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ToggleLa sériciculture
La sériciculture est l’élevage du ver à soie qui est lui-même la chenille d’un papillon, le Bombyx mori.
Elle consiste en l’ensemble des opérations qui ont pour objet la production de la soie : culture du mûrier, élevage du ver à soie pour l’obtention du cocon, dévidage du cocon, et filature de la soie. L’élevage s’effectue à partir des œufs du papillon appelés selon l’usage « graines ».
Dans le sud de la France, la maison dans laquelle on pratique l’élevage des vers à soie est appelée magnanerie, du nom de « magnan » donné au ver.
Jusqu’en 1860, la sériciculture était répandue en France, en Italie, et dans le bassin méditerranéen, mais des épizooties ont décimé les populations de vers à soie et aujourd’hui plus de la moitié de la production de cocon est réalisée en Asie (Chine, Inde).
Le cycle de vie du vers à soie
La race européenne de Bombyx mori possède un seul cycle annuel, qui dure un an et deux semaines : 10 mois pour la diapause des œufs (temps d’arrêt du développement de l’embryon), 2 semaines pour leur incubation avec éclosion finale, 30 jours pour les 5 âges de la chenille et les 4 mues, 2 semaines pour la fabrication du cocon, 2 semaines pour la vie du papillon, son accouplement et la ponte des œufs ou graines.
L’œuf fécondé, après une période de repos de plusieurs mois, donne naissance au jeune ver à soie après une douzaine de jours d’incubation. Commence alors le développement de la chenille (=larve) qui dure environ un mois (la durée dépendant de la température et de l’hygrométrie). Ce développement est discontinu. Il est constitué de 5 âges larvaires pendant lesquels la chenille se nourrit et grandit. Cette croissance est très importante, le ver à soie multiplie son poids par 10.000 en un mois.
Entre chaque âge larvaire, la chenille s’immobilise, cesse de se nourrir et de croître, s’enveloppe d’un nouveau tégument et abandonne son ancienne peau : c’est la mue.
Le cinquième âge larvaire se termine par le filage de la soie et la construction du cocon. Le filage du cocon demande 4 jours.
A l’intérieur du cocon, la larve va se transformer et quitter sa dernière peau. Cette étape qui dure 2 à 3 jours conduit à la nymphe (=chrysalide).
La métamorphose durera une douzaine de jours pour aboutir au papillon. Dès la sortie du cocon (=émergence), les papillons peuvent s’accoupler. Les femelles pondent des oeufs de couleur jaune(=graine) qui se collent au support ; seuls les œufs devenus gris au bout de 2 jours ont été fécondés. Le développement de l’embryon cessera rapidement. Cette phase d’arrêt, qu’on appelle diapause, durera plusieurs mois.
Les origines
L’origine de l’élevage du ver à soie appartient en partie à la légende. Celle-ci raconte que c’est la princesse chinoise Si-Ling-Chi qui, il y a 26 siècles, faisant tomber un cocon de papillon dans sa tasse de thé, découvre le principe du dévidage de la soie.
L’Empire de Chine va conserver durant plus de deux millénaires l’exclusivité de la fabrication de la soie pour garder le monopole du commerce des soieries qui transitaient par la Route de la Soie jusqu’en Europe.. Son commerce s’étend, plus de deux siècles av. J.-C., jusqu’à la Grèce. La sériciculture finit cependant par migrer progressivement en Corée, puis au Tibet vers 400 avant notre ère, et enfin au Japon et en Inde qui deviennent d’importants producteurs de soie. Les Romains nommaient Sericum la région située au-delà du Gange. Ce n’est qu’au VIe siècle que les secrets de fabrication parviennent jusqu’aux bords de la Méditerranée. La diffusion sera ensuite progressive dans tout le bassin méditerranéen en même temps que l’islam. L’Empire Byzantin la conservant d’abord jalousement. Procope de Césarée (v. 500-560) décrit la façon dont l’empereur Justinien (483-565) réussit l’élevage. La conquête musulmane de la péninsule ibérique et de la Sicile diffuse ces techniques plus largement. Sous l’impulsion de Roger Ier de Sicile (v. 1034-1101) et de son fils Roger II (1093-1154), le ver à soie et le mûrier furent introduits dans l’ancien Péloponnèse qui a pris ensuite le nom de Morée en raison de l’importance de la culture du mûrier. L’industrie de la production de la soie s’installe en Sicile qui devient un centre producteur. La diffusion continue tant en Espagne, autour de Grenade, Tolède ou Séville qu’en Italie autour de Venise, Florence ou Milan.
