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Le mariage autrefois

Un ancien adage conseillait : « Si tu le peux, marie toi dans ton village, et si tu le peux dans ta rue, et si tu le peux dans ta maison. »
Les jeunes filles du 1er mai
Le 1er mai n’a pas toujours symbolisé la fête du Travail. Auparavant, marquant le retour des beaux jours, il est l’occasion de réjouissances galantes, le printemps réveillant les sensualités. De plus, le réveil de la nature, le bourgeonnement des arbres et les montées de sève résonnent avec l’idée de fécondité, qui est elle aussi fêtée depuis l’Antiquité au début du mois de mai.
Au Moyen Âge, la tradition veut que les jeunes hommes « emmayent » ou « esmayent » (esmayer = mettre en émoi, troubler) les jeunes filles qui ne sont pas encore mariées. À l’aube, les jeunes femmes se lèvent avec le secret espoir de découvrir à leur fenêtre une branche de bouleau, de charme, ou de noisetier, voire un petit arbre planté devant leur porte. La symbolique de l’arbre est transparente : celui qui l’a mis là veut déclarer sa flamme, donner à son amour la caution du printemps naissant et de la vie qui recommence. Les branches déposées en sont une version moins passionnée, mais elles peuvent aussi être d’une tout autre nature : lorsqu’elles sont de houx, d’églantier, ou de genêt, elles marquent un jugement négatif.
Les filles qu’elles stigmatisent ainsi sont considérées comme de mauvaise vie, ou de caractère difficile. Le sapin signifie qu’une fille est une prostituée, les cendres qu’elle est malpropre, le codage est presque infini et impitoyable : la branche à laquelle chacune a eu droit est bientôt connue de tous, et le jugement est sans appel. Les filles dont le comportement a été dénoncé n’auront pas le droit de participer à la ronde autour de « l’arbre de mai », sur la place du village, décoré de guirlandes et de rubans pour l’occasion, avec les garçons du village.
Le 1er mai est alors un jour d’insouciance et de gaieté naïve, où l’on n’hésite pas à se dévêtir pour se rouler dans l’herbe fraîche, qui est réputée donner de la vitalité et soigner les problèmes de peau. C’est aussi l’occasion d’aller récolter en forêt ou dans les champs les plantes qui sont à même de guérir, et qui refont leur apparition : la verveine, l’aubépine ou bien la rue.
Porter du muguet au 1er mai est une pratique qui remonte à loin puisque la tradition veut que l’on ait un signe du printemps sur soi à cette date (une fleur ou un branchage) et en 1561, Charles IX, qui s’est vu offrir un brin de muguet pour lui porter bonheur, apprécie tellement ce cadeau qu’il décide d’en parer régulièrement toutes les dames de la Cour ; le prestige du roi fait que la tradition se répand bientôt. Le muguet est lui aussi porteur de la symbolique de la passion amoureuse. Les « bals du muguet », lors desquels les jeunes filles portent un brin de muguet, sont l’occasion pour les jeunes gens de se livrer au flirt, loin de la présence de leurs parents, fait rarissime pour l’époque.
Comment déclarer son amour !
Faire la cour à une jeune fille variait autrefois avec un large éventail de méthodes selon les régions et les provinces.
Dans les régions du Sud, en Provence ou en Béarn, la méthode consistait pour le garçon à lancer à la fille des petits cailloux: « Qui tira pedretas, tira amoretas – qui lance des pierres, lance l’amour » disait-on en Catalogne… En Bourgogne, à la fête ou au marché, le gars « pillait » la fille qui lui plaisait, en lui arrachant son peigne, son bouquet ou un anneau. Avec les variantes bretonne, on lui tapait sur les genoux et lorraine, on lui écrasait les doigts. La façon francilienne, plus raffinée et romantique, avec pour « objet transitionnel » le mouchoir de la fille, que le garçon doit tâcher de lui soustraire d’un coup sec, par exemple au moment précis où elle se prépare à se moucher. Pour les pratiques rencontrées autrefois aux environs de Rennes et de Dinan, ainsi qu’en Flandres et en Boulonnais consistaient en des échanges de salive ou à se cracher carrément dans la bouche. Dans le Morvan, le garçon donne carrément des claques à la fille, sachant que celle-ci recevra toujours ce langage « cinq sur cinq » et y répondra sur le même registre et la conclusion, en cas d’accord, sera soit un serrage musclé des mains, soit de vigoureuses tapes dans le dos. Existait aussi la version romantique en offrant à la fille, comme en Normandie, de porter son panier. En Haute-Saône, une formule plus directe consistait à offrir à la belle une part de gâteau de forme phallique. L’on pouvait user aussi de paroles pudiques et détournées, prononcées en trinquant: « À celui qui marche sur les remparts de votre cœur », à quoi la fille peut répondre: « Mon cœur n’est pas une citadelle. Il n’y a pas de sentinelle », ce qui signifiera bien sûr que la voie est libre.
