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ToggleRoutes, chemins, ponts et corvée à Aouste au XVIIIe siècle
Les échanges entre lieux habités laissent des traces plus évidentes sur le sol. Les premières routes sont liées à l’invention de la roue, du char et des chariots.
Au-dessus des sentiers et des pistes apparaissent les chemins, qui lient des centres de peuplement permanent. Les échanges entre lieux habités laissent des traces plus évidentes sur le sol. Les premières routes sont liées à l’invention de la roue, du char et des chariots. La route est un chemin marqué dans le paysage auquel on accorde une fonction qui rejaillit sur sa forme (largeur, matériau, bornes, lieux d’étapes, etc.). Il en est ainsi des voies romaines et des routes de poste, même si ces dernières se distinguent des routes royales, voire des routes de marche des armées.
L’origine du réseau français est antérieure à la conquête romaine. Comme l’a rapporté Jules César, ce qui est également confirmé par les découvertes archéologiques, la Gaule possédait un réseau de voies comportant des ponts sur les fleuves permettant de se déplacer rapidement entre les cités. Les gaulois, excellents carrossiers, ne pouvaient se satisfaire de chemins non tracés.
Si les voies romaines ont été sans conteste conçues en raison d’obligations militaires, les troupes n’eurent rapidement plus l’exclusivité de leur usage. Les routes étaient en effet utilisées par une grande variété de personnes : les commerçants, les messagers postaux du cursus publicus (- parfois appelé vehiculatio durant le Haut Empire, est le service de poste impérial qui assurait les échanges officiels et administratifs au sein de l’Empire romain. Son réseau nous est connu par la Table de Peutinger – ), les curateurs gouvernementaux qui venaient vérifier les comptes d’une province, les proconsuls qui recueillaient les taxes, les athlètes qui participaient aux différentes compétitions, les milliers de citoyens romains habitant les provinces et venant à Rome pour visiter ou pour présenter leur cas devant l’empereur et enfin, les légions en mission pacificatrice dans les provinces.
Avec la chute de l’Empire romain, l’organisation et les moyens qui permettaient d’assurer l’entretien des routes disparaissent. Les chaussées se dégradent, certaines disparaissent. La répartition des populations, le poids respectif des villes et centres d’affaires, évoluent également, faisant perdre leur utilité à certaines liaisons, tandis que d’autres apparaissent, sans pouvoir être équipées avec les solutions techniques utilisées du temps de l’Empire. Au Moyen Âge, la France n’a plus de réseau routier à l’échelle du pays, mais des routes régionales et des chemins en plus ou moins bon état.
La Table de Peutinger
La question des transports constitue un élément essentiel des changements profonds de la société au cours de l’histoire. C’est aussi une des conditions de l’expansion économique des régions. À l’époque de Jules César, il fallait cinq jours pour aller de Lyon à Lutèce ; sous Louis XVI, ce trajet n’était réduit que d’un jour !
Par la suite, les gouvernements n’y consacrent que des efforts temporaires à l’époque de Louis XI, de Sully et de Colbert. Le 23 mai 1668, Colbert déclara qu’il «désiroit que l’on travaillast à faire des Cartes Géographiques de la France plus exactes que celles qui ont esté faictes jusqu’icy ». Un peu plus tard démarrait la fameuse carte dite de Cassini, que quatre générations successives de Cassini vont mener à bien : débutée à la fin du XVIIe siècle, elle ne sera publiée intégralement que sous l’Empire. Ce fut la première carte exacte et générale d’un pays, dont les 180 feuilles déployées couvrent 140 m². Admirée par les voisins de la France, elle fut bientôt imitée partout, et maintes fois rééditée.
C’est au XVIIIe siècle que l’établissement d’un véritable réseau routier devient une préoccupation permanente. Le service des Ponts et Chaussées développe et entretient les routes les plus importantes avec le concours du ministère de la Guerre. Il construit avec le système de la corvée près de 30 000 km de voies entre 1728, date de sa création, et la Révolution. Les routes sont bordées d’arbres afin de protéger les piétons et les chevaux. Les voies locales restent à la charge des riverains.
En 1776, un arrêt du Conseil définit quatre classes de routes, depuis les « grandes routes qui traversent la totalité du royaume, ou qui conduisent de la capitale dans les principales villes, ports ou entrepôts de commerce » jusqu’aux petites routes d’intérêt local. Les routes de la première classe, ou routes royales, construites désormais devront avoir 42 pieds de largeur, soit environ 13 mètres. Elles ont été cartographiées par Claude-Sidoine Michel, ingénieur et géographe du Roi à l’Observatoire, Louis Brion de la Tour et Louis Charles Desnos entre 1762 et 1785.
Sous la Révolution, le service de la route devient un élément de salut public. Les révolutionnaires se gardent bien de remplacer le personnel administratif, qui reste en place. Mais la désorganisation générale rejaillit sur l’entretien des route : la corvée a été supprimée dès 1787,
Napoléon, par contre, s’est beaucoup intéressé aux routes. En 1804, un crédit de 14,5 millions de francs est affecté à la remise en état des vingt routes principales. Le souci primordial de Napoléon concerne les grandes routes stratégiques menant aux frontières, en particulier celles qui conduisent en Italie et en Espagne. Le corps des Ponts et Chaussées, dont les directeurs et les ingénieurs sortiront bientôt tous de l’Ecole polytechnique, créée en 1794, élaborent les projets et dirigent l’exécution des travaux: établissement et construction des nouvelles routes, creusement de tunnels à l’aide d’explosifs, remplacement de tous les gués par des ponts.
Napoléon se soucie aussi d’assurer la sécurité des voyageurs: un arrêté du 7 janvier 1801 stipule que « toute diligence doit être accompagnée de quatre soldats commandés par un sergent ou un caporal, avec leurs fusils et vingt cartouches, accompagnés en outre de deux gendarmes au moins à cheval avec leurs fusils ».
La route de l’étain
Plan d’Aouste en 1869 avec routes et chemins
La corvée
La corvée ! Tout le monde connaît ce mot!
Mais qu’en était-il au XVIIIe siècle pour nos aïeux ? Déjà à l’origine , il signifiait « travail sollicité », ensuite, au XVe siècle , il a pris le sens de « travail pénible et inévitable ». On entend par corvée un travail ou un service gratuit dû à l’Etat et acquitté en journées de corps, de chevaux, de bœufs ou de charrois. Les corvées dites personnelles sont celles auxquelles chacun est soumis détenteurs ou non de fonds
Les corvées publiques, ou comme l’on dit ordinairement la corvée, existe depuis fort longtemps. Depuis les Romains qui ne rendaient la liberté à leurs esclaves affranchis que sous conditions d’effectuer des travaux particuliers, jusqu’aux seigneurs du Moyen Age qui établissaient de nombreuse charges en nature sur les populations.