La sériciculture en France
En France, le tissage de la soie a précédé l’élevage du ver : le tissage à partir de fil importé est répertorié au XIe siècle.
Les premiers mûriers seront plantés en Provence en 1266 à la suite de l’expédition de Charles d’Anjou à Naples. À peu près à la même époque, dans les Pyrénées, les mûriers seront introduits par les maures, via l’Espagne.
L’élevage de ver à soie et la fabrication de fil de soie semble avoir existé dans les Cévennes dès la fin du XIIIe siècle. Un acte notarié de 1296 cite l’existence d’un certain Raymond de Gaussargues d’Anduze, « trahandier » c’est à dire tireur de soie. La venue des papes à Avignon au début du XIVe siècle introduit la culture du mûrier dans la région. Le développement de cette activité va être très irrégulier en fonction des aléas politiques (guerres, révolution, intérêt des rois en place…) mais aussi des subventions données par l’état.
Louis XI (1423-1483) invite des artisans italiens et grecs à s’installer à Tours, ville qui compte 8 000 métiers à tisser en 1546 et qui devient ainsi un centre séricicole plus important que Lyon, Montpellier ou Paris. Arrivée en Europe occidentale à la fin du Moyen Âge, la production de soie parvient au stade de l’industrialisation à partir du XIXe siècle, à Lyon notamment (la Fabrique). D’autres mesures seront prises par la royauté, notamment par François Ier qui signera en 1544 une ordonnance encourageant la culture du mûrier.
Charles VIII d’Anjou avait déjà encouragé par des privilèges les fabriques de soie de Lyon et de Tours mais c’est sous Henri IV, devant l’importance des importations de soie grevant fortement le budget royal, qu’ il a été décidé d’imposer la culture du mûrier dans toutes les communes et de la subventionner. Politique de subvention également sous Louis XIV avec Colbert : prêts sans intérêts, subventions, privilèges, libre usage des cours d’eau à ceux qui installent des filatures et des moulinages, prime pour chaque pied de mûrier de 3 ans …
C’est surtout Henri IV qui donne une forte impulsion à la sériciculture grâce aux travaux de son illustre conseiller, l’agronome Olivier de Serres, dans le futur département de l’Ardèche. Des mûriers sont plantés jusque dans le jardin des Tuileries. François Traucat fait planter plus de quatre millions de mûriers en Provence et en Languedoc.
La région va aussi tirer profit de deux personnes ressources, Olivier de Serres et François Traucat.
Olivier de Serres (1539 –1619) est originaire d’une famille protestante de l’Ardèche. « La cueillette de la soye par la nourriture des vers qui la font » de son traité d’agronomie, « Le Théâtre d’agriculture et mesnage des champs » attirera l’attention du roi Henri IV.
François Traucat, jardinier nîmois, a fait planter quatre millions de mûriers en Provence et en Languedoc de 1554 à 1606.
Sous Louis XIV, Colbert chargea un certain Isnard de faire publier des mémoires sur la culture du mûrier et l’élevage du ver à soie.
Cependant, la révocation de l’édit de Nantes va porter un coup fatal à la sériciculture : les familles protestantes des Cévennes grands producteurs de soie vont se réfugier alors à l’étranger.
Il fallut le terrible hiver de 1709 qui gela les châtaigniers des Cévennes ainsi que les oliviers dans tout le midi, pour obliger les agriculteurs à s’orienter vers une nouvelle ressource, la sériciculture. Le mûrier se développe dans les Cévennes et dans une moindre mesure en Provence. Michel Darluc parle de champs de mûriers bordant les champs de blé dans la Crau irriguée.