A la quête de l’élu(e)
Autrefois, le choix du conjoint n’est jamais laissé au hasard. Le mariage n’est pas l’affaire de deux personnes, mais de deux familles et d’un groupe social tout entier: celui du village. Certes, il existe en France divers types de structures familiales d’où ressortent des règles plus ou moins souples selon des processus juridiques et sociologiques fort complexes. Cependant il est d’usage de se marier dans son milieu. Les âges, les standings familiaux comme les professions doivent être appareillés. Une fille de cordonnier ne saurait pas aider un vigneron au travail de la vigne et vice versa. Dans de nombreuses professions en ville, à commencer par Paris, on se marie « entre soi ». On peut ainsi retrouver parmi ses ancêtres des lignées de rôtisseurs, de maréchaux-ferrants, de charrons, de notaires et même de bedeaux. Même chez les bourreaux unanimement rejetés de la société, ils n’avaient d’autre ressource que d’épouser la fille d’un collègue, qui de ce fait était presque toujours une parente. Les dynasties tristement célèbres comme celles des Jouenne et des Sanson sont là pour le prouver.
De la même façon, on répugne à épouser un étranger, et l’on sait qu’à ces époques quelques kilomètres suffisent pour se voir considérer comme tel. Jusqu’au début du XIXe siècle, 70 pour 100 des garçons épousent une fille de leur paroisse alors que les filles, qui sortent moins, s’y marient à 90 pour 100 ! Proportions encore plus fortes dans certaines régions montagneuses ou retirées. Se marier avec un gars d’une autre commune est longtemps sanctionné par la communauté des jeunes qui oblige le marié à leur offrir à boire, quand ils ne le chahutent pas avec des pratiques comme le charivari. On ne plaisante pas sur ces questions !
La plupart des paroisses d’antan recensent assez de filles et de garçons pour que chacun puisse y faire son choix. Mais les choses se compliquent lorsque l’on transgresse les interdits édictés par l’Église dans sa lutte contre l’inceste. Or, en ces temps-là, l’Église a de l’inceste une définition particulièrement large qui entrave à tout moment les amourettes villageoises. Si elle se contentait de bannir les unions entre proches parents, voire entre cousins germains on ne s’en plaindrait pas, car de tels mariages sont peu estimés. « Mariages entre parents, courte vie et longs tourments », dit-on en Gascogne et en Provence, et partout l’on raconte qu’ils ne donnent que des enfants débiles, monstrueux ou souffreteux. Mais l’Église va beaucoup plus loin. En effet, elle interdit le mariage jusqu’au septième degré de parenté jusqu’au concile de Latran, puis, du XIIe siècle à 1917, jusqu’au quatrième degré. De ce fait, un homme ne peut alors épouser aucune de ses cousines issues d’issus de germains, c’est-à-dire aucune des arrière-petites-filles des frères et sœurs de chacun de ses huit arrière-arrière grands-parents. Concrètement, à ce degré et aux degrés intermédiaires, il en comptabilise facilement plusieurs centaines soit près des deux tiers des filles du village qui lui sont de ce fait interdites. A toutes ces parentés, l’Église ajoute celles par affinité qui, contrairement aux précédentes, résultent non du sang mais d’une alliance. Un veuf, par exemple, ne peut épouser ni ses cousines ni celles de son épouse a commencer par ses sœurs. Enfin est pareillement prohibée l’union avec un «parent par l’esprit». Le baptême donnait à l’enfant, conjointement aux patents par la chair, des parents nouveaux en la personne du parrain et de la marraine. La logique de ce système poussée jusqu’au bout interdit donc tout mariage entre le parrain et la marraine d’un même enfant, entre le parrain et la mère de son filleul, entre le parrain et sa filleule, etc.
Le terme qui, n’a rien à voir avec l’ancien peuple de la Germanie ou des prénoms Germain et Germaine, mais vient du mot germe, en ce qu’il désignait des frères et des sœurs, en référence au même germe qui les avait fabriqués. Ce n’était pas complètement un pléonasme puisque permettant de différencier les cas de frères et sœurs ayant même père et même mère (justement dits « germain(e)s)» des demi-frères et demi-sœurs, nés seulement d’un même père ou d’une même mère. Les premiers se sont vus nommer «consanguins» et les seconds «utérins», en témoignage des des ignorances anciennes, faisant penser que le père transmettait à lui seul la vie (le sang) et que la femme ne faisait que prêter son corps (via son utérus) comme réceptacle.
C’est dans ce contexte que l’homme doit trouver une épouse ; or, s’il veut respecter les bonnes habitudes de se marier « ni trop loin ni trop près », autrement dit ni avec une étrangère ni avec une proche parente, il risque fort de rester célibataire. Heureusement, l’Église accorde assez facilement une dispense moyennant quelque menue obole, surtout pour les degrés éloignés. Le curé défend la cause auprès de l’évêque en invoquant l’étroitesse du lieu, l’âge avancé de là fille, ou encore l’intérêt des familles et le fait que le mariage sollicité permettrait, en ramenant un pré ou un puits dans la corbeille de la belle, de rétablir une paix rompue depuis plusieurs générations dans un même hameau.
