! Les ingénieurs du chantier de l’autoroute sont en train de couler les piliers du futur pont qui enjambera le lit du Reyran. Le gardien est inquiet : le barrage n’a pas encore supporté une telle pression. On peut penser qu’il y avait eu des signes précurseurs du drame puisque des témoins signalent des fissures ainsi que des voies d’eau entre le barrage et la roche qui le supporte. A 18 heures, on donne l’autorisation au gardien d’ouvrir la vanne du barrage. La vanne ouverte au maximum ne permet plus de faire descendre le niveau du lac qui fait 18 kms de long et par endroits trois kms de large.

Dans la soirée, le niveau ayant baissé de quelques centimètres, André Ferro rentre pour dîner avec sa femme et son petit garçon, il est 20h50. Sa maison se situe à un peu plus de deux kilomètres en aval du barrage. A 21h13, toujours aussi angoissé, il s’apprête à remonter au barrage quand il entend « comme une sorte de grognement d’animal » : un bruit assourdissant, des déflagrations et des grincements de ferrailles. Il comprend immédiatement que le barrage vient de céder. Il a littéralement explosé !!! Le sol vibre sous lui. Tout de suite, le gardien comprend. Il crie : « Le barrage ! Vite ! Vite ! Tout va s’écrouler !  » Saisissant son petit garçon déjà couché, il s’élance suivi de sa femme vers le haut de la colline. Au-dessous d’eux, ils voient déferler une première vague de 60 mètres de haut qui a jailli du barrage et qui s’engouffre dans la vallée du Reyran que franchissent, à peu de distance, les tronçons de l’autoroute A8 qui est en construction. Un paysan témoigne : « J’étais chez moi au deuxième étage, j’ai vu arriver la trombe d’eau qui me dominait de plusieurs dizaines de mètres, encerclant la maison. Les murs ont tenu. Quelques secondes plus tard, elle était passée, mais le flot continuait à couler, dans lequel je pouvais tremper mes mains. Au loin, la vague progressait à la vitesse d’un cheval au galop et je voyais sur la route les phares des voitures bousculées et traînées comme des fétus de paille. » Dans la vallée du Reyran, en quelques secondes, 53 maisons sont détruites. Il y a déjà près de 120 morts. Sept minutes après la rupture du barrage, plusieurs millions de mètres cubes d’eau et de boue envahissent les quartiers ouest de Fréjus et se répandent dans la plaine. Dans une maison située entre la route et la voie ferrée, un couple est réveillé par le vacarme. La femme, assoupie, murmure : « C’est le train. » Le mari se lève, ouvre la fenêtre: « A la place du train, et presque aussi vite que lui, j’ai vu passer un arbre, un camion et des tonneaux entraînés par un courant furieux qui montait presque aussi vite que du lait dans une casserole. »

Les passagers du rapide Riviera-Genève ont eu de la chance. Il s’en est fallu de peu que le train ne déraille. Dix secondes après son passage en gare de Fréjus, la déferlante arrache la voie ferrée sur 2,5 km. Dix minutes après la rupture du barrage, la vague atteint le centre de Fréjus totalement privé d’électricité et de téléphone depuis déjà dix minutes, lorsque les deux centrales ont été emportées par les eaux.

Le gradé de permanence à la gendarmerie s’est précipité chez le curé : « Faites sonner le tocsin ! » Pendant que le tocsin retentit, la vague emporte tout sur son passage. Les habitants qui le peuvent encore fuient. Les autres ne s’en sortiront pas. Les survivants témoignent : « Dès que le tocsin s’est mis à sonner, sans hésiter, j’ai poussé ma femme dans la voiture et j’ai démarré. La vague nous a rejoints et nous a projetés contre un mur. »;  » J’étais couché avec ma femme quand un voisin a cogné à la porte. » « Malpasset a cédé, a-t-il crié, l’eau arrive. ». « Nous entendions déjà le grondement de la vague. Dans la rue, nous avons découvert une file ininterrompue de voitures qui cherchaient à fuir dans la direction de Saint-Raphaël. Nous avons tout abandonné et nous sommes partis. Nous avons vu des gens qui, comme nous, avaient juste pris le temps d’enfiler un pardessus sur leur pyjama. » Un quart d’heure après l’explosion du barrage, la vague a atteint la mer. Elle n’a plus qu’une hauteur de 2 mètres mais balaie encore une demi-douzaine d’avions de la base aéronavale. A 21 h 40, la vague s’est perdue dans la mer, charriant toutes sortes de débris et des dizaines de cadavres.