Cependant, c’est le gel des châtaigniers et des oliviers en 1709 qui va être à l’origine d’une explosion de la plantation de mûriers, cet arbre contrairement aux deux précédents ayant une croissance rapide. En 1752, l’octroi d’une prime de 24 sols pour chaque pied de mûrier planté va renforcer cette tendance. En 1809, le préfet du Gard recense 1.140.680 mûriers et 4.713.000 en 1831.
« De contrée déshéritée et ingrate, voilà les Cévennes devenues terre de prospérité par la magie d’un arbre » (Clavairolle) d’autant que l’essor de la sériciculture entraîne celui des opérations secondaires de la soie et va donner du travail à de nombreux habitants.
De 1760 à 1780 la production de cocons s’élève à environ 7 000 tonnes par an. Le développement s’accentue pour atteindre en 1853 la production record de 26 000 tonnes. Malheureusement cette progression se fait au détriment des exigences sanitaires. Comme dans bon nombre de cas, cette intensification de la production s’accompagne d’une multiplication des maladies touchant les vers à soie. La production de cocons tomba en 1856 à 7 500 tonnes de cocons. Mr. Jeanjean, secrétaire du comice agricole du Vigan (Gard), pouvait écrire « Les plantations de mûriers sont entièrement délaissées ; l’arbre d’or n’enrichit plus le pays ». En fait ces maladies apparurent dès 1849, mais la propagation avait pu être freinée par l’importation de graines espagnoles et surtout italiennes. En 1855 l’Italie ayant été également touchée, les graines importées étaient contaminées d’où la récolte catastrophique de 1856.
En 1852, plus de 60 départements français produisaient des cocons mais plus de la moitié viennent des Cévennes. Les raisons sont multiples : – Les bonnes conditions climatiques pour le mûrier, – La région, très pauvre et sans agriculture intensive donne la possibilité de mettre tous les bras à disposition pendant la période de 30 à 35 jours nécessaire à l’élevage du ver à soie, – L’activité pouvant être réalisée au sein de la cellule familiale, ne nécessitant pas d’investissement important est source d’argent liquide.
La production française est à son apogée autour de 1853 avec 26000 tonnes de cocons. En 1855 avec 5000 tonnes de soie grège, la production dépasse celle des royaumes lombards et vénitiens réunis.
Plus de 2300 communes pratiquaient la sériciculture, ce qui occupait environ 300.000 à 350.000 personnes.
Ces chiffres ne seront cependant plus jamais atteints car c’est à cette époque qu’une épidémie virulente va progressivement décimer les élevages de vers à soie et faire chuter la production de cocons : 7500 tonnes en 1856.
Des importations de graines sont alors effectuées à partir du Japon et de la Chine. Mais les mauvaises conditions de stockage dans les entrepôts à Yokohama ou à Shanghaï ainsi que la durée du transport compromettent la qualité des graines. Des importations sont également faites de Géorgie et du Caucase. Pour maintenir l’activité des industries de filage, des cocons sont également importés du Japon. Aujourd’hui encore, les vers à soie font l’objet de collaborations scientifiques entre la France et le Japon. À l’époque Meiji, les maisons de commerce ont prospéré sur les échanges entre la France et le Japon. Elles marquent le début des relations économiques entre les deux pays. Puis la soie est importée de Chine , de l’Inde et du Brésil plus récemment.
À la suite de nombreuses interventions, le Ministre de l’Agriculture Béhic confia l’étude de ces maladies à Louis Pasteur. Ce dernier hésite à accepter cette mission car, selon ses propres termes, il n’avait jamais touché à un ver de soie. Pasteur finit par accepter et se rend le 6 juin 1865 à Alès. Il étudie en particulier, dans les Cévennes (Gard et Ardèche), deux maladies : la pébrine et la flacherie. Après 5 ans de travaux, il propose une méthode de prophylaxie – la sélection des œufs indemnes de maladie – et publie en 1870 un livre intitulé Étude sur la maladie des vers à soie, qu’il dédicace à sa majesté l’Impératrice qui lui avait dit que « la science n’a jamais plus de grandeur que dans les efforts qu’elle fait pour étendre le cercle de ses applications bienfaisantes ». Ces maladies avaient également été étudiées par de Quatrefages, Béchamp et Balbiani, mais la postérité ne retiendra que le nom de Pasteur.