L’agrandissement du patrimoine foncier a évidemment longtemps été une des grandes préoccupations des paysans en matière de mariage, autant que le souci d’échapper au célibat et d’avoir une femme et des enfants pour aider à l’exploitation familiale. Dans chaque famille donc, les anciens mémorisent tous ces réseaux de parenté et d’alliances quand ils ne retiennent pas, comme dans certaines régions, toute une série d’informations sur les dots versées par telle ou telle famille à telle ou telle autre, afin de pouvoir, par de subtiles chaînes de mariages, récupérer celle versée à telle maison lors d’une union célébrée trois générations plus tôt. Ils savent où l’on peut se marier pour faire une union assortie comme ils savent encourager dans certains cas des «mariages en gendre» – épousailles d’une héritière chez qui l’on va s’installer pour y succéder aux parents. Souvent ils poussent aussi les jeunes à des mariages doubles. Le fait qu’un frère et une sœur épouse épousent une sœur et un frère économise généralement la dot. Épouser la sœur de la femme de son frère permet de rester en pays de connaissance et semble en principe assurer la concorde entre les deux sœurs devenues belles-sœur, et fréquemment appelées à vivre sous le même toit.
Dans certaines régions ces traditions se maintiennent jusqu’à la fin du XIXe siècle tant elles se révèlent fortement ancrées dans les familles et dans les professions.
De tout temps, les règles des mariages princiers, oui aussi imposé ces pratiques, tel celui de Louis XIV et Marie-Thérèse, qui étaient deux fois cousins germains et avaient les mêmes quatre grands-parents ou le mariage du comte de Paris, dont les grands parents étaient tous les quatre des petits-enfants de Louis-Philippe, avait épousé une descendante de ce même roi. Il en va souvent de même dans les grandes familles bourgeoises, qui tiennent par-dessus tout à ne pas dilapider leur énorme patrimoine ainsi que dans les familles nombreuses connues ou inconnues, pour lesquelles l’intérêt patrimonial prime avant tout.
Dans de nombreuses professions en ville, à commencer par Paris, on se marie « entre soi ». On peut ainsi retrouver parmi ses ancêtres des lignées de rôtisseurs, de maréchaux-ferrants, de charrons, de notaires et même de bedeaux. Même chez les bourreaux unanimement rejetés de la société, ils n’avaient d’autre ressource que d’épouser la fille d’un collègue, qui de ce fait était presque toujours une parente. Les dynasties tristement célèbres comme celles des Jouenne et des Sanson sont là pour le prouver.
Dans les régions isolées, l’habitude s’est perpétuée pendant longtemps. Lorsque l’Église limite l’interdit de parenté au degré de cousin issu de germain en 1917, la Corse, la Bretagne, les Alpes, l’Auvergne, les Pyrénées ont continué à consommer bon nombre de dispenses de parenté et ce, jusqu’à la dernière guerre. En 1917, la Première Guerre mondiale et les ravages qu’elle provoque dans la population masculine poussent l’Église à abaisser l’interdiction du mariage aux cousins germains.
Tous ces mariages arrangés, qui semblent naître en ville pour devenir de règle dans toute la bourgeoisie tant urbaine que rurale, laissent-ils une place à l’amour car l’amour naît plus tard, au fil de la vie quotidienne !
Comment faire autrement dans cette société où la virginité est jalousement préservée, mais où l’on a toujours hâte d’établir sa fille avant qu’il ne lui arrive un « accident » Aussi avant qu’elle ne soit trop vieille car, on le répète souvent, « marchandise trop longtemps gardée perd de son prix » ?
À la campagne, où la virginité compte moins, épouser ne semble être ni un idéal ni une nécessité. Le physique, par exemple, n’est guère considéré. Une belle fille, selon les proverbes régionaux, est réputée fainéante, rude et rebelle, enfin mauvaise tête. On dit qu’« une jolie fille a sept défauts », et « qui cherche une rose trouve souvent une bouse », sans oublier que « belle rose devient gratte-cul ». On préfère nettement la loyauté, le courage et l’honnêteté. « Fille oisive, à mal pensive » et « femme qui sort beaucoup à la rue tient sa maison comme un fumier », dit-on encore en Gascogne. Finalement, une femme belle complique la vie et la sagesse veut que l’on sache s’en garder.
Pour séduire, on s’en remet donc volontiers à « l’herbe à chats », un certaine plante couramment récoltée qui a la réputation de rendre amoureux. En Vendée, la jeune fille voulant se faire aimer d’un garçon doit lui faire manger un gâteau où elle aura fait entrer quelques gouttes de son sang. Mais comment savoir, là encore, si ces recettes étaient utilisées pour favoriser des mariages d’argent ou, au contraire, des mariages d’inclination.