L’idée de faire contribuer directement la population à l’exécution des grands ouvrages publics est très ancienne et souvent pratiquée
C’est au XVIIIe siècle qu’elle a reçu chez nous la plus grande extension. Exigée tout d’abord en temps de guerre pour le passage des troupes du roi, elle fut bientôt étendue, à titre temporaire à la construction des routes, puis, on la rendit permanente dans le but d’en assurer l’entretien Aouste se trouvant sur la voie royale allant en Italie a enduré cette situation, principalement sous Louis XIV, du fait des guerres aux frontières avec le duc de Savoie (Guerre de la Ligue d’Augsbourg, Guerre de la succession d’Espagne
Peut-être légitime et nécessaire, la corvée des grands chemins, telle qu’elle fut établie sous l’Ancien Régime, souleva par ses imperfections les critiques les plus vives et donna lieu à de graves difficultés De plus une inégalité sociale se greffait à cette situation, en effet les membres du clergé et de la noblesse en étaient exempts, seule la classe des laboureurs et journaliers était assujettie à ce régime. Les habitants des campagnes se rendaient par paroisses, avec leurs charrettes , animaux de trait et bêtes de somme à des « ateliers » (lieu où l’on travaille) situés parfois à une distance de sept lieues de leur résidence.(1 lieue équivaut à environ 3,5 km)
Convoqués chaque année au printemps et à l’automne , souvent au moment même où l’agriculture réclame tous leurs soins, ils viennent sous les ordres d’ingénieurs ou de surveillants, effectuer des travaux qui excèdent leur bonne volonté, dépassent leur entendement et ne durent pas moins de huit à trente jours. Il faut se souvenir qu’à cette époque, les hostilités n’avaient lieu, en général qu’à la belle saison, les troupes étaient en quartier d’hiver aux environs de fin novembre jusqu’à mi mai Mais aussi les corvéables sont parfois convoqués en hiver et quelque soit les dures conditions climatiques Ceux qui manquent à l’appel ou qui refusent de remplir leur tâche sont passibles d’amendes de dix à quinze livres (plus de 2 semaines de salaire d’un journalier ou le prix d’un porc). Autre contrainte, la voie de garnison est toujours insuffisante bien qu’employée une infinité de fois et qui se termine par douze ou quinze livres de frais que l’on répartit avec précision sur toute la communauté , en sorte que chaque particulier en est quitte pour trois à quinze sols . Or , malgré leur peu de revenus, quel est celui qui préfère payer une amende , disons modique, pour plusieurs jours de désobéissance que de donner plusieurs jours de son temps pour effectuer sa tâche vitale. Dans le pire des cas ils sont conduits à la prison voisine, mais aléatoire à pratiquer car il y a trop de réfractaires, il faudrait autant de cavaliers de maréchaussée que de réfractaires
Augmentation de travail, aux dépens de leurs propres biens, amendes, détention s’ensuivent . Il n’existait pas de règlements généraux , tout était livré à l’arbitraire de l’Intendant, juge tant à la fois des besoins de la voirie, des charges qui doivent incomber aux communautés rurales et des pénalités qu’il convient d’appliquer aux récalcitrants. En effet, le Roi avait le droit de faire commander par les Intendants les gens pour la corvée mais n’avait pas celui de les y faire travailler.
Les défauts de cette organisation étaient encore aggravés dans la pratique, lors du dénombrement des habitants de la communauté par les consuls ou maires, désireux d’exonérer leurs proches ou amis se rendaient coupables d’omission, ces abus, par la suite, provoquèrent de sévères réprimandes par les Intendants qui contrôlèrent plus précisément les états de convocation. Sur les « ateliers », vexations et vénalité des surveillants de travaux faisaient supporter à la classe la plus pauvre toute la charge des travaux. A ceci s’ajoute l’inefficacité de pénibles travaux, l’impossibilité d’une bonne coordination et l’impuissance dues à la fréquence de leurs interruptions, venaient mettre le comble au découragement et à l’exaspération des corvéables.
Les vices d’un pareil régime se faisant ressentir de plus en plus vivement, l’opinion publique s’agitait et demandait des réformes
En 1776 Turgot, par un édit, réforma le régime des corvées en un travail sur les routes en une contribution foncière dont le clergé était seul exempt. Les Parlements s’opposèrent violemment et ces mesures furent abrogées par une déclaration. du 11 août 1776 qui rétablit l’ancien usage qui subsista jusqu’à la Révolution. Toutefois un arrêt du 6 novembre 1786 prescrivit l’essai pendant trois ans du rachat des tâches à prix d’argent et une déclaration du 27 juin 1787 abolit même définitivement la corvée mais sans avoir quelque effet, la Révolution est proche. Le souvenir d’une pratique depuis longtemps odieuse sembla avoir contribué au déchaînement des violences qui suivirent, dans les campagnes, la chute de la monarchie.
Jusqu’au Consulat, aucun gouvernement, ne demanda aux populations de concourir en nature aux travaux de voirie, c’est seulement en l’an X que l’on rétablit les journées de travail mais sous forme de prestations.
À la sortie de la Révolution, les transports et les communications sont rendus difficiles par l’état désastreux des chemins que les corvées n’arrivent pas à entretenir, d’autant qu’on est à peu près impuissant face aux intempéries. Pour Napoléon Bonaparte, les routes impériales, qui remplacent les routes royales, permettent d’unifier le pays et de faciliter le passage des troupes, comme à l’époque romaine. Il s’attache particulièrement à développer les routes vers l’Italie, à laquelle il attribue une importance politique particulière.
Exemple de borne de corvée.Les ateliers étaient délimités par des bornes de corvée.
Qu’en était-il de la corvée à Aouste au XVIIIeme s.?
Aouste n’a pas dérogé à cet état de fait commun, et tout au long de ce XVIIIe siècle, et même un peu avant. Ce Grand Chemin Royal étant une route stratégique vers l’Italie, la communauté d’Aouste, de même les communautés riveraines, en ont subi inlassablement les aléas
De 1641 à 1789, au fil de nos archives municipales nous allons suivre l’aventure des corvéables aoustois.
En voici quelques extraits
Le 18 octobre 1641, Mr Sibeud, le subdélégué de l’Intendant au département de Crest et Die écrit de Montélimar aux consuls d’Aouste de faire promptement visiter et réparer la route car Mr l’Intendant Alexandre de Sève devant coucher à Crest et à Die passera par le Grand Chemin Royal (actuelle RN 93), et par la même occasion Mr Sibeud leur notifie qu’une négligence de leur part ne serait pas pardonnable.
Le 8 janvier 1657, ordre de réparations du chemin de Valence à Die suite aux intempéries de l’hiver.