Les appareils enregistreurs de l’EDF ont fixé la chronologie du drame : 21h13 pour la rupture de la ligne alimentant le transformateur situé près du barrage et 21h34 pour la rupture de la ligne passant à l’entrée de Fréjus. La vague a donc mis 21 minutes pour semer la mort dans la vallée du Reyran.

 

Déroulement chronologique des faits

 

Il est 21h à Fréjus le 2 décembre 1959.

– à 21h13 : Le barrage cède.
– à 21h17 : Baisse de tension enregistrée au dispatching sud-est de l’EDF à    la   suite de la chute d’un pylône de tension.
– à 21h20 : La vague engloutit la ferme d’Andrietti, la maison d’André Ferro le gardien du barrage, le chantier de l’autoroute, la maison des Truyillo.
– à 21h30 : La vague atteint la maison des Infantolino, la maison du goal Maximilien Gil. La  maison d’André Capra et de ses locataires : la famille du sergent-chef Boule.
– à 21h30 : Début de l’émission de télévision « La Piste aux Étoiles « .
– à 21h35 : La vague atteint le transformateur de L’EDF et plonge Fréjus dans l’obscurité.
– à 21h40 : Le flot atteint la rue de Verdun et les Arènes de Fréjus.
– à 21h45 : L’eau envahit la gare de Fréjus et le quartier de Fréjus Plage.
– à 21h49 : L’autorail Marseille-Nice est submergé. La ferme Risso est entourée par les   eaux.
– à 21h50 : Le torrent arrive à la mer, inondant la base aéronavale et basculant le hangar de la Goupille.
– à 22h15 : Le toscin sonne à Fréjus. La ville est coupée du monde.

 

 

La vague : 60 mètres de haut, 70 km/heure

 

Au premier coude que fait la vallée, elle s’aplatit sur la colline, dans un « flot » géant qui lance une éclaboussure de 100 mètres de haut. Là, elle se ramasse, puis reprend le lit de la vallée. Au deuxième coude, nouvelle éclaboussure, nouveau temps d’arrêt.

Il y a 20 coudes, plus ou moins aigus, jusqu’aux remblais de la voie ferrée et de la route nationale 7 qui coupent le bas de la vallée.

La vague est encore à 7 mètres de haut et avance à 30 kilomètres à l’heure.
Dans ces eaux, se trouvent des blocs de béton de 100 tonnes, des arbres et parmi tout cela 128 victimes furent dénombrées.

Le bruit de la vague était équivalant à « 10 avalanches à la fois », disent les métayers piémontais ; « 100 trains lancés à 100 km/h sur des voies parallèles » disent les employés du chemin de fer ; « un raz de marée » disent les hommes de l’infanterie coloniale ; « un tremblement de terre » pour ceux qui n’ont pas de point de comparaison.

Le plan ORSEC – plan d’organisation des secours – est immédiatement déclenché. Les militaires des bases locales ainsi que des hélicoptères de l’armée américaine basés dans les environs s’occupent de porter secours aux survivants, mais aussi de dégager les corps des victimes. Le général de Gaulle, président de la République, venu sur place quelques jours plus tard, découvre une zone totalement sinistrée. La catastrophe a fait 423 victimes. Par ailleurs, la voie ferrée est détruite, 50 fermes sont soufflées, 1000 moutons sont morts et 80.000 hectolitres de vin sont perdus.

 

 

La solidarité

 

La marine française et la sixième flotte américaine en Méditerranée apportèrent leur aide. Les premiers marins qui sont arrivés sur place ont été ceux du Golo, une barge de débarquement. Ce navire faisait route vers la Corse pour l’Algérie, lorsqu’il a été dérouté dans la nuit du 2 au 3 décembre 1959.