« Conter fleurette »
Le code amoureux et la demande
Dès l’âge de treize à quatorze ans, les filles ont un loisir tout trouvé : le trousseau. A tout instant, des années durant, elles vont coudre, broder, froncer, amidonner. Chacune, craignant d’être laissée pour compte, prie sainte Catherine, va en pèlerinage visiter Notre-Dame, effeuille la marguerite ou interroge les coucous ou les coccinelles, jette des épingles dans l’eau de quelque fontaine, sacrée de préférence… Le galant, parfois, tarde à se présenter, car évidemment c’est à l’homme qu’il appartient de faire les premiers pas. il tarde d’autant plus que, sous l’Ancien Régime, tout au moins aux XVIIe et XVIIIe siècles, on se marie tard. Souvent les garçons sont placés en apprentissage ou comme valet ou charretier chez quelque parent plus aisé. Devant attendre le décès des leurs pour avoir de quoi s’établir, ils ne se décident qu’à vingt sept ou vingt huit ans, voire plus, et choisissent une fille de trois, quatre ans de moins, se méfiant des trop gros écarts d’âge. En un temps où la contraception est inconnue, le mariage tardif a un excellent effet régulateur. Il évite à la femme de dépasser les quinze grossesses et permet également, en attendant, de mieux repérer les partis épousables en fonction des règles établies.
Quand vient le temps du choix parmi les conjoints possibles, chacun se connaît bien. Parent ou non, on s’est côtoyé depuis l’enfance et l’on se rencontre encore régulièrement aux champs, aux foires, aux pèlerinages, aux fêtes et aux veillées. On connaît la réputation de chacun et de chacune. En public, on n’ose pas trop se parler, mais on se rattrape du regard. Les filles, souvent, se montrent en groupe, marchant bras dessus bras dessous par trois ou quatre. Celles du milieu, se sentant plus protégées, n’hésitent pas à aguicher les gars.
Les cérémonies de mariage sont des occasions de rencontrer l’âme sœur. « Qui va à la noce va chercher une fiancée », déclare-t-on en Alsace. De fait, tout est prévu pour cela. Les « couples d’honneur » sont minutieusement choisis et chargés de probabilités matrimoniales, au point que si l’on est déjà engagé secrètement, l’on doit refuser cet honneur. De même la mariée, ôtant sa couronne, en distribue les épingles aux jeunes filles. Ne pas en donner à l’une d’elles serait considéré, non comme une manœuvre vexatoire, mais comme une malveillance destinée à lui ôter des chances de se marier.
D’une façon ou d’une autre, les « galants » arrivent donc toujours à leurs fins. Ils « courent » ou « blondent » (courir la blonde, courtiser une femme) les filles et les belles. Puis, l’affaire prenant corps, des couples se constituent. On cause, on se guette, on se suit : là encore les mots varient. Seuls, à l’abri des regards des parents, on se promène en se tenant par le petit doigt. Aujourd’hui on flirte, sans savoir que ce mot anglais tient son origine dans l’expression française « conter fleurette ».
Le code amoureux peut étonner. Il tient plus souvent de la gymnastique ou de la boxe que de l’érotisme. On se frotte les hanches, on se crache dans la bouche, on se donne des bourrades, comme en Bretagne, ou on se tord le bras. Mais ces fréquentations sont souvent longues et l’on comprend mieux pourquoi certains « chats » sont tentés « d’aller au fromage ».
Arrive le temps de la demande. L’hiver est une saison propice car « l’oie est au pot et le cochon au saloir », et les veillées permettent de mieux faire connaissance. La demande vient du jeune homme ou de son père, mais parfois l’intermédiaire d’un « professionnel » est requis. Chaque village a ses entremetteurs spécialisés, souvent recrutés parmi les bergers ou les tailleurs d’habits car ces derniers, travaillant à domicile, ont l’occasion de passer dans les maisons prendre et livrer les commandes. Notre homme, appelé selon les régions « merlet », « marieur » « kouriter » en Bretagne, « accordeur », « ambassadeur », « couratier », « menadour », mais aussi curieusement « croque-avoine » ou « coupe-jarret », s’équipe d’un bâton blanc — écorcé enrubanné, ou d’un rameau de genêt, et va se présenter chez les parents.
Une demande ne saurait être refusée. Certes, on évince les mauvais candidats mais, dans nos villages, l’étiquette et la susceptibilité sont très exacerbées et on fait en sorte d’éviter des paroles définitives. Les parents recourent donc à tout un langage codé pour se faire comprendre sans donner de réponse. Prier ou non de s’asseoir, rouler ou dérouler son tablier, mettre ostensiblement un ustensile à l’envers, éteindre le feu ou le tisonner, offrir un repas maigre ou un repas gras (omelette ou viande), comme encore tendre une « caissate » (casserole en lorrain) vide au demandeur sont des actes que chacun sait parfaitement interpréter. On peut alors se retirer sans avoir été offensé ou rester et poursuivre les discussions qui seront encore longues avant que l’on ne scelle l’accord en se frappant dans les mains ou en choquant les verres.
