L’EXODE RURAL EN FRANCE



L’exode rural en France



L’exode rural désigne dans le langage courant le départ massif de populations rurales, essentiellement des jeunes en âge de fonder une famille, à destination des villes, motivé par la recherche d’un travail ou de meilleures conditions de vie. La connotation négative du terme  » exode  » lui fait préférer aujourd’hui celle de migration rurale.

Cette migration des populations vivant à la campagne vers les zones urbaines se répète de nombreuses fois dans l’Histoire et dans tous les pays.

Jean Ferrat dans  » La montagne « , l’a très bien chanté.


 » Ils quittent un à un le pays

Pour s’en aller gagner leur vie

Loin de la terre où ils sont nés

Depuis longtemps ils en rêvaient

De la ville et de ses secrets

Du formica et du ciné  » 


Quelle que soit l’époque, les causes de l’exode rural sont multiples. Soit une pression démographique trop forte : les terres sont trop petites pour pouvoir nourrir toute la famille (baisse de la mortalité,vieillissement de la population). Soit les conditions climatiques sont particulièrement mauvaises, ce qui entraîne de mauvaises récoltes ; les agriculteurs n’ont donc pas de quoi, nourrir toute leur famille. Soit une nouvelle organisation du travail, comme celle qui a eu lieu lors de la mécanisation de l’agriculture ( augmentation de la productivité agricole qui diminue la main-d’œuvre nécessaire), qui a limité le recours à la main d’œuvre ; ainsi, les ouvriers agricoles se sont retrouvés sans emploi (déclin de l’emploi industriel rural) et sont partis à la ville pour trouver du travail dans les usines qui avaient un besoin grandissant de main-d’œuvre dans les zones urbaines (industrie notamment), Par ailleurs, les disparités entre la vie en ville et la campagne ont toujours été très importantes avec des conditions de vie meilleures en ville. : écoles, hôpitaux, clientèle pour les commerces, se trouvent plus facilement à la ville. La ville porte des promesses de prospérité ou, tout au moins, de meilleures conditions de vie. De plus, en période de guerre ou d’insécurité, la ville apparaît comme un refuge beaucoup plus sûr que la campagne et ses fermes isolées.

Quand les campagnes commencent à se désertifier, c’est la mise en place d’un cercle vicieux : il y a de moins en moins de population, les commerces et les services publics qui restent encore finissent par fermer eux aussi, il n’y a plus de travail et les personnes encore capables de travailler partent à leur tour, ne laissant dans le village que les personnes âgées qui ne veulent pas s’éloigner de leur lieu de naissance et de vie. Dans les villes, d’autres conséquences s’ensuivent également : il devient de plus en plus difficile de trouver un logement, les femmes sont obligées de travailler hors de la maison (à la campagne, elles travaillent à la ferme). De plus, il n’est pas toujours facile de s’intégrer à la vie citadine : l’apprentissage d’un nouveau métier, le changement dans les rapports humains, la pollution, la petite taille des appartements, la place de l’argent, peuvent rendre l’adaptation malaisée. L’exode rural peut provoquer des crises du logement, pouvant conduire à l’instauration de bidonvilles.

L’exode rural, caractéristique de la révolution industrielle, a touché l’Angleterre au XVIIIe siècle et le reste de l’Europe à partir du XIXe siècle. De nos jours, l’exode rural concerne surtout les pays en développement où les campagnes surpeuplées alimentent une importante migration vers les villes en forte croissance. L’exode rural n’a pas eu lieu uniquement au profit de grands centres urbains, il a aussi été un réservoir pour l’émigration vers les colonies jusque vers 1930.

Mais il s’est particulièrement accentué en Europe au moment de la révolution industrielle du XIXe siècle et, en France, a atteint son apogée dans les années soixante. L’exode rural s’accélère à partir des années 1850, prenant le pas sur la croissance naturelle de la population rurale, si bien que l’égalité entre population urbaine et population rurale est observée en 1930.