Le 18 février1695, intimation du sieur Le Vian de Crest commissaire subdélégué de Monsieur l’Intendant Etienne Jean Bouchu aux communautés de Crest et Aouste de fournir , pour Crest six hommes et quatre pour Aouste, avec bêtes et matériels, bois et charrois pour réparer le Grand Chemin, et, par la même lettre signifie qu’en cas de refus des contraintes par corps serait employées ainsi qu’ils seraient tenus responsables des retards pour l’approvisionnement des troupes de sa Majesté.
Le 5 septembre 1672, Les Présidents Trésoriers généraux de France, Grands voyers en Dauphiné Brenier, Deschaulnes, Vial, Perrachon, Bertrand, suite à plainte du Procureur du Roi, font savoir aux communautés situées entre Crest et Die que le Grand Chemin Royal est tellement ruiné par les intempéries, les passages de chevaux et mulets, qu’il devient dangereux et de plus le commerce en souffre (cessation d’activité faute d’approvisionnement) Il est ordonné aux communautés riveraines de l’entretenir et réparer comme il se doit , faute de quoi il sera fait usage des contraintes habituelles (amendes, prisons). Une notification de la remise de l’ordonnance aux consuls est faite par huissier, Pierre Morel de Crest.
Jean Ogier et Jacques Vandelin sont commissionnés le 15 octobre 1681 par la communauté pour en inspecter les chemins en piteux état – chemin de Cobonne, chemin ruiné; chemin d’Aouste à Blacons, absence ou ruine de cinq pontillards sur les chemins du Puy Saint Pierre, près du sanctuaire de Saint Pierre, celui près des Grands Chenaux, de Peyrolland et celui près de Mirabel est troué.
Le 12 janvier 1695, ordonnance de Pierre Richard, conseiller du Roi, vi-sénéchal et lieutenant général en la sénéchaussée de Crest intime à la communauté d’Aouste de fournir gratuitement neufs ouvriers pendant dix jours pour rétablir le chemin entre Crest et Saillans, en prime, les maires et consuls sont tenus responsables et éventuellement contraints par corps (prison). Parmi ces ouvriers munis de leurs propres outils tels pics, pelles, « fessous » (grosse houe, pioche) et « barruttes » (ou bareute : brouette), nous trouvons Etienne et Jean Moulin, Jean Davin, Berton Sage, Paul Dufaux et Lantheume.
Le 19 mai 1736, Mr Sibeud, le subdélégué de l’Intendant Gaspard Moïse Augustin de Fontanieu, écrit aux consuls d’Aouste en leur rappelant qu’ils n’ont pas fait travaillé à la route de Crest et qu’il serait fâcheux de leur envoyer une garnison de cavaliers de la maréchaussée et s’il y a des »refusants » dresser un état et lui communiquer leurs noms et profiter des deux jours de fêtes de Pentecôte afin d’y travailler avec la permission de l’évêque.
Ecartons nous un bref instant de la corvée et, au sujet du dimanche, il est à noter que depuis Constantin 1°, en 321, le dimanche est considéré comme repos dominical pour les chrétiens, entre autres. Le dimanche est consacré à Dieu et obligatoirement chômé , de même que les fêtes de la liturgie catholique (Noël, Pâques, Pentecôte, etc…), de ce fait il est interdit de travailler, par contre assister à la messe est impératif. Aussi l’évêque autorise le travail ce jour-là ainsi que les jours de fêtes, mais les corvéables doivent assister à la messe de cinq heures avant d’aller aux « ateliers »à sept heures Monseigneur l’évêque déroge sans trop de réticence l’autorisation, car à chaque demande de l’Intendant ou son subdélégué, il accorde l’autorisation et ce plusieurs fois dans l’année.
Sous l’Ancien Régime en l’absence de garde-champêtre qui informe la population des nouvelles importantes , il faut profiter de cette participation des habitants à la messe dominicale pour faire passer l’information. Les ordonnances royales ou celles de l’Intendant sont transmises au prêtre pour être lues en chaire le dimanche précédent la corvée et affichées à la porte de l’église . C’est ainsi que nos ancêtres apprenaient la victoire remportée à telle ou telle bataille, le mariage ou la mort du roi, la cherté des grains, l’arrivée d’une comète , la célébration d’un Te Deum pour commémorer tel événement (comme le 25 décembre 1783 pour la paix) sans oublier les actualités nationales et locales :baptêmes, sépultures et surtout mariages, avec la publication des bans invitant les personnes connaissant des empêchements souvent pour parenté à se manifester avant la célébration, on y parle aussi de la gestion des ressources de l’église (« Charité bien ordonnée commence par soi-même »), mais aussi les observations et réprimandes du curé à l’égard de ses paroissiens sont passées en revue. Le « J.T. du XVIII° siècle »!
Le 17 avril 1737, à Die, lettre de rappel du subdélégué Sibeud aux consuls d’Aouste leur enjoignant d’effectuer les réparations au Grand Chemin, qui auraient dû être faites pendant l’hiver, or, cela n’a pas été effectué, en conséquence il ordonne de faire le nécessaire courant le mois de juin, assorti de sanctions telle la menace d’une garnison Monseigneur l’évêque, compréhensif, autorise les ouvrages pour les fêtes de Pâques, 1° mai et Pentecôte, avec en plus quelques sévères recommandations.
Le 29 novembre 1738, Le subdélégué Sibeud, suite aux négligences et à la réticence des propriétaires riverains de la route allant à Crest, d’effectuer des travaux, celle-ci est devenue impraticable et conformément à une ordonnance du commissaire Departi, en date du 31 mars 1736, le subdélégué demande aux consuls et officiers de la communauté d’Aouste de faire exécuter ces travaux, sous peine de supporter en leur nom propre les amendes fixées.
Le 12 décembre 1738, lettre de Mr Sibeud aux consuls et officiers de la communauté d’Aouste, leur reprochant le manque d’entretien de la route et leur demande de faire réparer celle-ci par les propriétaires riverains aboutissant* à la route et, dans les cas où les intéressés ne voudraient le faire, ils ont la possibilité d’être dispensés de ces réparations moyennant trois livres chacun qui seront employées à payer les matériaux nécessaires ou à donner du vin aux « corvistes » (hommes employés pour les corvées).