De ce jour-là, le futur est admis à visiter sa promise chez elle, à lui faire officiellement de menus cadeaux foulards, mouchoirs… comme aussi à venir aider son futur beau-père lors des gros travaux d’été. Une suite de rites et de comportements, tantôt graves, gais, burlesques ou grivois, vont ainsi se succéder jusqu’au jour du mariage.

Des bans au mariage
Pendant que les promis échangent des baisers, quelquefois plus, et les cadeaux de fiançailles, bagues et joyaux pour la fiancée, fine chemise de chanvre pour le marié, chemise dans laquelle il se mariera et dans laquelle aussi il sera enterré quand viendra l’heure pendant que les promis « font l’amour » au sens ancien du terme, les pères discutent affaire. On visite les fermes et on négocie les dots.
Bientôt, on publie les bans, pour lesquels une dispense est parfois requise. Ceux qui, au village, connaîtraient des empêchements, en particulier pour cause de parenté ou d’affinité, doivent se manifester. ares sont ceux qui s’y risquent car ils craignent de se voir rapidement traduits en justice pour abus de procédure.
Le futur, de son côté, enterre sa vie de garçon, ce qui, quelquefois, donne lieu à des scènes théâtrales. Dans le Vivarais, on ne parle pas à demi-mot et on n’hésite pas à le placer dans un cercueil auquel on met le feu pour qu’il en sorte au milieu des flammes.
La veille ou l’avant-veille du mariage, le notaire est convoqué pour rédiger le contrat. Les époux s’engagent à se marier « au plus tôt devant Dieu, selon le rite de la sainte Église apostolique et romaine ». On précise les droits et apports de chacun, éventuellement l’engagement à résider chez les parents de l’un d’eux pour y « vivre à même pain et même pot », y travailler ensemble et leur obéir en toutes choses. On fixe le montant de la dot, révélateur de l’aisance familiale. En Creuse, bien souvent, c’est la mariée elle-même qui se l’est constituée en vendant ses cheveux à un marchand ambulant qui les revendra au perruquier. Voilà pourquoi, en cette région, les mariées portent volontiers un bonnet bien serré le jour de la noce.
Dans le contrat, on énumère aussi les « ors », dons de bagues et de bijoux, et enfin le trousseau. Une grande partie de la parenté est déjà réunie pour lui donner toute la solennité nécessaire, à la grande joie des généalogistes d’aujourd’hui que son énumération comble de satisfaction en leur offrant une véritable photographie du groupe familial. Toute une assemblée qui accepte le mariage et opine du bonnet à la lecture du contrat, voire à chaque élément constitutif du trousseau.
Ce trousseau, une véritable malle au trésor, est livré aux jeunes époux la veille, le jour ou le lendemain des noces, sur un char fleuri, parfois à dos de mulet, mais toujours au milieu des chants et des rires. Avant de devenir au XIXe siècle une de ces belles armoires qui restent dans les familles, la pièce principale du trousseau est presque toujours un coffre décoré des initiales des mariés sculptées dans le bois et enjolivées de quelque entrelacs, cœur ou dessin symbolique et de bon augure. Ce coffre de bois est dit, selon les milieux, « de chêne, ferré et fermant à clef » ou simple « caisse sapine ». Il contient tout le trousseau énuméré au contrat : chemises de chanvre, bas, vaisselle (écuelles de bois, de terre ou d’étain, gobelets, cuillères), linceuls c’est-à-dire draps, mis à part les « deux linceux de toile bâtarde », (les autres étant de « grosse toile ») destinés à recevoir en leur temps les dépouilles mortelles de chacun des époux. Si le linge abonde toujours, comme on peut le voir le jour de la lessive, s’y ajoutent souvent ce que l’on nomme parfois le « fardeau », avec le plus souvent un lit, mais aussi parfois des mesures de grains pour aider le jeune ménage ou le futur beau-père à ensemencer son champ au printemps ou à l’automne prochain. J’ai trouvé plusieurs fois consigné un « mestier à tisser », sans doute pour proposer au gendre une plus saine occupation que de courir les cabarets. Enfin, quelques présents supplémentaires révèlent les ressources des familles : une cavale (une jument, en Lorraine), une ouaille (une brebis) ou une vache et son suivant (son veau).
L’assemblée présente installe le coffre ou l’armoire en un endroit d’où on ne les bougera jamais plus, tout comme le lit que le curé du village vient parfois bénir avant le jour des noces.
Les invitations à la noce sont faites à domicile par les mariés. En moyenne, l’on compte entre vingt et cinquante personnes, voire quatre-vingts à cent dans les familles aisées. En Bretagne, on monte cependant jusqu’à plusieurs centaines d’invités, au point que la réunion ne peut pas, comme ailleurs, avoir heu dans la salle commune ou une grange décorée de draps et de bouquets de fleurs des champs. On s’installe alors dans un pré, près de la ferme, et chacun doit apporter son couvert. Les sièges sont modelés dans la terre quelques jours plus tôt par une disposition habile de tertres et de fossés, comme le montrent quelques cartes postales du début du siècle.