Le Golo est allé s’échouer sur la plage et fut transformé en hôpital de campagne.

Parmi ces marins, un témoin raconte : « Je fus étonné par la couleur de la mer, la Méditerranée n’était qu’une étendue de boue. A 2 ou 3 miles de la côte, nous avons commencé à voir des meubles flotter… Comme il n’y a plus de route entre Fréjus et Saint-Raphaël, les marins ont mis à l’eau les petites péniches de débarquement pour évacuer les survivants vers le port voisin. Je me souviens d’une vieille dame qui est montée à bord avec son chien. A peine quittions-nous la rive que le chien s’est jeté à l’eau… suivi de sa maîtresse. J’ai plongé à la suite pour la ramener à bord. Après 3 ou 4 jours d’évacuations, les hélicoptères de Villefranche-sur-mer ont commencé à venir déposer des paquets de boue, il s’agissait de morts dans leur gangue de terre. Au début nous les nettoyions de notre mieux, avec les moyens du bord. Puis, devant le nombre, nous avons dû avoir recours à la lance à incendie… »

Les Fréjusiens, grâce à leur courage et surtout à la solidarité, ont fait face à cette épreuve. La télévision avec l’émission  » Cinq colonnes à la une » a bouleversé ses programmes. Elle lance l’opération : « Tous pour Fréjus ». Grâce à l’émission d’Europe 1 « Vous êtes formidables » et à Radio Luxembourg, 100 millions de francs se retrouvent rassemblés. Cet élan de générosité a même rassemblé les stars. Alain Delon fait un don de 36.500 frs, Brigitte Bardot et Robert Hossein à eux deux réunissent 1.000.000 frs.

Le total des fonds collectés a été de 91.795.017.45 F (9 milliards d’anciens francs). Cette somme a été remise au maire André Léotard qui a commencé la distribution aux sinistrés. 500 tonnes de vivres et de vêtements sont collectés. Des dons viennent de toute l’Europe, d’Amérique et d’Afrique. Le consul d’Espagne fait don de 50 tonnes d’oranges par exemple. Un hangar de 65 m sur 45 m est utilisé comme magasin de distribution et sert à stocker tous ces dons. Des lettres de soutien sont envoyées pour soutenir le moral des jeunes Fréjusiennes et Fréjusiens. Achille Zavatta le clown reçut une lettre d’une petite fille qui le remerciait de lui avoir sauvé la vie : « Cher Zavatta, vous m’avez sauvé la vie. C’est parce que maman et moi étions en train de regarder la télé que nous étions réveillées et toutes habillées. Quand l’eau est venue, nous avons pu sauter par la fenêtre. »

Le 17 décembre 1959 le président de la République le général De Gaulle est allé à Fréjus, il a traversé les rues dévastées, il a vu les ruines et s’est incliné sur les tombes des victimes. Puis il s’est adressé aux survivants : « Je dois dire et vous l’avez tous sentis, l’élan de solidarité du pays tout entier en faveur des sinistrés. Cet élan a ces conséquences que vous apercevez déjà. Monsieur le Maire en a d’ailleurs parlé et pour ce qui concerne la reconstruction nous ferons le nécessaire mais avant tout, je tenais à ce que vous sachiez quels sont mes sentiments à cet égard et les sentiments du pays tout entier. Voilà ce que je voulais vous dire bien simplement. »

 

Sur le livre d’or de la ville, il écrivit « Que Fréjus renaisse ! »

 

Bilan de la catastrophe :

 

423 morts, répartis en : 27 non identifiés, 135 enfants de moins de quinze ans, 15 enfants de 15 à 21 ans, 134 adultes hommes, 112 adultes femme, 79 orphelins, Mais aussi : 951 immeubles touchés, dont 155 entièrement détruits.

