BRÈVE HISTOIRE DU DAUPHINE AVANT SON RATTACHEMENT AU ROYAUME DE FRANCE







Brève histoire du Dauphiné avant son rattachement au Royaume de France



A l’âge du Bronze, les Ibères, puis les Ligures remontent la côte méditerranéenne et occupent la Haute-Durance et le Briançonnais.

A l’âge du Fer, les Celtes se fixent le long de la vallée du Rhône. Une de ces peuplades, les Allobroges, va étendre son influence du sud du Grésivaudan jusqu’aux rives du Léman. Leur capitale, Vigenna ou Vienna (Vienne), est le débouché naturel de tout l’arrière-pays sur le grand axe de circulation qu’est le couloir rhodanien. Agriculteurs, chasseurs et guerriers, les Allobroges semblent avoir été le peuple le mieux organisé. Leur territoire sera divisé sous le Bas-Empire au profit de deux nouvelles cités, Cularo (Grenoble) et Genava (Genève). Cularo, grâce à sa position stratégique, prend rapidement de l’importance et devient Gratianopo-lis (du nom de l’empereur Gratien).

De l’autre côté de l’Isère se trouvaient les Voconces, avec pour capitale Luc-en-Diois, puis plus tard, Die.

Les Vertacomacores occupaient une enclave en pays voconce et donnèrent leur nom au Vercors.

Une multitude de petites peuplades se répartissaient les autres territoires : les Tricastin, les Caturiges (Haute-Durance), les Ucenni (Oisans), les Cavares (de Valence à Montélimar).





Après la conquête de la Gaule par les Romains, le pays fut divisé en quatre provinces : la nôtre s’appellera Provincia ou Narbonnaise.

Vers 250, la Provincia fut divisée en trois parties : la Viennoise, avec capitale Vienne ; la Première Narbonnaise, avec Narbonne ; la Deuxième Narbonnaise, avec Aix. Embrun, avec un territoire allant jusqu’à Nice, formait la province des Alpes Maritimes.



Les Burgondes


Puis surviennent les sanglantes invasions des barbares du nord. Vers 412, ce sont les Wisigoths, qui pillent Montélimar et Valence. Puis, venus de Germanie et poussés en avant par les Huns, les Burgondes. A mesure que la puissance romaine s’affaiblit, celle des Burgondes grandit au nord et au sud. Entre 490 et 516, ils sont à leur apogée. Puis c’est le déclin, après la bataille de Vézeronce, près des Abrets, le 21 juin 524, entre Glodemar, roi des Burgondes, et les fils de Clovis.


Période franque : 534 à 879


Le Dauphiné passe sous la domination franque, pendant plus de 300 ans : rois mérovingiens, puis carolingiens.

Vers 572, les Lombards envahirent l’Embrunais où ils furent battus près de Guillestre. Puis ils réapparurent vers 574 en s’avançant sur Embrun, Valence et Grenoble. Ils furent repoussés par Mummol au-delà des Alpes.

Une autre invasion fut celle dite des Sarrasins, venus d’Espagne et d’Afrique sur la côte provençale, remontant le long du Rhône et dévastant le Valentinois et le Viennois. Puis, se dirigeant vers l’est, ils occupèrent les principaux passages des Alpes, jusque vers le Xe siècle. Notons que cette invasion est souvent contestée dans son importance par de nombreux historiens ; il s’agit plus probablement de raids que d’une occupation permanente. Mais elle n’en demeure pas moins vivante dans l’âme populaire.

Au moment du partage de l’empire de Charlemagne entre ses fils (traité de Verdun en 843), notre région revint à Lothaire. Ce nouveau royaume de Lotharingie sera partagé à sa mort en 855 entre ses trois fils : à Charles revinrent la Provence, le Viennois et le Lyonnais. Ainsi se constitua le royaume de Provence ou de Bourgogne.



Royaume de Provence ou de Bourgogne : 879 à 1032


Un certain nombre de seigneurs et de prélats demandèrent au comte Boson d’accepter la charge royale. Ainsi le royaume de Provence comprenait-il le comté du Viennois, le Lyonnais, la Maurienne, la Tarentaise, le Vivarais, Grenoble, Die, Embrun, Arles, Aix. Ce nouvel état avait pour centre politique Vienne et s’étendait le long de la vallée du Rhône depuis Lyon jusqu’à la mer.