Dans ces mariages, en guise de cadeau, chaque invité apporte souvent son écot en nature : viande salée, volailles, gâteau, mais en prime, la joie et la bonne humeur : le lendemain, c’est le grand jour.
Les dates et les saisons
Au fil de l’année, les choses se sont précisées. Fouettée à Noël symboliquement et de façon simulée, la « garce » (féminin de gars, pris alors dans un sens non péjoratif) a été élue par un gars au 1er mai, par le truchement de quelque branche de charme ou d’aubépine, parfois posée fin mai à la sortie de la messe, elle a enfin, en tant que fiancée, sauté avec son fiancé au-dessus des braises du feu de la Saint-Jean d’été. Il ne reste plus qu’à fixer le jour du mariage.
Les dates et saisons de mariage étaient jadis bien différentes des nôtres et si la plupart des cérémonies nuptiales avaient lieu en début de semaine et en dehors de l’été, même si l’on y invitait davantage la famille que les amis, l’on n’en savait pas moins organiser des fêtes mémorables. Le vendredi est exclu car c’est jour de deuil et de jeûne en souvenir de la mort de Jésus-Christ. Le prêtre refuserait catégoriquement de donner sa bénédiction pour avoir été, dit-on, le jour ou Judas avait vendu le Christ. Le dimanche, de son côté, est traditionnellement réservé au culte, et le clergé a suffisamment à faire avec les messes, petites et grandes, et les vêpres, pour aller y ajouter des épousailles. Contrairement à ce que nous connaissons aujourd’hui, la fin de semaine est donc boudée au profit des trois premiers jours. Le mardi est regardé comme de bon augure, et le jeudi évité, sans doute parce que les festivités se prolongeraient jusqu’au vendredi. De plus, on dit que les mariages du jeudi font les mariés cocus.
Le jour choisi est obligatoirement un jour ouvré. Impossible de se marier un jour de fête, ni d’ailleurs un des jours où l’on honore la Vierge Marie ( Chandeleur, Visitation, etc.). Il en va de même pour les mois. Formellement interdit pendant les temps de pénitence (frappés d’abstinence sexuelle) de 1’Avent et du Carême, le mariage est aussi évité en mai et en été. La raison de la défaveur de mai est assez floue. Ce mois étant devenu le mois de Marie au XIXe siècle, il ne pouvait donc pas avoir d’incidence auparavant. Il semble cependant que, de tout temps, on se soit méfié des noces de mai. « Noces de mai, noces mortelles », « en mai, les méchants se marient », « mariages de mai ne fleurissent jamais », « les mégères s’épousent en mai », affirment à tour de rôle une légion de dictons à travers le pays. En revanche la volonté d’éviter les mois d’été est simplement due au fait que ce sont ceux des gros travaux de fenaison et de moisson et qu’il est impossible d’y prendre le temps de s’amuser. Autrefois à la campagne les mariages ont donc lieu surtout en janvier et en février, entre « les Rois » et le Carême, et en novembre, après les derniers travaux de vendange, de labour et de semailles et avant le temps de l’Avent. Étant donné le choix limité de dates, les mariages se font parfois en série. Ainsi à Plougastel, le curé bénit-il jusqu’à trente ou quarante couples le mardi suivant l’Épiphanie, le Mardi gras et le mardi de Pâques.
Sauf à se marier en catimini, il faut s’assurer que le calendrier permet de prendre son temps car la cérémonie dure en général plusieurs jours : deux dans la plupart des provinces, trois dans le Hurepoix, en Beauce et en Cornouailles, quatre en Alsace, en Armagnac et dans les Côtes-du-Nord, et jusqu’à huit jours dans les Landes. Il est vrai que les rituels et les coutumes sont si nombreux et si élaborés dans leur symbolique, qu’il faut bien tout ce temps pour les accomplir correctement.
Le mariage
Un mariage autrefois commençait par des pleurs. La mariée était triste de quitter ses parents, qui étaient tout aussi tristes de la voir partir et chacun s’employait à en donner la démonstration publique. Un beau mariage devait donc avoir ses torrents de larmes, mais de larmes d’émotion, qui sont toujours les meilleures.
Au cours de la journée, il était également de bon ton de casser des assiettes, pour porter bonheur, comme on se devait de chanter et bien sûr de danser. On avait aussi nombre d’habitudes, à vocation souvent pratique.
Dans le déroulé de la journée s’intégrait l’ancien rite du balai, en tant que test du courage de la mariée face aux tâches ménagères. Pour l’y soumettre, on avait coutume de déposer assez ostensiblement un banal balai à l’entrée de la maison dans laquelle devait avoir lieu la fête. Il suffisait ensuite d’observer les réactions de la mariée à son arrivée dans les lieux, sachant que toute bonne femme d’intérieur ne pouvait se retenir de saisir l’objet et de s’en servir, pour faire à son époux une démonstration édifiante de son ardeur et de son goût pour ce genre d’activité. .
