LES MONTURES DE LA GENDARMERIE AU XIXe SIÈCLE

Les montures de la gendarmerie au XIXe

 

 

u XIXe siècle, il y avait des gendarmes à pied et des gendarmes à cheval. En 1977, ces derniers ne survivent que dans le cadre de la Garde Républicaine à Paris. Les gendarmes qui étaient à l’école de Mamers, en 1944, se souviennent du cours d’hippologie fait par un vieil adjudant :

– A cheval, sabre au clair, les coups sont les suivants : en avant, pour le cavalier qui vient en face ; à droite, pour le cavalier qui vient à droite ; à gauche pour le cavalier qui vient à gauche ; au sol, pour le cavalier tombé ; en l’air, pour un avion volant bas !




 

Les chevaux étaient encore utilisés au lendemain de la guerre de 1914-1918 et un écrivain français racontait que son père fit ses premières tournées à bicyclette , en compagnie d’un vieux gendarme à cheval.

 

Gendarmes à cheval vers 1910



Cheval et bicyclette ne firent pas toujours bon ménage, du moins si l’on en juge par un article de « l’Avenir de la gendarmerie nationale » du 25 mars 1896 : Il y a dans notre écurie, un cheval qui pousse à l’extrême l’horreur des machines ; seulement il a un façon particulière de manifester ses sentiments : de loin il chercherait à fuir , mais s’il est surpris par le voisinage de cette machine, il rue dans sa direction. Déjà il a failli atteindre deux ou trois pédaleurs imprudents…

Le cavalier dont cette bête est la monture désirerait savoir jusqu’où sa responsabilité serait engagée, si la dite monture tuait ou blessait un véloceman qui viendrait frôler son étrier ?

La bicyclette avait mis du temps à s’imposer, car il fallut d’abord convaincre les technocrates de l’époque. En 1891, une étude du Ministère de la Guerre fut défavorable. Plus avisé, « l’Echo de la Gendarmerie Nationale » écrit le 23 septembre 1894 : on peut facilement s’habitue rà voir un gendarme lancé sur une route à vélocipède. Ce sera une nouvelle gendarmerie montée dont les montures coûteront à peine un léger entretien, sans ventre et sans poumons, toujours dressées et infatigables.

Cependant, le reste de l’Armée adoptait de plus en plus la bicyclette et, le 17 mai 1896, le général de Saint-Mars écrivait dans une circulaire : L’ennemi du militaire, c’est le poids, et sa qualité suprême, c’est la mobilité. A ce double point de vue, la bicyclette est une machine merveilleuse qui réalise l’idéal. Le soldat emporté par ses deux roues d’acier, traverse l’espace comme un projectile intelligent, en dirigeant à volonté, au milieu des obstacles, sa rapide et sinueuse trajectoire. Son moteur, c’est justement la jambe humaine qui semble avoir été construite exprès pour la pédale.

Les ordres et les renseignements confiés au cycliste voltigent comme de légers oiseaux, sur l’échiquier de la bataille et sur toutes les zones voisine, sans compter les distances. Le service de la cavalerie est surpassé et l’emploi du télégraphe est complété.

Mais aussi, le cycliste est un facteur efficace de la lutte :soudain des groupes de tireurs habiles surgissent sur des points inattendus, puis disparaissent comme par enchantement. Les rideaux de couverture sont percés, la sécurité de l’ennemi est détruite, les communications sont bouleversées. Des évènements invraisemblables sont devenus faciles par la vitesse et l’imprévu.

Quand on se rappelle le vélocipède d’il y a vingt ans, que l’on compare ses résultats à ceux d’aujourd’hui, on est obligé de constater que, dans ce nouveau progrès, est déjà en germe une arme destructrice pour l’humanité…

Heureusement cette arme nouvelle pouvait également être utilisée de façon pacifique. Des gendarmes se servaient officieusement de leur vélocipède, mais ce n’est qu’en janvier 1899 que l’artillerie livra quelques bicyclettes qui furent mises à l’essai dans les brigades.

« L ‘Echo de la Gendarmerie nationale » du 6 août 1899 suggéra alors que, pour garantir les bicyclettes des gendarmes contre les rapts et enlèvements, un décret établisse une couleur spéciale et uniforme (rouge par exemple) qu serait réservée à l’armée. Etant entendu que les particuliers ne pourront en aucune façon avoir leurs instruments peints de cette couleur.


 Les premiers gendarmes à vélo en 1898



Le 18 janvier 1901, le général André, ministre de la Guerre, fit enfin connaître sa décision d’adopter la bicyclette pour le service de la gendarmerie à pied. Mais il y eut des critiques. « Le Journal de la Gendarmerie » du 14 juin 1901 affirmait que la discipline et la tenue souffriraient des facilités que donne la vélocipédie pour échapper à la surveillance des chefs ; que la santé des hommes seraient compromises trop souvent par les chutes, les refroidissements, les maladies que l’usage de la bicyclette occasionne ou développe.

Le premier modèle adopté, la bicyclette pliante du capitaine Gérard, comptait un dispositif permettant d’accoupler les machines par deux ; Ainsi « un gendarme complètement ignorant dans l’art de la pédale peut, sans aucun apprentissage préalable, monter et circuler à bicyclette avec un camarade cycliste. »

 

 


Par la suite les règlements voulurent que le jeune gendarme roule cinq mètres derrière son ancien qui, étant chef de patrouille, avait l’initiative des opérations.

On trouvait parmi les anciens de véritables « culs de plomb » dont les jeunes disaient : Dans les côtes il descend et, dans les descentes, il monte … sur sa bicyclette.

Sur le plan gastronomique, la bicyclette était inférieure au cheval. En effet, certains anciens ne révélaient pas à leurs jeunes camarades les bonnes maisons, celles où il arrivait un peu avant midi et où l’on était assuré de bien déjeuner.

Seulement voilà, quand l’ancien partait en permission, son cheval était sorti par le jeune et il s’arrêtait automatiquement devant les bonnes maisons. Le truc était bien connu des officiers. Un jour, le commandant de section d’une brigade emprunta le cheval d’un gendarme. Il refit la visite de commune de la veille et s’aperçut que le cheval avait une fâcheuse tendance à s’arrêter devant les débits de boissons.

Jean Louis Marcel Garen Charles 1977


 




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