Après Boson mort en 887, lui succèdent son fils Louis l’Aveugle, puis Charles Constantin, puis Rodolphe Ier qui gouverne le royaume de Bourgogne Transjurane. En 933, Provence et Bourgogne transjurane forment le 2e royaume de Bourgogne ou  » Royaume d’Arles et de Vienne « .

Sans enfant, Rodolphe III (993-1032) légua ses états à Conrad II le Salique, empereur d’Allemagne. Notre province se trouva ainsi rattachée au Saint-Empire-Romain-Germanique. Mais les empereurs n’y exerçaient aucune autorité réelle, car en plus de l’éloignement géographique, les seigneurs locaux voyaient leur puissance augmenter en même temps que l’insécurité. Ainsi, les Adhémar de Monteil, les Odilon, les Alleman, les Beaumont, les Béranger de Sassenage, les Mévouillon, les Clermont, les Monteynard, etc…




Le Royaume de Bourgogne


Les Dauphins de la première race: 1029 – 1162 – Maison d’Albon


En 1029, l’archevêque de Vienne, Brochard, promu comte du Viennois en 1023 par la reine Hermengarde, donna par testament la partie méridionale de son comté et la partie septentrionale à son beau-frère Humbert aux Blanches-Mains, comte de Maurienne, mais sans établir de limites précises, à Guigues, sire de Vion, dont le château se situait sur la rive droite du Rhône, près de Tournon. Il vint alors s’installer sur la rive gauche du fleuve, à Albon, qui allait devenir l’embryon du futur Dauphiné.

Guigues Ier dit le Vieux (1030-1070) désira accroître son territoire. Il épouse la fille du seigneur de Clérieux-sur-Herbasse, puis reçoit le Briançonnais de l’empereur Henri III. En 1050, il acquiert le Grésivaudan, qui comprenait aussi l’ Oisans, le Trièves, la Matheysine, le comté de Tullins, la vallée de la Romanche et Grenoble. Considéré comme le fondateur du Dauphiné, Guigues Ier se retira à la fin de sa vie à l’abbaye de Cluny, où il mourut en 1062.

Guigues II dit le Gras, son fils, lui succède. Il épouse à 45 ans Agnès de Bérenger, fille du comte de Barcelone. Il est inhumé en 1080 dans le prieuré de Saint-Robert-de-Cornillon qu’il avait fondé.

Son fils, Guigues III dit le Comte (1080-1125) lui succède. On le connaît surtout pour les luttes qu’il dirigea contre l’évêque de Grenoble, saint Hugues. En 1084, saint Bruno fondait le couvent de la Grande-Chartreuse. Il épousa la fille du roi d’Angleterre, Mahaud. Son fils aîné étant mort, c’est le cadet qui succéda à son père en 1133.

Guignes IV dit le Dauphin fut le premier à porter ce nom que lui avait donné sa mère – c’est l’hypothèse la plus plausible parmi d’autres, entre lesquelles les historiens continuent à discuter – en souvenir d’un de ses cousins anglais prénommé  » Dolfin « . On donnera désormais aux comtes d’Albon le nom de Dauphins du Viennois. Il épousa Clémence de Bourgogne, dont la nièce fut l’épouse de l’empereur Frédéric Barberousse.

Les territoires du nouveau Dauphin comprenaient ceux de princes-évêques et surtout des enclaves appartenant à son voisin, le comte de Savoie, dont les possessions formaient une longue bande territoriale partant du nord de Lyon et de Vienne jusqu’à Grenoble. Beaucoup de seigneurs étaient d’ailleurs vassaux des deux Maisons princières. Guigues IV décida de régler le problème par les armes. En 1142, il rassemble une petite armée et assiège les remparts de Montmélian. Grièvement blessé au cours d’un assaut, il mourut peu après au village de La Buissière.

Son fils Guigues V se fixa pour objectif de venger son père en allant ravager les terres de Savoie. C’est l’archevêque de Vienne qui parvint à faire signer un armistice. Guigues V mourut jeune, en 1162, à Vizille, sans descendant mâle. C’est sa mère,  » la Grande Dauphine « , qui prit en mains le gouvernement du Dauphiné. Avec Guigues V s’éteignait la descendance en ligne directe du modeste sire de Vion: le dernier dauphin de la branche des comtes d’Albon ou de la Première Race.