Le 18 décembre 1738, Mr Sibeud, après accord de Monseigneur l’évêque, ordonne aux maires et consuls des communautés riveraines du Grand Chemin Royal, entre Crest et le Col de Cabre, pour les jours des 27 et 28 décembre (fêtes de Saint Etienne et Saint Jean l’Evangéliste), de faire réparer par les corvéables équipés de leurs outils et voitures à roue, par des élargissement de chaussée à vingt pieds (6,60m), d’écoulement de fossés, de renforcement de la chaussée par des cailloux et graviers, de construction de murets de soutènement en pierres sèches et d’ébarbage des haies et arbres. Le travail sera exécuté par deux corvées de voituriers avec leur voitures à roue ou a dos et des manœuvres avec leurs outils qui travaillerons de sept heurs du matin à cinq heures du soir sans discontinuation avec seulement une demie heure de pause pour dîner, avec les contraintes habituelles :amendes, garnison de la maréchaussée à quatre livres par jour, et les réfractaires seront tenus de remplacer les jours où ils ont manqué par des jours ouvrables, et sans oublier la participation à la messe dominicale de cinq heures du matin.
Le 3 mai 1743, Maître Archinard, notaire à Saillans , commis par Monseigneur du Bureau des Finances en Dauphiné pour la vérification des chemins royaux pour la communauté d’Aouste, accompagné du consul Jean Archinard « visite » la route entre le pont de la Gervanne et la maladrerie de Crest (à la Lauzière). Le rapport d’investigation est publié et affiché à l’église, sur lequel est indiqué les réparations à faire, savoir le pavement usé au pont de Sye par les corvéables dénommés à leur frais. Le même jour , il a la « bonté » d’instruire les propriétaires riverains aboutissant à la route sur les travaux qu’ils doivent faire.
Le 27 février 1744, Sibeud écrit aux consuls d’Aouste, suite à une ordonnance de l’Intendant Louis Jean Berthier de Sauvigny du 24 février, de faire réparer le chemin pour faciliter le passage des troupes , le transport de leurs équipages et celui des subsistances destinées à l’armée. Le consul d’Aouste Barbeyer ayant averti les propriétaires des « fonds aboutissants » (fonds riverains dont une sortie se situe sur la route) de faire réparer les parties les concernant; quelques uns se sont exécutés mais le plus grand nombre et, particulièrement ceux desquels » aboutissants », où le chemin est en plus mauvais état, ont négligé de le faire. Un deuxième avertissement fut fait par le consul et quelques propriétaires firent des réparations. Mais certains propriétaires ne s’exécutaient pas. Ils arguaient du fait que la Drôme, grossissant lors des dernières pluies abondantes, verse dans le chemin d’Aouste à Crest par le canal des Moulins de la ville qui ne peut pas contenir toute l’eau qu’il reçoit lors d’inondation de la rivière vu qu’il n’existe pas de sortie de déchargement du canal, et concernait les propriétaires des moulins Quelques uns des réfractaires furent assignés par le Bureau des Finances à la requête du Receveur du Roi. De là contestations écrites par Madame la Marquise de la Roque représentée par Maître Antoine Richard, le Marquis de Gramont, Mr Vaussinas, Mr Richard Rainal, Me Richard Duinat, Mr Joseph Darnoux. Mr Sibeud ordonna au maire d’Aouste Achard de convoquer la corvée aux frais de ceux-ci.
Le 11 avril 1744, plaintes, auprès du subdélégué Sibeud, des voituriers de Valence qui menacent d’informer l’Intendant du mauvais état de la route entre le pont de la Lauzière et les Grands Chenaux et convocation de la corvée pour le lendemain avec un prompt aval de l’évêque pour le travail dominical au vu de l’urgence des travaux, aval donné par une simple lettre à montrer au curé. Par la même lettre le subdélégué reproche aux consuls leur négligence et le fait de s’exposer aux remontrances de l’Intendant par leur faute.
Le subdélégué Sibeud ordonne, le 25 mai 1744, sous la conduite de l’ingénieur Joseph Aubert, la réparation de la route, suite à d’importants dégâts (important passage quotidien de voitures particulières et des troupes du Roi), les corvéables sont convoqués avec leurs outils, tombereaux, bêtes à dos et aussi avec les contraintes habituelles. Aux corvéables aoustois se sont joints sur la place du village à cinq heures du matin, ceux de Cobonne avec deux tombereaux attelés de deux bœufs, six bêtes à dos avec leurs « banates » (ou banastes ici, corbeille en osier) et les journaliers porteront masses, pelles, pioches, »lichets » (houe) et haches.
Le 28 mai 1744, sur ordre de l’Intendant Louis Jean Bertier de Sauvigny, suite à une lettre du 17 mai de Mr d’Argenson l’ingénieur Rolland et David inspecteur des Ponts et Chaussées de la Généralité de Grenoble vérifient la route entre Valence et Gap pour avoir une communication libre, solide et praticable pour les voitures. Ils doivent faire travailler rapidement les hommes avec pelles, pioches et voitures attelées pour affermir la route, élargir les parties étroites et supprimer tous les obstacles pour circuler librement. La route était en très mauvais état (voitures brisées et perte de bêtes à dos avec leur charge). A défaut, les corvéables réfractaires seront passibles de fortes amendes et les officiers de la communauté seront soumis à une amende de 300 livres! et, appel aux commandants des villes et régiments de la province afin qu’ils fournissent le nombre de soldats nécessaires ainsi qu’aux brigadiers et commandants de la maréchaussée de leur fournir les cavaliers qu’ils demanderont pour l’établissement de garnison à raison de 3 sols par jour pour chaque soldat d’infanterie et 3 livres pour chaque cavalier. Les officiers de la communauté seraient tenus pour responsables des retards du service et de la perte des voitures chargées Avec un tel déploiement de forces et avec une telle diligence, la chose est d’importance: le transport des munitions de bouche et de guerre destinées à l’armé du roi .
Le 21 août 1744, les consuls de la communauté d’Aouste, et les sieurs Antoine Tavan, Jacques Reynier, Charles Trubuc, Gaspard Lombard Marius Achard, Marie Achard veuve de Salomon Achard, Jean André sont condamnés à 10 livres d’amende chacun par le Bureau des Finances de Grenoble suite au dépassement d’un délai pour les réparations de la route.
Le 23 septembre 1744, la route rendue impraticable par les inondations, la corvée est convoquée pour réparer la route pour le 28 au plus tard, un commis sera envoyé le 29 pour vérification.
Le 26 avril 1748, Jean Louis Sibeud , subdélégué de l’Intendant ordonne les réparations du Grand Chemin Royal suite aux dégradations, éboulements de terrain, accumulation de graviers, haies non taillées, branches basses. Pareillement Mr Achard chargé de l’entretien du canal de Gervanne devra le nettoyer depuis le petit pont proche de celui de Blacons jusqu’au pont de Saint Pierre construit en pierres, devra aussi relever les berges et boucher les trouées de manière que les eaux du canal ne se déversent sur le chemin et réparer le second pont de Saint Pierre, afin que les chevaux et voitures puissent circuler en sûreté. De même les propriétaires possesseurs de terres au sud du canal, et qui ont droit d’user de l’eau du canal pour les arrosages, devront effectuer des ponceaux pour faire circuler l’eau en dessous afin d’éviter qu’elle ne se répande sur le chemin et, refaire les fossés au nord de leurs possessions .