Au milieu du XIXe siècle, la population française est très majoritairement rurale : 26,4 millions de personnes (soit 75,6 % de la population) vivent dans des espaces ruraux et 8,5 millions (soit 24,4 % de la population) dans des espaces urbains. Dans la quasi-totalité des départements, la majorité de la population est rurale, à l’exception de la Seine (4,6 %), des Bouches-du-Rhône (27,1 %), du Rhône (48,7 %) et du Var (49,3 %).
Au milieu du XIXe siècle, la population française est très majoritairement rurale : 26,4 millions de personnes (soit 75,6 % de la population) vivent dans des espaces ruraux et 8,5 millions (soit 24,4 % de la population) dans des espaces urbains. Dans la quasi-totalité des départements, la majorité de la population est rurale, à l’exception de la Seine (4,6 %), des Bouches-du-Rhône (27,1 %), du Rhône (48,7 %) et du Var (49,3 %).

À partir de 1846, date à laquelle la Statistique générale de la France (SGF) commence à indiquer le nombre d’habitants dans les espaces urbains et ruraux dans ses recensements, on observe une diminution continue de la part de la population rurale, qui se poursuit au cours du XXe siècle. Ce phénomène, qualifié « d’exode rural », s’explique par les crises successives qui ont touché le secteur agricole au cours du XIXe siècle, notamment la crise de 1846-1847 provoquée par des aléas climatiques, et l’épidémie de phylloxéra qui touche le secteur viticole à la fin du XIXe siècle. Par ailleurs, le déclin de l’artisanat rural, l’évolution des techniques agricoles et le développement de l’industrie dans les villes — secteur qui offre généralement des salaires plus élevés — ont contribué à l’amplification des départs vers les espaces urbains. À cela s’ajoutent également des raisons sociologiques : un moindre intérêt pour le travail agricole du fait de sa pénibilité, des conditions de vie moins confortables qu’en ville, une crainte du célibat suscitée par le départ des jeunes femmes vers les villes, le souhait de ne plus cohabiter avec les parents et un désir d’ascension sociale. La mécanisation de l’agriculture a également entraîné une baisse de la main-d’œuvre nécessaire pour le travail agricole. Entre 1851 et 1891, la population active dans le secteur agricole a ainsi diminué de plus de moitié, passant de 14,3 millions à 6,5 millions d’actifs (-54,5 %). Ces chiffres sont toutefois à considérer avec précaution, car la population active agricole aurait largement été sous-estimée dans les recensements de la fin du XIXe siècle, probablement du fait d’une instabilité de la définition des actifs agricoles. Concomitamment, l’émergence du chemin de fer a pu contribuer à faciliter la mobilité de la population sur le territoire, mais son importance dans la croissance démographique des villes ne doit pas être exagérée.

À partir de 1870 on compte 100 000 départs par an. Entre 1876 et 1881 la baisse des prix agricole et la crise du phylloxera accélère l’exode qui passe à 160 000 départ par an. Après 1880, les flux se tassent quelque peu mais le mouvement continue d’être alimenté par l’attrait des villes et leurs salaires plus élevés conjugué avec la perte d’emplois ruraux du fait de l’accroissement des rendements agricole .

Tous les territoires n’ont pas été touchés au même moment et avec la même ampleur par l’exode rural. Si l’on s’en tient à l’analyse de l’évolution de la part de la population rurale entre 1846 et 1911, on observe une diminution pour l’ensemble des départements. Cette dernière est toutefois plus marquée dans les départements bénéficiant d’un essor industriel, majoritairement situés dans une partie du Nord et de l’Est de la France (-28,9 points de % pour la Loire, – 28,7 points pour le Nord, – 26,9 points pour le Pas-de-Calais, – 24,4 points pour le Rhône) ou d’une forte urbanisation (- 34,4 points de % pour la Seine-et-Oise et -21,9 points pour la Gironde).

En 1911, 22,1 millions de Français (soit 55,8 % de la population) vivent dans les campagnes et 17,5 millions (soit 44,2 % de la population) dans les villes. Entre 1846 et 1911, les campagnes ont donc perdu 4,3 millions d’habitants au profit des villes. Le nombre de départements dont la population est majoritairement urbaine a quadruplé, passant de quatre à seize.