Les Dauphins de la deuxième race : 1162 – 1282 Maison de Bourgogne



L’épouse de Guigues IV choisit pour sa petite-fille Béatrice un mari assez puissant pour défendre l’héritage des comtes d’Albon : Albéric Taillefer, fils de Raymond V, comte de Toulouse, qui mourut sans lui avoir donné d’enfants, en 1182. Béatrice se remaria alors avec Hugues III, duc de Bourgogne, dont elle eut un fils, André, qui allait devenir Guigues VI, le premier des Dauphins de la Deuxième Race appelés aussi Dauphins de la Maison de Bourgogne.

Il avait 9 ans quand son père mourut à Tyr, en 1193, pendant la 3e Croisade. Guigues VI établit sa suzeraineté sur Saluces et Pignerol, sur le versant italien des Alpes. En 1202, sa deuxième épouse, la petite-fille du comte de Forcalquier, lui apportait en dot l’Embrunais et le Gapençais. Toujours sans enfant, il se remarie avec Béatrice de Montferrat dont il eut un fils et deux filles. Il fonda à Grenoble la collégiale de Saint-André. – La Collégiale des Dauphins abrita jusqu’en 1349, outre leurs tombeaux (détruits au XVIe siècle pendant les Guerres de Religion), les insignes delphinaux : épée et étendard de saint Georges, sceau des dauphins – . Il mourut en 1236 . C’est sous son règne qu’eut lieu dans la nuit du 14 au 15 septembre 1219 la terrible inondation qui ravagea Grenoble. Causée par la rupture de la digue du lac St-Laurent, sur la Romanche, elle provoqua la mort de milliers de Grenoblois.

Guigues VII poursuivra la politique de son père, c’est-à-dire l’accroissement de ses territoires. En 1241, il épouse Béatrix de Savoie, fille du comte Pierre II, qui lui apporte en dot le Faucigny et le Beaufortain. Ces terres lointaines seront plus tard source de sanglantes guerres avec la Savoie. En 1263, Guigues VII acheta Allevard et son mandement. Son règne fut troublé par de nombreux conflits entre les seigneurs laïcs et ecclésiastiques et les villes qui aspiraient de plus en plus à obtenir des franchises communales. Le territoire fut divisé en bailliages, avec baillis, juges-mages et procureurs fiscaux. Il fut le premier à avoir remplacé par un dauphin le château surmonté de trois tours crénelées dans le sceau de la famille d’Albon.

Son fils aîné, Jean, n’avait que 6 ans quand son père mourut en 1270. Il devint le dauphin Jean 1er ; il épousera à 16 ans Bonne de Savoie, fille d’Amédée V. Il mourut peu après, sans enfant. Avec lui s’éteignait en 1282 les Dauphins de la Deuxième Race.


Les Dauphins de la troisième race : 1283 – 1319


La fille aînée de Guigues VII et de Béatrix de Faucigny, Anne, épousa Humbert de La Tour, héritier de la baronnie de La Tour-du-Pin. Commençait avec lui la Troisième et dernière Race des Dauphins. Humbert 1er poursuivit la politique d’expansion territoriale de ses prédécesseurs : baronnie de Sassenage, héritage de la baronnie de Montauban (Nyons)… Il est le premier dauphin à avoir son nom et son titre inscrits sur les monnaies. Pour la première fois, les possessions du dauphin sont désignées sous le nom de Dauphiné.

Son règne fut marqué par de nombreuses guerres. A Robert de Bourgogne qui contestait sa légitimité, il abandonna ses terres de Bresse, au- delà de l’Ain. En 1299, les hostilités reprirent en Grésivaudan, Viennois et Faucigny, qui se terminèrent par le traité de Villard-Benoît en 1314. Entre temps, Humbert Ier mourait en 1307, à la chartreuse de Laval-Sainte-Marie, où il s’était retiré.

Son fils Jean de La Tour lui succéda sous le nom de Jean II ; il épousa Béatrice de Hongrie, fille de Charles-Martel. C’est sous son règne que se tint en 1311 le concile de Vienne qui supprima l’Ordre des Templiers : on attribua leurs biens (très nombreux en Dauphiné) aux Chevaliers de Malte. Jean II agrandit encore les territoires avec la baronnie de Mévouillon, avec la ville de Buis qui devint Buis-les-Baronnies. Il institua les gouverneurs chargés de représenter le dauphin, d’organiser l’armée, de présider le Conseil Delphinal. Il mourut le 5 mai 1319, à 38 ans, au Pont-de- Sorgues.