Le 30 avril 1748 suite à l’ordonnance de Monseigneur l’Intendant Pierre Jean François de la Porte, Sibeud ordonne la réparations de la route sur le territoire de la communauté, en rappelant au passage les directives et les recommandations. Il précise en outre, que les propriétaires riverains qui possèdent des terres cultivables ont la possibilité de se faire dispenser des réparations moyennant un paiement de 3 livres, pour les terres incultes ou abandonnées les réparations se feront par la corvée . Le chemin sera aplani, élargi à vingt pieds, des fossés d’écoulement établis, des murs de soutènement élevés ou consolidés, de même les travaux s’effectueront de l’aube à la tombée de la nuit et un quart d’heure de pause pour le repas!
De Die, le 12 septembre, Mr Saint Ferriol ordonne la corvée pour réparer la route jusqu’au moulin de Blacons pour l’acheminement du grain plus sûrement.
Le 14 septembre 1752, Mr Sibeud ordonne, suite au passage du Ministre et Secrétaire d’Etat à la Guerre Monseigneur le Marquis de Santeny, aux officiers et consuls de la communauté d »Aouste d’envoyer le lendemain 15, à 4 heures du matin à la Porte Neuve de Crest une corvée de deux tombereaux attelés de deux chevaux ou mulets avec leurs conducteurs et à défaut de tombereaux douze chevaux ou mulets avec des « banates » (ou banastes, ici, corbeille en osier) pour transporter pierres et graviers et vingt cinq manœuvres avec pelles et pioches pour réparer la route entre Crest et Valence sous la conduite de François Just Barton géomètre Le travail s’effectuait de cinq heures du matin à cinq heures du soir.
9 avril 1753, convocation de la corvée pour les fêtes de Pâques les 16 et 17 avril avec l’aide des corvéables de la communauté de Piégros.
Le 21 mai 1754 le général comte de Marcieu devant se rendre de Die à Crest, il fallut convoquer la corvée pour réparer avant le passage du général qu’il puisse passer sans péril. Une fois n’est pas coutume, le général fut satisfait et le fit savoir par l’intermédiaire de Mr Sibeud
21 décembre 1755. Durant les quatre mois de fréquentes pluies de septembre, octobre, novembre et décembre, plusieurs ateliers de corvée sont convoqués pour remblayer avec des grosses pierres et du gravier les endroits boueux où des voitures se sont embourbées, et pratiquer des saignées par de petits conduits ou canaux pour écouler les eaux croupissantes.
30 décembre 1758, le mauvais état de la route nécessite la corvée, elle sera effectuée le 1er janvier et le jour de la fêtes des Rois, avec l’autorisation épiscopale. Le subdélégué étant fort contrarié de la négligence de l’entretien par la communauté le notifie aux consuls et préviens que la vérification sera faite le lendemain, jeudi 4 janvier par son fils
28 janvier 1759, Mr Sibeud réclame les états des défaillants à la corvée des 26 et 27 décembre dernier, du 1er et 6 janvier de cette année, et ordonne une autre corvée pour le 2 février et nous apprend qu’une garnison est à Aouste contre ceux qui n’ont pas fourni la corvée.
16 juin 1759, Antoine Forget dirige une corvée au pont de la Lauzière, le ruisseau ayant endommagé la route près du pont, le tout, bien sur, assorti des avertissements coutumiers (amendes, garnison militaire)
25 juillet 1762, Mr le Marquis Dumesnil (Du Mesnil) lieutenant général de la province et des armées du Roi, commandant en chef en Dauphiné devant se rendre à Crest, il est nécessaire de commander la corvée pour réparer la route. Au dire du subdélégué Sibeud: « …Messieurs, je suis convaincu que s’agissant de faire marcher en sûreté et commodément sur votre territoire un commandant si cher à la province que vous porterez un zèle à remplir ce qui est prescrit…. »
18 mars 1764, le passage du régiment de Soissonais entre le 15 et 20 avril occasionne la contribution de la corvée dirigée par le consul ou un inspecteur « intelligent » (dans le sens de : connaît l’art du métier) commis à cet effet.
19 décembre 1764, pour la sûreté des voitures et des voyageurs , la corvée est commandée pour les deux dernières fêtes de Noël.
4 décembre 1765, les pluies de l’automne ont extrêmement dégradé la route, la corvée est convoquée le jour de la fête de la Conception et les deux jours des fêtes de Noël ainsi que toutes les fêtes qui suivent jusqu’à Pâques afin de réparer pour assurer le passage des troupes et le transport des équipages ainsi que celui des denrées et marchandises.
21 février 1767, cette fois-ci, la fonte des neiges et les dernières pluies ont dégradé la route, la corvée intervient sur ordre de Mr Sibeud.
6 décembre 1768, ordre de Mr Paul Sibeud, le fils du précédent, de faire réparer par la corvée les aqueducs d’arrosage qui sont détruits, de les faire reconstruire dans un délai de trois jours faute de quoi ils seront comblés et la route aplanie au frais de la communauté.
15 février 1769, réparations de la route par la corvée suite aux pluies hivernales.
14 mars 1769, la corvée est commandée pour les fêtes de Pâques pour un rétablissement du bon état de la route.
15 avril 1772, élargissement de la route et remblayage des trous et ornières pendant la seconde et troisième fête de Pâques.
27 septembre 1774, la corvée est « incessamment » commandée pour réparer la route.
21 avril 1775, suite aux mauvais temps durant les fêtes pascales, et au vu du très mauvais état de la route, la corvée a travaillé deux jours ouvrables.
Le 29 août 1775, lettre du subdélégué Sibeud indiquant que la route a besoin d’être réparée mais que la corvée n’est plus commandée suite à un ordre du Roi. Il sera suppléé à la corvée par paiement aux ouvriers et conducteurs de voitures, paiement qui sera passé en dépense dans le compte des collecteurs et le remboursement en sera ordonné par imposition .(ci-dessous)
Le 24 juillet 1776, certaines parties de la route sur le territoire de la communauté ont été réparées par les ouvriers et les voitures nécessaires à la remise en état. Ils ont été payés selon le prix ordinaire des journées dans la communauté et cette dépense passée dans les comptes de la communauté. Au passage, notons que le prix d’une journée d’ouvrier variait d’une commune à l’autre.
8 mai 1783, le subdélégué Sibeud écrit de Pontaix pour faire réparer la route car un passage de troupes va intervenir dans quelques jours.
21 juin 1783, ordre de Sibeud aux habitants d’Aouste commandés pour la réparation de la route suite à des pluies torrentielles de se rendre avec leurs outils, voitures et bêtes de somme de se rendre aux endroits concernés les jours et heures indiquées.