 

Evaluation des dommages :

 

Terres cultivées :

 

La surface des terres cultivées endommagées, portant principalement de la vigne et du pêcher, est estimée à 3.200 hectares, dont 700 hectares sont irrécupérables par suite du décapage de la totalité de la terre végétale, et 900 hectares doivent faire l’objet de travaux importants pour une remise en culture.

 

Dégâts aux bâtiments de ferme et d’exploitation :

 

Dans la zone correspondant aux 3.200 hectares ravagés par la violence des eaux, il est estimé que les sinistres aux bâtiments de ferme et d’exploitation se répartissent comme suit :

a) Fermes habitées en permanence comportant le logement du propriétaire, des ouvriers et les bâtiments d’exploitation :

– 30 complétement détruites,
– 50 détruites à 50%

b) Bâtiments d’exploitation avec logement pour séjour
du propriétaire ou des ouvriers pendant les travaux
saisonniers :

– 60 complétement détruits,
– 45 sinistrés à 50%

 

Dégâts aux biens meubles :

 

Matériel de culture (tracteurs, motoculteurs, pulvérisateurs, poudreuses, instruments de culture, calibreuses et divers). La perte est importante. Chaque ferme, très mécanisée dans cette région possédait un matériel couteux. La quasi-totalité de ce matériel est perdu. On peut l’estimer à 750 millions de francs.

 

Cheptel vif :

 

Le cheptel de trait est peu important car les exploitations de la région sont très mécanisées. Il est cependant certain que 15 à 20 chevaux ont disparu. En outre, la totalité des animaux de basse-cour et plus de 1.000 moutons ont été noyés. La perte peut être évaluée à 25 millions de francs.

 

Enquête, d’expertises et contre expertises

 

Polémique, scepticisme,et même colère autour de la rumeur de l’attentat.

Après plusieurs années d’enquête, d’expertises et contre expertises, deux rapports sont remis aux autorités judiciaires, qui cherchent à déterminer les responsabilités du drame. Ils écartent l’hypothèse d’un ébranlement dû à un séisme – phénomène fréquent dans la région – ou à des explosifs utilisés pour la construction de l’autoroute. L’emplacement du barrage, en revanche, est mis en cause.

Les barrages-voûtes sont réputés pour leur exceptionnelle solidité, la poussée de l’eau ne faisant que renforcer leur résistance. Malgré la très faible épaisseur du barrage de Malpasset : 6,78 m à la base et 1,50 m à la crête, ce qui en fait le barrage le plus mince d’Europe, la voûte elle-même est entièrement hors de cause. Mais ce type d’ouvrage doit s’appuyer solidement sur le rocher, ce qui n’était apparemment pas le cas à Malpasset. Certes, la roche, quoique de qualité médiocre, était suffisamment solide, en théorie, pour résister à la poussée. Mais une série de failles sous le côté gauche du barrage, « ni décelées, ni soupçonnées »  pendant les travaux de prospection, selon le rapport des experts, faisait qu’à cet endroit la voûte ne reposait pas sur une roche homogène. Le 2 décembre 1959, le rocher situé sous la rive gauche a littéralement « sauté comme un bouchon », et le barrage s’est ouvert comme une porte… Des travaux supplémentaires, impliquant des délais et des coûts accrus, auraient-ils permis d’éviter la catastrophe ? A-t-on pêché par hâte ou par imprudence ? Ce n’est pas, en tout cas, l’avis de la Cour de cassation, dont l’arrêt conclut en 1967, après maintes procédures, qu’aucune faute, à aucun stade, n’a été commise « . La catastrophe de Malpasset est ainsi rangée sous le signe de la fatalité.

 

La thèse de l’accident avait jusqu’alors été la seule admise et reconnue.