Grâce à ces travaux recommandant une utilisation de graines saines, le développement de la pébrine est enrayé mais la production ne progresse pas et se stabilise entre 8 000 et 10 000 tonnes de cocons. En effet, d’autres facteurs entrèrent en ligne de compte et freinent la reprise de l’activité: résistance de la flacherie, ouverture du canal de Suez en 1869 d’où une concurrence étrangère plus forte, développement dans le midi de cultures plus rémunératrices (fruits et légumes dans les plaines et vignes sur les coteaux), ainsi que la guerre de 1870.
En 1892, une prime proportionnelle au poids des cocons récoltés est mise en place mais reste insuffisante.
Le coup final est porté par l’apparition des fibres synthétiques (nylon en 1938)
En 1891, la sériciculture est à l’origine d’un événement pittoresque et festif. L’élevage du ver à soie utilisait des feuilles de papier perforé de petits trous ronds. Monsieur Lué, administrateur du Casino de Paris, se procura des chutes de ces feuilles de papier. Elles furent utilisées, comme projectiles, dans un bal masqué donné à l’occasion du Carnaval de Paris. Ainsi fut lancée la vogue mondiale du confetti en papier, prodigieuse à ses débuts et que nous connaissons toujours aujourd’hui.
Après le bouleversement de la guerre de 1914-1918, la production se stabilise entre 3 000 et 4 000 tonnes de cocons, puis à compter de 1924 continue à décroître jusqu’à 500 tonnes à la Libération. Pendant la seconde guerre mondiale, un bref renouveau s’est manifesté pour la fabrication des parachutes. Une affiche éditée par le Ministère de l’Agriculture demandait aux paysans français d’élever des vers à soie avec pour slogan : « Des parachutes français tissés avec de la soie française ». Malgré cela la production continua à baisser pour ne devenir qu’anecdotique.
Cependant, comme ailleurs, les crises successives secouent les Cévennes même si n’ayant pas vraiment d’activité de substitution, elles résistent mieux que les autres régions. Elles assurent 86 % de la production séricicole nationale en 1938 contre 51 % trente ans auparavant. Cependant l’activité continue à décroître et la dernière filature cesse son activité en 1965 à St Jean du Gard. En 1968, l’état suspend ses aides ce qui signe l’arrêt de mort de la sériciculture française.
Une première relance a été conduite par Edouard de Cazalet à Molières-Cavaillac (Gard) au profit d’un centre d’aide par le travail (CAT). Les résultats ne furent pas convaincants. Une autre expérience débuta en 1972 à Monoblet. En 1977, une relance de la sériciculture cévenole est tentée avec la création de l’A.D.S. Cévennes (Association pour le Développement de la Sériciculture en Cévennes), elle remet en état une ancienne magnanerie.
En 1978, année de fermeture de la station séricicole d’Alès, l’A.D.S. Cévennes lance sa première campagne séricicole pour la production de cocons, à un niveau interdépartemental. Trente-six éducateurs de l’Hérault, du Gard, de la Lozère, de la Drôme et de l’Ardèche produisent cette année-là une tonne et demie de cocons. Le projet se développe et reçoit des aides du Conseil général et du Conseil régional. Puisque la soie grège produite en Cévennes est trop chère face aux soies importées de Chine, elle va créer en 1980 sa propre structure de consommation (la S.I.C.A. ou Société d’Intérêt Collectif Agricole Soie-Cévennes): elle transformera et commercialisera la production locale, maîtrisant ainsi la totalité de la chaîne soie, du mûrier au tissu.