24 août 1785 ordre de réparation du « Grand Chemin de Crest à Dye » (Voir un état de paiement de 1785 )
Le 4 septembre 1785, Jean Isaie Morier, commis assermenté à la voirie établit un rapport, suite aux plaintes de particuliers, sur l’état du chemin de Larra devenu impraticable. ce chemin relie Aouste à Crest en passant par le prieuré et l’église Saint Antoine. Il est » très utilisé pour aller en la ville de Crest surtout en temps d’hiver où l’on ne peut passer dans des endroits qu’avec peine par le chemin d’en bas qui est très boueux la rivière de Drome l’ayant retréci dans des endroits qu’il n’est pas possible d’élargir solidement avec des jetées sans continuer la digue que le sieur Meynier y a fait faire au moins jusqu’au domaine du sieur Sayn … »
29 juin 1786, l’Intendant Gaspard Louis Caze de la Bove ayant effectué le voyage de Grenoble à Valence par Lus la Croix Haute a reconnu la nécessité d’établir une route solide, commode et praticable aux voitures à roue de Valence à Gap . Il a été décidé de ne plus confier ces ouvrages aux corvées mais à des entrepreneurs dans chaque communauté par des adjudications et qui seront pourvu par des impositions. Ces adjudications seront passées par les communautés. Mr Sibeud informe les consuls d’Aouste de convoquer une assemblée générale des habitants dans la quinzaine pour qu’ils délibèrent sur cette question et qu’ils lui fassent part de la décision prise. (photo ci-dessous)
Si les chemins importent essentiellement, non seulement à la richesse et à la puissance d’un grand état, mais aussi à sa défense, sur ce siècle et demi, nos braves Aoustois, par leurs corvées y ont activement participé, ainsi qu’au maintien de la communication, même si cela ne leur a pas toujours apporté du bien-être (invasions, guerres …).
Ils devaient impérativement se soumettre à l’autorité des Intendants et composer avec l’Etat religieux, même si dans le diocèse de Die, l’évêque approuvait que les jours de fêtes catholiques soient employés aux travaux des chemins (lettre du subdélégué Sibeud du 5/4/ 1772). Effectivement, de 1641 à 1789, au vue des ordres du subdélégué, on trouve de rares corvées effectuées les jours ouvrables.
Lorsqu’en 1787 la France comptait plus de 6000 lieues de routes, ils avaient apporté « leurs pierres » à l’ouvrage.
A noter aussi, que pour réparer les chemins vicinaux, il a été accordé pour la communauté d’Aouste, des fonds destinés par le Roi, aux Travaux de Charité, la somme de 400 livres pour l’année 1781 (AC DD 4/34)( copie ci-dessous).
Les ponts d’Aouste
1862
Tableau de 1859 représentant le pont roman
Les crues de la Drôme, rivière torrentielle, emportent régulièrement les terrains riverains malgré les protections des villageois régulièrement reconstruites. L’étroitesse et le peu de profondeur de son lit au niveau du terroir d’Aouste en augmente la puissance. Les comptes consulaires de la communauté nous renseignent sur les colères destructrices de la Sye et de la Drôme qui représentent de gros efforts financiers et humains pour une communauté ayant peu de revenus et nécessitant une aide auprès de la généralité de Grenoble. Non seulement les terrains étaient ravagés mais les ponts étaient sérieusement endommagés. Les cinq ponts, dont la communauté avait la charge, étaient sans cesse détériorés ou détruits – les pont de Drôme, de Sye, de Gervanne (en charge par moitié avec Mirabel), de la Lauzière (en charge à moitié avec Crest) et de Crescelon (sur la route haute des Arras)-.
De 1594 à 1789, la communauté d’Aouste aura à faire face à de multiples réparations aux ponts occasionnées par les cours d’eau mais aussi à cause des importants passages du train des troupes comme en 1594 où la communauté doit faire « accomoder » le pont. Elle réclamera, à plusieurs reprises, à l’Intendant de la Généralité de Grenoble, le droit de percevoir des droits de pontonage (en 1625 et 1750) ou imposition (en 1752) pour réparer le pont de Drôme. Accord pour deux dégrèvements (en 1748 et 1749) d’un montant de 1300 livres sur un coût de réparations et imposition sur les Trois Ordres de 5748 livres (en 1752).
En 1604, une arcade du pont de Drôme est détruite et une autre fendue, de même, l’arcade d’un deuxième pont, des maisons englouties. Le consul adressera à l’Intendant de la province une requête pour faire réparer aux frais de la province le pont de Drôme emporté par les eaux en octobre.
En 1628, elle devra réparer les traverses du pont de Sye.
En 1629-1630, » Du grand débordement de la rivière Drome arrivé au mois de septembre de l’année dernière une partie du pont a tombé étant nécessaire de le faire accommoder « . Le comptable déclare « qu’au mois de septembre 1630 la rivière Drome à cause de son grand débordement tomba le pont et pour y pouvoir passer en attendant qu’il fut accommodé y furent mis des planches , des poutres et sommiers qui appartenaient à François Morel de Pontaix fors un de Jean Singuet lequel la dite rivière étant encore revenu déborder emporta … »
1632 verra des réparations au pont de Gervanne pour un montant de 42 livres, effectuées par le maître-maçon Pierre Ogier et, durant l’année 1638, réparations aux pont de Drôme.
En 1643 » le comptable voyant la commodité de la rivière de Drôme être propre pour y mettre deux quartiers de taille au pont de celle-ci que la dite rivière avait emporté cause que Barthelemy Davin maçon du dit lieu pour les employer qui furent pris dans la maison de ville ... » ainsi qu’une poutre et du bois de chêne y furent employés.
En 1653, 67 livres furent employées à la réparation du pont de Drôme dont 36 livres reçues des « beilles » d’Arles y furent affectées. Faute de ressources suffisantes, » un petit coin du côté du levant au pied du pont qu’il ne put trouver ni chaux ni argent » ne fut pas réparé.
1655-1656, réparation d’une arche du pont de Drôme que la rivière avait « rompue » et fourniture d’une pièce de noyer, une pane de sapin et monceau de pierres utilisés pour la voûte du pont et renforcer la voûte de la porte du pont de Drôme.
1661-1662, le pont de la Maladière ( Lauzière) est « accommodé« . La Drôme ayant encore débordé, il fallut réparer » le porche du petit pont de Drome » (4eme arche) ainsi que le chemin, les bêtes ne pouvant plus y passer. Ces faits se reproduiront en 1666 , 1674 et 1737.