Guigues VIII : 1319-1333


Le fils aîné de Jean II, Guigues, n’avait que neuf ans lorsqu’il succéda à son père, sous la régence de son oncle, Henri de La Tour. En 1319, à l’âge de 13 ans, il devient dauphin et prend le nom de Guigues VIII. Il épouse Isabelle de France, en 1320, fille du roi Philippe V le Long. Le couple s’installe à Beauvoir-en- Royans, demeure favorite des dauphins.

Surnommé le  » François Ier du Dauphiné « , Guigues VIII, dont les talents étaient multiples, se distingua par son goût pour les Lettres. Mais son règne a été dominé par les luttes incessantes avec la Maison de Savoie. Jalonnée de châteaux-forts, la frontière savoyarde s’avançait à l’intérieur des terres dauphinoises, englobant St-Jean-de-Bournay, Heyrieux, La Côte-St-André, Rives, Voiron et St-Laurent-du-Pont. Jusqu’en 1324, se déroulera une guerre féodale faite tour à tour de sièges et d’expéditions. La victoire du dauphin à Varey, en 1325, alors qu’il n’était âgé que de 16 ans, lui avait acquis la renommée.

En 1328, il se retrouva en Flandres dans l’armée de Philippe VI et prit part à la bataille de Cassel.

Fort de son prestige auprès de ses troupes, Guigues VIII entreprit de reconquérir ses terres contre les Savoyards. Il résolut tout d’abord de s’emparer du fort de La Perrière, situé sur la commune de St-Julien-de-Ratz. Alors qu’il allait l’emporter, il voulut pousser une dernière reconnaissance dans les fossés du château et reçut un trait d’arbalète. Il mourut le lendemain, le 23 juillet 1333. Furieux, les Dauphinois prirent d’assaut le fort, le brûlèrent et le rasèrent. C’était le second dauphin qui mourait en combattant les Savoyards.


Humbert II : 1333-1349


Guigues VIII n’ayant pas eu d’enfant, c’est son frère cadet Humbert, âgé de 21 ans, qui va lui succéder. Il vivait à la cour fastueuse de Naples chez son oncle, Robert, roi de Sicile. C’est avec beaucoup de regrets qu’il regagne le Dauphiné avec son épouse, Marie des Baux, et leur fils André, âgé d’un an. La famille s’installe au château de Beauvoir-en-Royans où Humbert organise des fêtes somptueuses. Mais il eut la douleur de perdre son fils unique en 1335.

Le premier acte officiel de Humbert II fut le traité de mai 1334 qui accordait à la Savoie, pourtant vaincue, la totalité des sommes qu’elle réclamait. Ce qui eut pour effet de grever la tré­sorerie delphinale déjà mal en point.

En 1337, il reconnut le Rhône comme frontière entre les états savoyards et dauphinois. En 1339, il prenait Pont-en-Royans aux Béranger, et en 1342, il entrait dans Romans, réalisant ainsi le rêve de Guigues Ier, c’est-à-dire la constitution d’un état indépendant allant du Rhône aux Alpes.

Le 1er mars 1336, il institue dans son château de Beauvoir un Conseil Delphinal, transféré en 1337 à St-Marcellin et finalement installé à Gre­noble en 1343. En 1453, il prendra le nom de Parlement de Grenoble par décision du dauphin Louis II, le futur Louis XI.

Dans un souci de centralisation, Humbert II conféra à la Chambre des Comptes sa forme définitive et son rôle qui consistait à comptabili­ser les biens domaniaux et à en conserver les droits.

Ami des Lettres et des Arts, il fonda, de ses propres deniers, l’Université de Grenoble en 1339, sur le modèle de celle qu’il avait connue à Salernes, près de Naples.

Il confirma dans ses droits le Grand Escarton de Briançon, petite république de montagne aux nombreux privilèges.

Il partit en expédition en Terre Sainte, mais en revint après la mort de son épouse à Smyrne en 1346. Ses besoins d’argent de plus en plus pressants le poussaient à s’endetter toujours davanta­ge. Totalement désemparé, il chercha à réaliser le désir qu’il avait déjà eu après la mort de son fils : vendre le Dauphiné. Ce sera « Le Transport du Dauphiné« .