Dès le matin de la noce retentissent aubades et coups de fusil qui reviendront à tout moment de la journée et tout le long des déplacements, jusqu’à ce que ces derniers, sans doute suite à la triste connotation prise lors de la guerre de 1914-1918, soient peu à peu abandonnés.
Avant le départ du cortège a lieu la toilette de la mariée. L’opération, longue et savante, est présidée par la couturière car jamais mariée ne s’aviserait de coudre elle-même sa robe, signe de malheur certain. De plus, avant les années 1870-1880 marquées par le culte de l’immaculée Conception, aucune mariée n’est vêtue de blanc. La tradition de la robe blanche se répand après l’apparition de la Vierge ainsi vêtue à Bernadette Soubirous dans la grotte de Lourdes. Elle est vite diffusée par les grands magasins et les multiples catalogues et gagne en un temps record les campagnes les plus reculées. Auparavant, la mariée porte des vêtements de couleurs très variables selon les régions et la richesse de sa famille. Sa robe est de couleur vive, surtout rouge ou bleue, et toujours recouverte d’un tablier de couleur ou quelquefois blanc – alors que celui de la femme mariée est obligatoirement noir – encore appelé « devantier » et symbole du travail ménager.

Au Moyen Âge, les premières mariées s’étaient rendues à l’église cheveux au vent en signe de pureté. Les valeurs s’inversant souvent au fil des temps, on a vu apparaître la couronne. Épinglée par les filles d’honneur, elle est constituée de fleurs choisies pour leurs vertus magiques ou symboliques, essentiellement la rose et le romarin, avant que ne naisse, avec la robe blanche, l’habitude des fleurs d’oranger. De même, dès 1840-1850, est introduit le voile blanc, signe d’union avec Dieu, en référence à celui que portait la Sainte Vierge le jour de son mariage avec saint Joseph. La ceinture, enfin, est souvent mise par le père ou le parrain. Quant à la chaussure (sabot, galoche ou soulier bas), elle est toujours chargée de symboles, et plusieurs jeux, au cours de la journée, consisteront à essayer de la dérober.
Équipée, voilée, bouquetée, couronnée, la mariée, souvent en larmes pour marquer ses regrets de quitter la maison paternelle, prend la tête du cortège. Selon les régions, elle est au bras de son père, de son parrain, d’un proche parent ou du premier garçon d’honneur. Le cortège, plus ou moins long, s’égrène alors sur les chemins, presque toujours précédé du vielleux, du fifre, du joueur de biniou ou de violon. Parfois, la route qui mène au village est barrée par quelque « barrière» constituée de troncs d’arbres entassés ou de simples rubans. Ce curieux rituel semble vouloir marquer la progression dans les étapes de la cérémonie.
Le mariage à la mairie, introduit en 1793, permet à M. le Maire de s’affirmer vis-à-vis du curé. Profitant de cette occasion, il prononce souvent un discours grandiloquent sur le travail et l’honnêteté. À l’église, M. le Curé accueille les époux et les conduit à l’autel. ‘Il bénit les alliances et recueille les consentements, avant l’échange des anneaux. L’assistance observe soigneusement la façon dont la mariée se laisse faire, chacun sachant qu’un doigt recourbé pour rendre plus difficile le passage de l’alliance est signe qu’elle entend à l’avenir gouverner son mari. Cet anneau, d’ailleurs, est différent du nôtre, non pas lisse, mais au contraire agrémenté d’un ou deux cœurs, ou constitué de deux fils de métal tordus l’un autour de l’autre. On bénit encore des « treizins », pièces de métal ou d’or, ou une médaille de mariage avec noms et dates gravés sur la tranche ainsi que des paroles vertueuses comme « La religion les unit », cadeaux faits par le marié à sa femme. Puis le cortège se rend dans la sacristie pour procéder aux signatures du registre paroissial, sous réserve, bien sûr, de savoir écrire.
À la sortie de l’église, des jeux accueillent les mariés. On vide, symboliquement des vessies de porc remplies d’eau. Des concours et des farces, sans oublier la tournée des auberges, font partie du cérémonial mais, pendant tout ce temps, comme pendant tout le reste de la journée, la mère de la mariée a soin d’affecter de pleurer, tout comme sa fille doit se garder de rire, car cela encore serait pour elle de mauvais augure.
La nuit de noces
Le repas de noces est digne de sa réputation. Il est si abondant que bien souvent on doit le diviser en deux. Après les viandes salées, l’oie, le canard et la dinde, le tout fortement arrosé de vin, a lieu une pause consacrée à des divertissements. Vol du soulier, enlèvement de la jarretière, bris de vaisselle, don aux mariés d’un colis contenant un poupon sont autant de coutumes qui ont parfois encore cours dans les folklores régionaux contemporains et dont la valeur symbolique est évidente. Vient ensuite le gâteau de noces dont la première part est offerte à la première fille d’honneur en gage de prompt mariage. S’ensuivent le bal, puis le départ des mariés.