1670, une année néfaste pour la communauté! L’entretien du pont de Drôme à quatre arcades et des quatre autres pont épuise leurs ressources. Marc Davin maître-maçon est nommé pour vérifier les dégâts sur les ponts de Drôme, Sye, Gervanne et Maladière emportés par les crues importantes et inondations d’octobre.
En 1670, les consuls de la communauté d’Aouste sollicitent le Conseil du Parlement du Dauphiné par un mémoire présenté devant Monsieur de Beaufort et ensuite à Monsieur de la Conche suite aux ravinement de leur terroir par les torrents et rivières qui ont emporté plus des deux tiers de trois fonds roturiers (fonds soumis à imposition) privant ainsi les habitants des meilleures terres labourables et précisent la situation de dénuement dans laquelle la population se trouvait.
La même année, en exécution d’une ordonnance rendue par Monseigneur André Gleyzal conseiller du Roi au bureau de l’élection de Montélimar, un devis de réparation des ponts est fourni par Marc Davin maître maçon à Aouste pour un montant de 1 483 livres. La Drôme avait emporté la muraille qui soutient la dalle du pont entre la tourelle des latrines et la première arcade sur environ une vingtaine de mètre, risquant la chute de l’arcade. Il en était de même pour la Sye qui menaçait d’emporter la tour « la milanaise » et les murailles, elle avait déjà emporté les pierres de taille des parapets du pont. Quant au pont de la Lozière, son état était peu enviable, et celui de Gervanne avait été réparé en 1668 pour la partie aoustoise.
Il semblerait que des travaux importants ont été réalisés sur les infrastructures puisqu’en 1681, les devis établis par l’ingénieur Hugot commis par l’élection de Montélimar pour les réparations et constructions des ponts sur les rivières et torrents dans le territoire d’Aouste, s’élèveront à 4 950 livres. Un acte à « prix fait » a été passé le 6 novembre 1691 avec Jean Vachon maître maçon de Montélimar. Ces travaux ne se dérouleront pas dans les meilleures conditions car les retards, les insuffisances de travaux, le peu d’assiduité et les cautions initiales données s’avérant non solvables nécessitent une requête auprès de l’Intendant Lebret et au recours à Monseigneur Dieulament ingénieur du Roi. L’affaire va durer. Le 8 février 1699, après requête de la communauté du 6 juin 1697, et après plusieurs notifications verbales, une ordonnance de l’Intendant somme Vachon et à sa caution d’achever les réparations dans un délai de trois mois autrement ils y seraient contraints par corps (emprisonnement).
1689 -1690, assignation du consul par le vi-sénéchal de Crest concernant l’écroulement du pont de la Lauzière.
En 1701, le 15 juillet, le consul fut requis par les notables et officiers de la communauté de » faire mettre des grosses pierres pour empêcher les charrettes de passer sur le pont de Drome pour éviter le péril que les charrettes auraient pu causer« .
1717, le 13 juillet, la Drôme a emporté la culée du pont de Drôme, côté bourg et réparation d’une pile du pont.
1727, 1790 livres de réparations sur le pont de Drôme, effectuées par Lantheaume, ayant droit d’Arthaud, maçon et charpentier. Le 21 juillet 1728, le consul de la communauté A. Laget, suite à une délibération du 11 juillet, emploie la somme de 120 livres reçue de François Achard marchand à Aouste pour faire réparer la culée et la fontaine du pont de Sye endommagées par la rivière. Toutefois cette somme venait au prorata de ce que François Achard devait à la communauté.
1743, pose de pavés sur le pont de Sye par Monier
1744 « … pour construire un pontillard de bois sur le canal au dessous du moulin de Blacons pour y faire passer les voitures suivant l’ordre de Mr Sibeud et de l’avis de Mr Rolland ingénieur jusqu’à ce que le pont sur le ruisseau de Gervanne soit rétabli… »
1747, une autre année catastrophique: en septembre la pluie qui dure trois jours provoque de grandes inondations, les ponts de Sye et de Drôme sont emportés.
Le 30 juin 1747 une importante crue de la Drôme emporte la culée du pont et une arche de la rive gauche privant la communauté d’Aouste ainsi que les communautés environnantes «… de Piégros, Aubenasson, Saint Sauveur, Saoû, Ansage, Omblèze, La Vacherie, Le Pescher (Le Pêcher), Eyglui, Col de Véraud, Le Cheylard, Baix aux montagnes (Plan de Baix), Gigors, Beaufort, Suze, Cobonne, Montclar, Mirabel, Véronne, Vachères, La vallée de Quint, Pontaix, Sainte Croix, Saillans et plusieurs autres… », de moyens de communication entre Montélimar, les Baronnies et le Diois.
Les consuls J.P. Ponson et Eymery, dans l’incapacité financière de la communauté de supporter une telle charge, sollicitent l’Intendant, suite au constat des dégâts par l’ingénieur des Ponts et Chaussées de la province M. Roland, un devis estimatif des réparations s’élevant finalement à 4 446 livres a été établi par Jacques Guerguy, géomètre à Montélimar. Les consuls demandent que cette somme soit couverte par des fonds des Ponts et Chaussées ou par une imposition particulière sur la province, cette espérance de financement s’avérant aléatoire, la communauté demande la permission d’imposer sur les Trois Ordres et de percevoir un « droit de pontonnage » sur les « étrangers » (c’est à dire les usagers hors communauté d’Aouste) durant 10 ans. Cette suggestion ne sera pas suivie d’effet. L’Intendant accorde seulement un dégrèvement de 600 livres sur l’année 1748 et 700 livres sur celle de 1749. La communauté ne pouvant supporter les 2146 livres restantes sollicite à nouveau l’Intendant pour faire réparer ce pont.
Toutefois un document (AM DD 4/60) nous dit qu’: « En exécution de ses ordonnance des 20 et 29 mars 1749 et ensuite de la commission donnée au sieur Guergui par M. Sibeud votre subdélégué, le dit sieur Guergui a dressé un devis estimatif des réparations à faire au pont de Aouste sur la Drôme, ce devis porte les sommes nécessaires pour les réparations à celle de 6546 livres 5 sols, il reste Monseigneur, de passer l’adjudication pour l’entreprise de cet ouvrage… ».
1765 – 1767, devis et plan des réparations du pont de Sye.
