7 février 1314 : arrêt du Parlement de Paris confirmant la condamnation à mort d’un taureau
(D’après « Procès contre des animaux et insectes suivis au Moyen Âge dans la Picardie et le Valois » (par Alexandre Sorel) paru en 1877)
L’abbé Carlier, prieur d’Andrésy, rend compte, dans son Histoire du duché de Valois, d’un procès intenté à un taureau et débouchant sur son exécution suivie d’un appel examiné par le Parlement de Paris
ll survint, dit-il, vers l’an 1313, une affaire singulière et tout à fait étrangère à nos mœurs. Il y avait alors une commanderie de Saint-Jean-de-Jérusalem à Moisy-le-Temple, aux confins du Valois, au-delà du ruisseau de Tresmes — Moisy-le-Temple dépendait de la commune de Montigny-l’Allier (Aisne), canton de Neuilly-Saint-Front, arrondissement de Château-Thierry. Le titulaire de ce bénéfice avait la haute justice du territoire.
Un fermier du village de Moisy laissa échapper un taureau indompté. Ce taureau ayant rencontré un homme, le perça de ses cornes. L’homme ne survécut que quelques heures à ses blessures. Charles, comte de Valois, ayant appris cet accident au château de Crépy, donna ordre d’appréhender le taureau et de lui faire son procès.
On se saisit de la bête meurtrière. Les officiers du comte de Valois se transportèrent sur les lieux pour faire les informations requises et, sur la déposition des témoins, constatèrent la vérité et la nature du délit. Le taureau fut condamné à être pendu, et l’exécution de ce jugement se fit aux fourches patibulaires de Moisy-le-Temple. La mort d’une bête expia ainsi celle d’un homme.
Ce supplice, ajoute Carlier, ne termina pas la scène. Il y eut appel de la sentence des officiers du comte, comme de juges incompétents, au Parlement de la Chandeleur 1314. Cet appel fut dressé au nom du Procureur de l’Hôpital de la ville de Moisy. Le Procureur général de l’ordre intervint. Le Parlement reçut plaignant le Procureur de l’Hôpital, en cas de saisine et de nouvelleté, contre les entreprises des officiers du comte de Valois.
Le jugement du taureau mis à mort fut trouvé équitable ; mais il fut décidé que le comte de Valois n’avait aucun droit de justice sur le territoire de Moisy et que ses officiers n’auraient pas dû y instrumenter.