Entre 1911 et 1921, la population totale diminue de plus de 5 %, mais ce sont surtout les campagnes qui voient leur population décroître de plus de 1,9 million de personnes (soit -8,9 % de la population rurale), tandis que sur la même période, la population urbaine diminue de 128 500 personnes (soit -0,7 % de la population urbaine)7. Outre la poursuite du phénomène d’exode rural au début du XXe siècle, cette forte diminution est principalement une conséquence
des nombreuses pertes humaines que la France a subies pendant la Première Guerre mondiale (plus d’un million de décès).

Après la Première Guerre mondiale, la diminution de la population rurale et la concentration de la population dans les villes s’amplifient. Entre 1921 et 1936, la population française devient pour la première fois de son histoire majoritairement urbaine : 52,9 % des Français vivent dans des espaces urbains en 1936. En 1968, soit un peu plus de 30 ans plus tard, les territoires ruraux ne comptent plus que 14,9 millions d’habitants (soit 30 % de la population). À l’inverse, 34,8 millions de Français (soit 70 % de la population) vivent dans des territoires urbains.

En France, le dernier mouvement d’exode rural a commencé après 1945 où il concerne l’ensemble du territoire. La population rurale entame une décroissance ininterrompue jusqu’en 1975, où le mouvement s’inverse. Le départ de la population vivant de l’agriculture a été le premier responsable de l’exode, si bien qu’en 1985, la population active agricole ne représente plus que 8,2 % de l’ensemble de la population active,

Ce dernier courant a contribué à l’exode rural des régions de l’Ouest , qui avaient réussi à conserver leurs populations, par l’effet conjugué de structures familiales très encadrées par l’Église, et d’une agriculture vivrière très autarcique. Dans certaines montagnes également, touchées plus tardivement en raison de leur isolement, l’exode rural s’accélère. Les montagnes méditerranéennes, en particulier, sont fortement touchées. La montagne corse a ainsi perdu 90 % de sa population entre 1960 et 1990. Les campagnes se sont vidées, les villes se sont développées. L’un des exemples les plus frappants est la région du Massif central : des villages entiers ont perdu leurs forces vives. La population décrût tôt et durablement;il n’est plus resté sur place que les personnes n’étant pas en capacité de travailler. L’Ardèche, avec un pic de population sous le Second Empire, de 388 500 habitants selon le recensement de 1861, perd ainsi, en un siècle, plus de cent quarante mille habitants, par émigration ou par dénatalité. « comme dans beaucoup d’autres régions où prévalait un système analogue, le déclin des industries en milieu rural entraîna celui de l’agriculture, et réciproquement. Le département de la Creuse a connu un dépeuplement d’environ 80 % entre 1900 et 2000. Le département fut bien sûr victime, comme le reste de la France, de la Première Guerre mondiale, mais c’est surtout le massif exode rural (avec un pic entre 1945 et 1975) qui l’a vidé de sa population, pour en faire aujourd’hui l’un des départements les moins peuplés de France.

On estime que dans les cinquante dernières années, certaines zones ont perdu jusqu’aux deux tiers de leur population.

Aujourd’hui, on assiste au phénomène inverse : l’exode urbain. La vie moderne a très clairement dégradé la qualité de vie dans les villes : la pollution, le stress, le temps perdu dans les transports, le prix des logements, sont autant de critères qui font fuir hors des centres-villes de plus en plus de Français. Dans les années soixante et soixante-dix, on a assisté à la création de cités-dortoirs, c’est-à-dire des villes nouvelles qui ne servaient finalement à leurs habitants que comme lieu de sommeil. Ces villes représentaient une sorte d’intermédiaire entre la ville et la campagne. Mais on constatait aussi qu’il n’y avait pas vraiment de vie sociale dans ces endroits. Aussi, plus récemment, les citadins n’hésitent plus à faire plusieurs dizaines de kilomètres matin et soir pour pouvoir habiter dans un village, loin du stress et de la pollution, où ils peuvent (re)créer une véritable vie sociale, avoir un petit jardin et finalement, retrouver leurs propres racines.

Car tout Français a forcément des origines paysannes, plus ou moins lointaines…






Sources :


http://geoconfluences.ens-lyon.fr/

https://www.observatoire-des-territoires.gouv.fr/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Exode_rural_en_France

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