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ToggleLe tissage
Le tissage est la façon de croiser des fils (fils de chaîne et fils de trame) pour former un ensemble solide.
L’homme a inventé le tissage bien avant sa sédentarisation : époque paléolithique. On a retrouvé des traces des premiers tissus grâce à l’empreinte laissée sur des poteries. Les tissus eux mêmes ont beaucoup de mal à se conserver. Les vestiges textiles sont peu nombreux.
Les premiers ouvrages tissés correspondaient à un besoin : le transport des affaires.
Bien plus que le vêtement, qui été en général fait de peaux de bête, de cuir, l’homme nomade conservait avec lui ses outils et avait besoin de ces deux mains libres. Il a donc confectionné des petites bandes de tissus en diverses matières suivant la région, le climat, la végétation, qu’il a ensuite assemblé pour confectionner des sacs plus légers que des sacs de cuir.
Presque toutes les cultures connaissent le tissage, et chaque peuple a inventé son métier à tisser. Même si la technique reste la même, les innovations, les recherches de chacun sont impressionnantes.
En général, le tissage implique l’utilisation d’un métier à tisser pour entrelacer deux ensembles de fils perpendiculairement: la chaîne qui s’étend longitudinalement et la trame qui la traverse. Les fils de chaîne sont tendus et parallèles les uns aux autres, généralement sur un métier à tisser. Il existe de nombreux types de métiers à tisse
On note quantité de métiers à tisser. Du plus rudimentaire (entre deux arbres, avec des branches, …) au plus sophistiqué actionné par des pédales soulevant des cadres pour séparer la foule (ensemble de la chaîne).
Deux types de métiers à tisser existent : métiers de haute lice (métiers verticaux tels que les métiers à tisser des vikings et métiers à tapisserie) et les métiers de basse lice (métiers horizontaux avec système de pédales)
L’évolution du métier à tisser
Le métier italien dit « à la grande tire », introduit en France au XVIIe siècle, comporte un système de cordes verticales et horizontales permettant de lever ou d’abaisser les fils de chaînes. Ces cordes, également appelées lacs, étaient jusqu’alors généralement actionnées par les enfants que l’on appelle des tireurs de lacs. Le Lyonnais Claude Dangon (vers 1550-1631) perfectionne le système en mettant au point la navette volante : à droite et à gauche du métier sont disposés, sur glissières, deux taquets mobiles qui, manœuvrés par un jeu de ficelles, se renvoient la navette. Le tisseur tire alternativement d’un côté puis de l’autre, assurant par un va-et-vient continu l’insertion de la trame. L’automatisation du lancer de la navette permet alors de tisser quatre fois plus vite et de créer des tissus beaucoup plus larges.
Au XVIIIe siècle, en Europe, les tisserands travaillent sur des métiers à tisser de plus en plus complexes. En France, plusieurs étapes importantes dans l’amélioration du métier à tisser sont marquées par les inventions de Basile Bouchon en 1725, Jean-Baptiste Falcon en 1728 et Jacques Vaucanson entre 1740 et 1760. L’Encyclopédie dirigée Diderot et D’Alembert, qui donne une large place à l’artisanat et aux techniques dans les volumes de textes et les volumes de planches, reflète l’état de l’artisanat du tissage au début de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
C’est cependant au tout début du XIXe siècle que le domaine du tissage connaît un bouleversement technique décisif avec l’invention du métier Jacquard par Joseph Marie Jacquard à Lyon en 1801 « la Mécanique Jacquard », parfois appelées « Bistanclaque » : le procédé permet de lever les fils de chaîne, qui sont reliés à des crochets, en actionnant une pédale. Jacquard était fils de tisseur, il a été tireur de lacs et voulait simplifier le travail. Il a repris les idées de plusieurs inventeurs du XVIIIe siècle et il a combiné les aiguilles de Bouchon, les cartons perforés de Falcon et les cylindres de Vaucanson. Le métier Jacquard permet d’automatiser entièrement la production de textiles, y compris des motifs complexes, grâce à un système de cartes perforées. Cette mécanique supprime le recours aux tireurs de lacs. Mais pour faire des dessins sur le tissu, il faut parfois lever certains fils et pas d’autres… Alors Charles-Marie Jacquard a l’idée de placer sous les crochets une carte à trous : en appuyant sur la pédale, les fils montent et la carte perforée se met en place sous les crochets. S’il n’y a pas de trou, le crochet maintient le fil levé. S’il y a un trou, le crochet descend avec le fil. (Voir l’article sur la « paternité » du métier Jacquard )
L’automatisation de la production met au chômage de nombreux ouvriers, d’où en France la révolte des Canuts de 1831.