 

« Le 28 mai 1971, après plusieurs années d’enquêtes judiciaires, la catastrophe fut attribuée à la fatalité, avec un arrêt du Conseil d’État mettant en avant l’emplacement du barrage, construit sur une roche peu homogène, des failles géologiques  « ni décelées, ni soupçonnées »  lors des travaux de sondages et de prospections, et les très fortes précipitations enregistrées lors des semaines précédant le drame. Cependant, les rescapés sont persuadés que tout n’a pas été dit« . (Wikipedia)

 

Une autre cause est donc désormais évoquée, celle de l’attentat :

 

« Le documentaire historique : Le long chemin vers l’amitié (Allemagne, 2012) impute, quant à lui, la rupture du barrage à un attentat du FLN algérien, que les services secrets allemands savaient en préparation, mais dont ils n’ont pas informé la France« . (Wikipedia)

Arte attribue la catastrophe du barrage de Malpasset, à un attentat du Front de libération nationale (FLN), les indépendantistes algériens. Elle s’appuie sur les archives des services secrets est et ouest-allemands. Selon le film, un agent ouest-allemand, Richard Christmann a prévenu sa hiérarchie avant l’attentat, mais l’information n’aurait pas été transmise à la France pour des raisons politiques. Cette nouvelle hypothèse suscite la polémique et même la colère.

Il faut dire que cette thèse réveille de terribles souvenirs. Lors des cérémonies du cinquantenaire de la catastrophe, autour de la stèle commémorative, les familles de victimes pensaient laisser en paix leurs chers disparus. Aujourd’hui, elles éprouvent une légitime souffrance et parlent de « cicatrices qui s’ouvrent à nouveau ». Et puis, elles ne comprennent pas, évoquent « une véritable bombe »; personne auparavant n’avait évoqué cette hypothèse, en dépit des enquêtes longues et minutieuses qui ont été menées pour déterminer les causes du drame. Et ces familles ne sont pas les seules à s’interroger.

L’historien spécialiste de l’Algérie et de la décolonisation Benjamin Stora émet de très sérieux doutes sur l’hypothèse d’un attentat du FLN.

Cité dans le journal Le Monde.fr, Benjamin Stora déclare : « J’ai épluché énormément d’archives policières françaises dans le cadre de mes recherches. Je n’ai jamais trouvé quoi que ce soit sur Malpasset. J’ai discuté longuement avec Mohammed Harbi qui était un des responsables de la fédération de France du FLN. Pas une seule fois il ne m’a parlé d’une telle action. Les Français qui ont soutenu le FLN comme Claude Lanzmann ou François Maspero ont raconté leur vie et n’ont jamais évoqué ce point. Pas plus que ne l’ont fait Henri Curiel ou Francis Jeanson.
Lors du procès du réseau Jeanson [procès des « porteurs de valises » du FLN à partir de septembre 1960], jamais non plus ce fait n’a été évoqué. Il faut aussi se souvenir qu’auparavant, le 25 août 1958, avait eu lieu une vague d’attentats en France, dont l’explosion d’un dépôt pétrolier à Mourepiane [près de Marseille]. Cette action avait provoqué un violent affrontement au sein du comité fédéral du FLN. De nombreux dirigeants regrettaient cet attentat et craignaient qu’il n’aboutisse à une guerre totale. Il faut être un peu sérieux quand on avance de tels faits. Il faut produire des documents. Il fallait interroger les gens de la fédération de France du FLN, comme Omar Boudaoud ou Ali Haroun. Ils sont encore vivants. »

 

«  La petite fiancée de Fréjus « 

 

 Irène Jodar était surnommée « la petite fiancée de Fréjus et de la France ». Agée de 79 ans elle est décédée le 19 de ce mois de novembre 2019. En 1959, cette Fréjusienne avait pu épouser son fiancé, André Capra à titre posthume en mairie, après qu’il eut péri dans la catastrophe du barrage de Malpasset. Le jeune couple de 17 et 18 ans, à peine fiancés et qui devait se marier le 9 décembre devait écrire une page tragique de son histoire lors de la rupture du barrage de Malpasset. Le jeune promis, Frédéric André Capra  avait été tué en tentant de sauver sa future belle-mère . Elle attendait aussi un enfant de lui. Suite à ce drame, une loi organisant les mariages posthumes fut votée.

 

Irène Jodar et sa sœur

 

 


Sources
 : http://www.passionprovence.org – article d’après différentes publications dont notamment « La catastrophe de Malpasset en 1959 » de Franck Bruel.

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