Elle connaît toutefois un grave déclin lié à la concurrence de fibres modernes (dont le nylon), à l’évolution des coutumes vestimentaires en Europe, à l’essor de certains pays d’Asie et aux épidémies qui touchent le ver à soie en France, menant à la situation actuelle où la production est à nouveau essentiellement asiatique.
Élevage des vers à soie
Conditions techniques de l’élevage
La graine : incubation et éclosion
La première condition qu’exige l’éducation du ver à soie est le choix de la graine. On doit rechercher une couleur gris cendré. La fabrication de la graine étant une opération délicate, des établissements spécialisés avaient été agréés conformément à la loi du 7 mars 1944 afin de produire des souches saines.
La mise en incubation doit être effectuée à la mi-avril, époque à laquelle les bourgeons de mûriers commencent à s’épanouir. Les conditions d’une bonne incubation sont :
une chaleur douce s’élevant régulièrement de 1 à 2 degrés par jour jusqu’à 23° C et sans jamais redescendre ;
de l’air pur et sans cesse renouvelé, indispensable à la respiration très active des œufs à ce moment ;
une légère humidité pour éviter le dessèchement de la graine.
Pour réaliser cette incubation, les graines étaient autrefois placées dans des sachets ou nouets qui étaient portés par les femmes sous leur vêtement ou déposés dans une pièce chauffée telle que celle où se trouve le four du boulanger. Il est évident que les conditions précédentes étaient mal respectées. La meilleure solution est de recourir à une couveuse ou incubateur dont le type classique en France est le castellet des Cévennes.
La durée de l’incubation est en général d’une quinzaine de jours ; l’approche de l’éclosion est annoncée par un changement de coloration de l’œuf qui devient blanchâtre. L’éclosion dure 3 à 4 jours. Pour enlever les jeunes vers éclos, on place sur les œufs un morceau de tulle sur lequel on dispose des feuilles de mûriers coupées en fines lanières. Les jeunes larves passent à travers la toile pour manger les feuilles qui, une fois garnies de vers, sont placées sur des claies.
Égalisation et espacements des vers
Pour faciliter la conduite de l’élevage, il importe que les vers évoluent de la même façon c’est-à-dire qu’ils muent et fassent leur cocon en même temps. Il faut donc que les derniers nés évoluent un peu plus vite pour combler leur retard : pour cela ils seront mis aux endroits les plus chauds de la magnanerie.
L’espacement des vers est un facteur qui influe énormément sur l’état sanitaire et donc sur le rendement. Il faut compter pour les chenilles du 5e âge, environ 2 m2 de claies pour 1 gramme de graines.
Délitage
Il faut débarrasser les vers de leurs déjections et des feuilles souillées, cela sans les toucher de crainte de les meurtrir. Cette opération appelée délitage s’effectue, après chaque mue, par les vers eux-mêmes au moyen de feuilles de papier trouées ou de filets à maille plus ou moins serrée selon leur grosseur et que l’on dispose au-dessus des chenilles. Les vers passent au travers des mailles pour venir chercher des feuilles fraîches qu’on leur a distribuées au-dessus. Le délitage terminé, la vieille litière doit être enlevée avec précaution pour ne pas disséminer les poussières contenant de nombreux germes.
Alimentation
Il faut donner à manger aux vers peu à la fois et souvent, soit 4 fois par jour. Les repas doivent être donnés à heures régulières. Les vers mangent avec plus d’avidité et profitent mieux de la nourriture qui doit être répandue uniformément. Pour 25 à 30 g de graines on estime qu’il faut distribuer, pendant les 32 jours que dure en moyenne l’élevage, environ 1300 kg de feuilles à répartir de la façon suivante
Encabanage
Vers le 8e jour après la 4e mue, l’appétit des vers diminue et on les voit se déplacer rapidement, leur corps devient jaune ambré. On dit que le ver est mûr. L’éleveur dispose des rameaux de bruyère en formant une sorte de galerie ou cabane de 50 cm de large et d’une profondeur égale à la largeur de la claie. La chenille monte dans ces branchages pour procéder à la formation de son cocon. Le maintien de la température est nécessaire pour que le ver puisse d’abord faire son cocon puis se transformer en chrysalide. Il arrive que deux vers s’unissent pour faire un même cocon : il y a alors formation d’un cocon double contenant deux chrysalides. A la place des bruyères, on peut utiliser des hérissons plastiques.