Le  » Transport  » du Dauphiné à la France


En 1342, Humbert II avait déjà fait des ouver­tures en direction de la monarchie française. Des négociations s’étaient engagées et trois traités successifs furent signés: un premier projet fut rédigé à Villeneuve-lès-Avignon le 23 avril 1342 qui prévoyait qu’à sa mort, le Dauphiné reviendrait en apanage au fils aîné du roi de France. Le 7 juin 1344, un traité confirmait ce projet ; mais aucun des deux ne fut exécuté.

Un troisième et dernier traité fut conclu à Romans le 30 mars 1349 et signé officiellement à Lyon le 16 juillet suivant, dans le couvent des Jacobins. Cet acte solennel prenait effet, lui, immédiatement : le Dauphiné était  » transporté  » à la France et revenait à Charles, fils aîné du duc de Normandie, Jean le Bon, alors âgé de 12 ans, et futur Charles V.

Humbert II reçut 200.000 florins en or et fut doté d’une pension annuelle de 4.000 florins.

Avant de céder son royaume, Humbert II avait publié le fameux  » Statut Delphinal « , Constitu­tion de 53 articles qui assurait aux Dauphinois le maintien de leurs franchises et de leurs privilèges, les exonérant de tailles et impôts, de droits de péages et de gabelle, etc… Chaque Dauphin devait jurer, à son avènement, de les maintenir.

Humbert II entra chez les Dominicains. Il mourut subitement en 1355, à l’âge de 45 ans, en se rendant en Avignon, lors de l’étape de Clermont-Ferrand. Son corps fut ramené à Paris et il fut inhumé dans l’église du couvent Saint-Jacques dont il était prieur. Avec lui s ’éteignait le dernier descendant des Dauphins de la Troisième Race.


Le dauphin Charles Ier (1337-1380)

Le Dauphiné revint donc au petit-fils de Philippe VI de Valois, Charles Ier, qui épousa à Tain en 1350, Jeanne de Bourbon. Mais il ne resta que quelques mois.

En 1354, la guerre avec les Savoyards se ralluma : des combats eurent lieu dans le Bugey, le Pays de Gex et aux Abrets. Par le traité de Paris du 5 janvier 1355, le dauphin abandonnait le Faucigny à Amédée VI, ses enclaves situées à l’ouest du Guiers.

Les fils aînés des rois de France, vrais proprié­taires du Dauphiné, vinrent rarement dans la province de Dauphiné. Demeurant à Paris, les dauphins avaient confié l’administration du pays à un gouverneur, haut-personnage de la Cour, assisté et secondé par un lieutenant-général qui lui, devait être d’origine dauphinoise.

Les Etats Provinciaux, assemblée des notables des Trois Ordres (clergé, noblesse, tiers-état) se réunissaient régulièrement pour défendre les intérêts généraux de la Province.


Le Dauphin Louis II (1423-1483)


Premier et seul dauphin à avoir gouverné personnellement le Dauphiné, le fils aîné de Charles VII, Louis II, futur roi Louis XI, s’installa à Grenoble en 1446. Il instaura un régime autoritaire, réclamant hommage aux seigneurs et retirant leur pouvoir temporel à l’archevêque de Vienne et aux évêques de Grenoble, Valence, Die et Gap. Il acquit la totalité du Valentinois et du Diois, jusque-là propriétés des Poitiers.

Il réforma profondément l’administration et créa en 1447 une chancellerie delphinale. Il fonda en 1452 une université à Valence et entreprit la construction du palais des Dauphins à Grenoble. En 1453, il transforma le Conseil Delphinal en Parlement du Dauphiné, le troisième de France, après Paris et Toulouse.

Reniant le  » Statut Delphinal  » en 1451, il leva des impôts, établit la gabelle et imposa la taille. Poursuivant son  » essai des théories gouverne­mentales « , il soutint le commerce et l’industrie, réforma la fiscalité, protégea les banquiers, confirma les franchises de Grenoble, organisa un service de santé.


Le « transport » du Dauphiné à la France



Peu à peu, le Dauphiné devenait  » un état séparé et bien distinct de la France « .

Lorsque le roi de France vit son fils lever des troupes, il envoya aussitôt une armée pour reprendre possession du Dauphiné, en 1456. Plu­tôt que se soumettre, Louis II alla se réfugier en Bourgogne chez son oncle Philippe le Bon, enne­mi de son père. Le roi arriva alors en Dauphiné, convoqua ses États à Vienne, et obtint d’eux le serment de fidélité.

L’autonomie du Dauphiné prenait fin ; c’est seulement en 1456, que l’union de 1349 avec la France devenait véritablement effective.



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