1785, à nouveau réparation du pont de Sye (reconstruction des parapets et pavage) pour un coût de117 livres
1785 -1789 – Réparation des ponts de la Lauzière, le pont du canal et celui du Grand Chemin. « pour la portion que doit supporter la communauté des réparations faites au ponceau (le pont-aqueduc) qui existe sur le canal des moulins de Crest à travers le Grand Chemin et à la tête des possessions des Béranger de la Blache. « Maître Soulas notaire à Crest ayant fait signifier un acte extrajudiciaire à cette communauté le 7/9/1788 tendant à interpeller les officiers municipaux de faire des réparations au pont en face qui existe sur le torrent de la Lauzière et de lui payer des dégâts qu’il dit avoir souffert par l’irruption des eaux de ce torrent , dégâts qu’il attribuait au manque de ces réparations , la communauté fait une délibération générale le 14 décembre suivant par laquelle résultant à la délibération du 2 janvier 1787 elle soutient n’être pas tenue aux ouvrages d’art , arrêta de plus de faire des réparations notamment urgentes le long de ce torrent soit pour garantir le fonds au dessous, soit pour empêcher l’entière dégradation du chemin public et de faire en même temps signer un acte de réponse à Maître Soulas, cet acte fut signifié le 7 janvier 1789 et il résulte de l’état des frais qui se trouve sur le dossier du cahier que le comptable a payé une somme de dix sept livres dix sols trois deniers … »
» En conformité de la délibération sus citée le comptable fit faire les réparations nécessaires au torrent de la Lauzière le vingt du même mois de janvier et jours suivants et il paya, savoir pour l’achat du bois nécessaires pour quatre chevalets qui furent construits, neuf livres, et pour quatorze journées de manœuvres pour faire les dits chevalets ,les placer et charger ou autres réparations quatorze livres et en tout vingt trois livres dont le sieur Tavan demande l’allocation ».
A ce titre s’ajoutent les multiples réparations d’entretien des pontillards pour l’arrosage traversant le Grand Chemin, aux Grands Chenaux en 1702, au ruisseau de la Rouveyre en 1764 et 1765 « avec 5 panes de bois de 8 pieds de long chacune« , canal des moulins de Crest.
Ouvrages consultés
- « Des corvées » de Mr de Pommereuil
- Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et les lettres et des métiers de Diderot et d’Alembert
- Nouveau dictionnaire d’économie politique de L. Say et J Chailley
- Archives municipales d’Aouste séries BB;CC; DD 4
La route de l’étain
Sur cet axe antérieur Nord Sud, Auguste, désireux de centraliser l’empire, installe un relais de poste pour la liaison Valence – la voie Agrippa- et Montgenèvre (une des routes de la Voie des Alpes), le pont romain, construit ici en pierres, permet de renforcer les échanges économiques administratifs et militaires avec le sud. Des accords avec les chefs voconces garantissaient la sécurité des déplacements. On peut raisonnablement estimer à 800 personnes, au minimum, la population gallo-romaine à la fin du IIIeme siècle (mais on ne connaît pas l’étendue d’Augusta Vocontiorum!). La cité se situerait aussi sur «l’itinéraire n° 15 ou Chemin appelé Gontardin ou Costardin dans les textes médiévaux ou modernes» reliant Montélimar – et la voie Agrippa – à la Drôme par le bassin de la Valdaine . Le reliquat d’assise du pont romain, en aval du pont actuel, atteste que lors de la construction, le lit de la Drôme était au même niveau qu’actuellement. Le pont reposait sur une assise d’environ 6 mètres de largeur. Avant l’an 1000, les changements climatiques et la déforestation provoqueront des apports de galets qui surélèveront considérablement le lit de la rivière. La villa romaine étant, elle, installée un peu à l’écart de la voie, comme le conseille Caton (-244, -149): «Si possible qu’elle soit au pied d’une colline, qu’elle soit exposée au midi, dans un endroit salubre. Qu’il y ait abondance de main d’oeuvre et un bon abreuvoir; qu’il, y ait à proximité une ville importante ou la mer ou un cours d’eau où circulent les bateaux, ou une bonne route fréquentée ( De l’agriculture 1,3). Pendant presque 2000 ans, venant du sud, piétons, muletiers, chariots et soldats entrent dans la cité par l’actuelle rue de la Croisière.
La route de l’étain
Etat des manœuvres composant la première division de la communauté d’Aouste les 15, 16, et 17 septembre1785
Etat des manœuvres composant la première division de la communauté d’Aouste commandée pour les réparations à faire par le grand chemin tendant de Crest à Die dans le terroir de la dite communauté ensuite de l’ordre de Mr Sibeud subdélégué, du 24 août 1785. Les manœuvres commandés pour travailler avec pelles et pioches les 15, 16, et 17 septembre de la même année à commencer par les limites de Mirabel sous la direction de Mr Reymond conducteur principal des Ponts et Chaussées à ces frais commis
Nom – Prénom | Qualification | Nom – Prénom | Qualification |
Jean Milharet | ménager* | Pierre Lombard | ménager |
Jean Delieu | tailleur d’habit | Pierre Tavan | maréchal |
Pierre Faure | ménager | Jean François Freychet | journalier |
Louis Granjon | maçon | Paul Henri Féra | chapelier |
Pierre Laget | ménager | Louis Marcel | journalier |
Simon Joseph Chaix | maréchal | Jean Morin | journalier |
Claude Silvestre | ménager | Etienne Allemand | ménager |
Raymond Dufière | ménager | Sébastien Brun | ménager |
François Evèque | étamier* | Paul Morin | ménager |
Pierre Rémy | ménager | François Charpenne | journalier |
Pierre André | cordonnier | Pierre Lambert | journalier |
Jean Granjon | ménager | Jacques Ladret | ménager |
Joseph Pesces | ménager | Pierre Achard | ménager |
Antoine Rolland | ménager | François Terrail | ménager |
Antoine Rolland fils | aubergiste | Pierre Breynat | ménager |
Guillaume Veyrier | ménager | Jacques Jeulias | serrurier |
Antoine Monteillet d’Hercule | ménager | Etienne Berthalot | ménager |
Etienne Chipron | ménager | Paul Morin | bénatier* |
Louis Chapel | boucher | Jean Achard | cordonnier |
Antoine André | cordonnier | Joseph Dourille | bâtier* |
Jean Pierre Lambert | jardinier | Antoine Bouroulet | journalier |
Pierre Brun | ménager | Michel Raillon | ménager |
Etienne Guion | journalier* | Jean Antoine Ponson | tailleur |
Louis Gauthier | cordonnier | François Prud’homme | ménager |
Louis Gros | étamier |
ménager* : ouvrier
étamier* : artisan qui travaille l’étain
journalier* : ouvrier payé à la journée
bénatier* : artisan fabricant de petites corbeilles
bâtier* : artisan fabricant les bâts et harnais
Nous officiers municipaux de la communauté d’Aouste certifions que les dénommés en l’état ci-dessus qui a été dressé ensuite de l’ordre de Mr Sibeud subdélégué, puis monté pour être remis au sieur Reymond commis aux fins de la corvée d’ouvrage, ont été averti et commandé chacun par un billet particulier conformément au susdit ci-dessus, pour les 15, 16 et 17 du courant
fait à Aouste le 17 septembre 1785, Athénor consul, Tavan consul