Conditions physiques de l’élevage
Le renouvellement de l’air dans lequel vivent les vers joue un rôle capital souvent négligé dans le passé. Dans les locaux d’élevage l’air est rapidement vicié par la respiration des vers et se trouve de plus pollué par la fermentation des litières. Un renouvellement fréquent de l’air est une nécessité absolue. Une ventilation énergique est plus particulièrement indispensable quand le temps est orageux et que l’air reste stagnant dans la magnanerie.
La pratique a montré que la température la plus favorable se situe entre 22 et 24° C. Les vers redoutent beaucoup les variations brusques de température.
La lumière est indispensable aux vers à soie, qui vivent normalement en plein air. En revanche, il est indispensable d’éviter les rayons directs du soleil.
Les maladies qui peuvent atteindre les vers à soie sont : la muscardine, la pébrine, la flacherie et la grasserie.
La soie
La soie est une fibre textile d’origine animale produite par de nombreux arthropodes, araignées et chenilles de certains papillons notamment.
Celle qui sert à produire des tissus de soie est issue du cocon produit par la chenille (ver à soie) du bombyx du mûrier (Bombix mori) pour la soie de culture, et du ver à soie Tussah (plusieurs espèces de chenilles du genre Antheraea) pour la soie sauvage.
Le bombyx du mûrier est un lépidoptère domestique originaire du nord de la Chine, élevé pour produire la soie. Le ver à soie est sa chenille. Le bombyx est inconnu à l’état sauvage, il résulte de la sélection par élevage appelé sériciculture. C’est au stade de chenille que le bombyx produit la précieuse fibre sécrétée en une bave abondante qui, en durcissant, se transforme en un fil unique de soie brute avec lequel la chenille se fabrique un cocon. Ce fil mesure entre 800 et 1500 mètres de long. Il est produit par des glandes spécialisées, dites séricigènes.
La filature
Chaque cocon n’est fait que d’un seul fil appelé bave. Pour trouver l’extrémité de chaque fil, on remue constamment les cocons avec un petit balai de bruyère (dans les Cévennes et partout en France) ou de paille de riz (en Chine). Celui-ci sert à accrocher les premiers fils de dévidage. Chaque fil étant trop fin, on en réunit plusieurs (une dizaine) lors du dévidage. Ceux-ci se soudent entre eux grâce au grès (ou séricine, colle naturelle protégeant les brins), lors de son refroidissement.
Les fils sont enroulés sur des « dévidoirs », la soie est alors dite soie « grège ». Celle-ci est ensuite enroulée sur des écheveaux ou « flotte ». Un kilogramme de soie grège s’obtient avec huit à dix kilogrammes de cocon.
Le moulinage
La soie filée n’est pas assez solide pour être tissée. Pour augmenter sa résistance, on lui fait subir une torsion, c’est le moulinage : l’écheveau de soie est enroulé sur un support, le roquet. Celui-ci est placé sur une machine à axe vertical : le moulin. L’axe est entrainé par une courroie qui tourne à grande vitesse. Sous l’effet de la rotation, le fil se tord et s’enroule sur une bobine réceptrice. Plus on enroule lentement plus la torsion est forte.
Pour le tissage, la soie se présente sous la forme de flotte
Elle est enroulée sur un tambour « l’ourdissoir ». Cela permettra de monter les fils de chaîne sur le métier.
Elle est dévidée sur une « cannette » qui sera placée dans la « navette ». Celle-ci sert à tisser la trame.
Sources :
https://www.atelierdesoierie.com/histoire-soierie/la-soie/
https://www.museedelasoie-cevennes.com/savoir.html