Selon les régions, lors de ce départ se déroulent de curieux scénarios. En Bretagne, il est hors de question que les nouveaux époux passent la nuit ensemble. S’ils le font c’est platoniquement devant la noce assemblée qui chante à tue-tête toute la nuit pour les empêcher d’avoir certaines pensées. Mais de façon plus draconienne les coutumes de cette province veulent que la mariée respecte les « nuits de Tobie », couchant seule et parfois sous bonne garde, pour offrir la première nuit à la Sainte Vierge et la seconde à Saint Joseph. (« Tobie adressa à la jeune femme cette exhortation : « Sara, lève-toi. Nous allons prier Dieu aujourd’hui, demain et après-demain. Pendant ces trois nuits, c’est à Dieu que nous sommes unis, et quand la troisième nuit sera passée, nous consommerons notre union. »)
Dans la plupart des régions, on s’embarrasse moins de ces saintes intentions, et les époux, dès la première nuit, s’acquittent de leur devoir conjugal. À l’aube, cependant, ils reçoivent une curieuse délégation familiale leur apportant, servie dans un vase de nuit, une soupe de vin blanc et de chocolat ou de lait appelée «rôtie», «rebelhon», « bouillon », « trempée », « chichole », « saucée » et fortement épicée à la cannelle ou au poivre, sans doute pour redonner de l’ardeur au mari. Dans une bousculade, la foule fait irruption dans la chambre nuptiale et inspecte les draps pour vérifier que la mariée était bien vierge et que le mari possède toutes les qualités d’usage. C’est la confirmation que le sorcier ne lui a pas «noué l’aiguillette» sur la commande d’un amoureux éconduit. Car, au fond de l’église ou à travers le trou de la serrure, le sorcier sait pour cela regarder le marié et nouer derrière son chapeau une cordelette ou un fil réputé empêcher la consommation du mariage. L’époux, au courant des usages, prend donc bien soin, lorsque le curé lit l’Évangile, de mettre un pied sur la robe de la mariée pour empêcher le sort de « monter ». Dans certaines régions, il suffit de prendre la précaution de verser dans les chaussures de la mariée un peu de sel, remède que l’on sait également souverain, pour déjouer tous les mauvais tours.
L’honneur du marié est en jeu si, au lendemain des noces, le drap nuptial ne comporte pas quelques traces de sa virilité. Ce drap, retiré du lit, est parfois exposé à la fenêtre de la chambre, signe parfaitement intelligible de l’agrégation du nouveau couple à la société des adultes et des mariés qui domine toute la vie du village.

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Les chaussures également sont importantes. En témoigne le « jeu du soulier », pratiqué dans bien des régions et notamment en Moselle, consistant à dérober, à un moment ou à un autre, un soulier de la mariée, et à le mettre aux enchères pour forcer le marié à le racheter. Ce jeu avait l’intérêt de rendre symboliquement la mariée boiteuse afin, à l’avenir, de « l’empêcher de courir » le guilledou.
Selon une ancienne coutume, le marié a le privilège de retirer la jarretière, parfois avec des jeux ou des danses, et de la lancer aux invités pour leur porter chance. La tradition veut qu’à l’époque, la dote de la mariée soit complétée grâce au jeu de la jarretière mise aux enchères. Les hommes payaient pour que la mariée soulève sa robe centimètre par centimètre jusqu’à ladite jarretière tandis que les femmes enchérissaient pour que la mariée la redescende.
Les festivités n’en sont pas closes pour autant. Une messe est alors célébrée à la mémoire des défunts des deux familles, que l’on tient à associer à l’événement. Puis les nouveaux époux simulent volontiers des travaux pour confirmer leurs qualités professionnelles, comme souvent, la veille, au retour de l’église, la mariée a dû balayer la maison en public.
Enfin l’on ne cesse, durant tout le temps de la fête, de répéter les observations et les pronostics enregistrés : « Mariage pluvieux, mariage heureux » et une foule de variantes basées sur les signes météorologiques, suivis d’autant de prévisions sur la fécondité du couple. Car, M. le Curé l’a bien rappelé : il s’agit maintenant de croître et de multiplier, et si, à la prochaine Saint-Jean d’été, les plus anciens mariés de l’année sont encore sans enfant né ou à venir, leur dernière chance est de prier les saints, boire des tisanes appropriées, aller aux cures thermales ou autres méthodes empiriques !
Sources :
- Comment vivaient nos ancêtres de Jean Louis Beaucarnot
- La vie insolite de nos ancêtres de Julien Arbois
- https://roadmovieblog.wordpress.com/2013/10/05/amours-et-mariages-en-france-dautrefois/
- https://www.herodote.net/Textes/mariage_233.pdf
- https://www.erudit.org/fr/revues/haf/1960-v14-n2-haf2031/302046ar.pdf