LA BATTEUSE

La batteuse

 

Tout le monde connaît la batteuse. Si, jusque dans les années 60, elle faisait partie de la vie de nos campagnes, aujourd’hui, elle renaît l’été dans les nombreuses fêtes des battages. Mais connaît-on son histoire ?

 

 

Pour autant, l’arrivée de la batteuse au XIX° siècle va donner naissance à bien d’autres traditions et il y en a peut-être encore parmi nous qui se souviennent des grandioses cortèges avec en tête la batteuse, la locomobile, la presse et autres accessoires suivis des journaliers qui louaient leurs bras de ferme en ferme pour battre le grain.

Qu’est qu’une batteuse ? Les Parisiens appellent ça « une machine à battre » ! C’est bien cela, cette machine qui fit disparaître le battage du grain au fléau sous le portail de nos granges

 Une batteuse désigne une machine agricole utilisée pour séparer le grain de la paille et de la balle. Employée pour battre les céréales, cette machine a remplacé un travail réalisé à la main pendant des siècles, un travail long, pénible, prenant un temps considérable et demandant beaucoup d’effort et souvent fait avec l’aide des animaux.

L’invention de la batteuse posait le problème de la force motrice ; le moteur existait déjà, mais le moteur à vapeur ou à explosion était encore rare et le moteur électrique était impossible par défaut de réseau électrique. Ne restait alors comme force motrice que le muscle humain et le trait animal. Pour une batteuse était activée par des hommes, se trouvait sur le côté de la machine une grande manivelle était tournée par deux hommes. L’utilisation de la force de trait animal se fit par le moyen du manège ; sous un hangar derrière la grange était installé un carrousel, activé par deux chevaux qui tournaient en rond ; le mouvement rotatif ainsi acquis était transmis par engrenage et vilebrequin à la batteuse installée dans l’aire d’une grange.

 

Une batteuse utilisant la force animale en 1881.

 

Le principe du battage mécanique a été inventé en 1784 par un ingénieur écossais, Andrew Meikle. Il a permis un énorme progrès de productivité dans l’agriculture. C’est l’américain Cyrus McCormick qui obtint le brevet de la moissonneuse mécanique, en 1834. Un autre américain, Hiram Moore obtint le brevet de la moissonneuse-batteuse la même année.

 

 

 

En 1866, Célestin Gérard construit la première batteuse mobile de France. Artisan de génie et modeste fils d’agriculteur venu des Vosges en 1847, il fondera à Vierzon son premier atelier qui deviendra une cinquantaine d’années plus tard, la Société Française de Matériel Agricole et Industriel, connue aussi sous le patronyme de « La Française ».

A André Grusenmeyer on attribue l’invention de la batteuse, mais en tout état de cause , il en améliora le fonctionnement. Malheureusement Grusenmeyer n’a pas fait breveter ses premières inventions et c’est seulement très tard qu’il s’est laissé convaincre à faire cette démarche. Trois brevets pour l’amélioration de la batteuse ont été déposé.

     L’un, daté du 05/02/1878 , concerne un dispositif qui permet à la batteuse d’éjecter la paille non broyée ; jusqu’à présent, dit le texte du brevet, les batteuses en usage rendent une paille complètement broyée de sorte qu’elle est inapte à beaucoup d’usages et qu’elle n’a que le tiers de la valeur de celle livrée par la machine de Grusenmeyer.

     L’autre brevet daté du 06/02/1889, prévoit un nouveau dispositif qui permet à la batteuse de réaliser la parfaite séparation du grain, de la paille et des saletés, sans que ce dispositif nécessite une construction compliquée ou de grandes dimensions. Ces deux inventions brevetées ont largement contribué au perfectionnement de la machine-batteuse.

Enfin un troisième déposé à Paris.

L’organe principal de la batteuse est constitué par le batteur cylindrique tournant, entouré d’une grille fixe, le contre-batteur. La récolte est engagée entre les deux pièces et sous l’effet du mouvement, les épis sont brisés et les grains ainsi qu’une partie de débris, balles et poussières, passent à travers le contre-batteur. La vitesse de rotation du batteur ainsi que l’écartement entre batteur et contre-batteur sont réglés en fonction de l’état et des caractéristiques de la récolte.

La paille après avoir traversé le batteur passe sur des secoueurs qui permettent de récupérer les grains encore mélangés à la paille, qui passent à travers un crible et rejoignent ceux récupérés par le batteur. La paille est gardée sur la piste Le mélange de grains et de balles est ensuite soumis à des opérations de nettoyage : criblage, vannage, puis un élévateur remonte les grains nettoyés vers le haut de la machine avant qu’ils subissent un second nettoyage et de passer à l’ensachage.

L’ensemble du système de battage peut être modulé en fonction des récoltes à effectuer.

 En général, la batteuse qui est à poste fixe, est actionnée au moyen de poulies et courroies par une machine à vapeur fixe, ou une locomobile ou par la prise force d’un tracteur agricole. Ce système impose de rassembler la récolte, précédemment mise en gerbes puis en meules, en un seul point, généralement proche de la ferme.

La batteuse sera remplacée par la moissonneuse-batteuse qui réalise simultanément la moisson et le battage et a presque totalement remplacé la batteuse dans les pays industrialisés. Le principe du battage est cependant toujours le même. Les premières moissonneuses-batteuses ont été construites en Europe à partir de 1908.

Alors que les machines actuelles sont automotrices, les premières moissonneuses-batteuses apparues sur le marché étaient tractées par un tracteur et actionnées par la prise de force. La première moissonneuse-batteuse automotrice apparaît sur le marché en 1953. La moissonneuse-batteuse en supprimant toutes les manipulations intermédiaires a engendré à nouveau un important gain de productivité.

Au fait : à ce sujet savez-vous que

Avec des outils à main, un homme met 20 jours pour labourer un acre (environ 30 à 40 ares).
Avec une attelée de 2 chevaux, il met à peine une journée, avec un tracteur de 25 chevaux, le travail est fait en une heure.

Pour qu’un hectare de blé soit fauché et lié en 1 heure il fallait :

    • vers 1750, à la faucille, 40 à 50 hommes;

    • vers 1830, à la faux, 25 à 30 hommes;

    • vers 1905, à la moissonneuse lieuse, 1 à 2 hommes

    • en 1950, à la moissonneuse batteuse, il suffit d’un homme

 


Quelques constructeurs de batteuses…

 

SFV, Albaret, Braud, Breloux, Brouhot, Merlin, Vandeuvre …. et d’autres moins connues de fabrication régionale Garin, Dupuis ….

 

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