Qu’est-ce que le « Bistanclaque pan » ?
C’est l’ensemble des mouvements faits par le tisseur, ainsi que le bruit qui résonnait dans toute la Croix-Rousse, quand les métiers à tisser fonctionnaient. Cette expression peut se décomposer de la façon suivante :
« BIS » : les fils glissent les uns contre les autres lorsque le pied appuie sur la pédale pour faire soulever les fils de chaîne,
« TAN » : le marteau, actionné par le tisseur, tape sur la navette pour la lancer,
« CLAC » : la navette arrive de l’autre côté du métier et la chaîne se referme,
« PAN » : le battant est rabattu par le tisseur pour serrer le fil de trame.
La mécanisation du tissage
On parle de mécanisation du tissage lorsque le métier à tisser exécute les quatre opérations suivantes de manière automatique et synchronisée :
la levée et l’abaissement des cadres permettant l’ouverture en deux nappes des fils de chaîne,
le lancement de la navette permettant le passage du fil de trame entre les fils de chaîne,
le tassement des fils au moyen du peigne,
et l’avance progressive de la chaîne.
Le XVIIIe siècle est particulièrement marqué par l’invention de la navette volante et du métier Jacquard. La généralisation progressive des métiers à tisser employant ces deux inventions constitue une véritable révolution technique et sociale de la profession. Les premiers métiers mécaniques utilisant la machine à vapeur apparaissent dès 1786. La rentabilité impose alors qu’une seule machine puisse entraîner plusieurs dizaines de métiers.
Une grande invention améliore le tissage: la «navette volante»de John Kay
Il faut attendre le dernier tiers du XIXe siècle pour voir la diffusion à grande échelle de métiers mécaniques réalisés en métal : seul ce matériau est en effet capable de supporter les chocs créés par la propulsion de la navette.Puis l’arrivée de l’électricité au début du XXe siècle permet de remplacer les machines à vapeur par de gros moteurs électriques. La mécanisation du métier à tisser est pratiquement achevée à la fin des années 1940. La navette, trop lourde et donc limitée en vitesse, est remplacée par un outil appelé « projectile » à partir de 1945. Cette innovation est ensuite remplacée par une technologie encore plus simple : le métier à jet de fluides, qui permet de pousser le fil de trame entre les nappes par un jet d’eau ou d’air sous pression. C’est la technologie actuellement utilisée pour la production de masse.
Des métiers …
Gareur : mécanicien chargé dans l’atelier de la réparation, des réglages et de la mise au point des machines textiles. Ce métier exige une somme de connaissances qui dépasse très largement les seules compétences en mécanique pure. Le gareur est chargé de mettre le métier en route. Cette opération demande d’une demi-journée à une journée complète de travail.
Liseur : le lisage couvre l’ensemble des activités de préparation concernant le dessin et la réalisation des cartons destinés à la mécanique Jacquard. Le liseur est un intermédiaire important entre le fabricant qui lui donne les dessins et le tisseur qui reçoit de lui les cartons perforés.
Ourdisseuse : la tâche de l’ourdisseuse consiste à disposer les fils dans un certain ordre pour former la chaîne. Ce travail est assez délicat car de la qualité du résultat dépend le travail du tisseur.
Aouste sur Sye Intérieur de l’usine de tissage Flachard : la salle de contrôle du tissu en 1930
Aouste sur Sye – Intérieur de l’usine de tissage Flachard en 1950
Usine Tavan/Flachard d’Aouste en 1900
Tissage Flachard
Usine de tissage en 1925
Métiers à tisser
Métier à tisser moderne à jet d’ air
La teinture des étoffes au Moyen Âge
Les teinturiers, souvent appelés « ongles bleus », constituent l’une des corporations les plus actives des métiers du textile. Les nombreux textes conservés, rédigés à partir du XIIIe siècle attestent d’une réglementation très précise de ce métier. Ils précisent leur organisation, leur cursus, leur localisation dans les villes, leurs droits et obligations, la liste des colorants autorisés et des colorants interdits. En général, les teinturiers sont séparés selon une couleur ou un groupe de couleurs ou selon les matières textiles qu’ils peuvent utiliser. Les teinturiers de bleu teignent en général en vert et en noir et les teinturiers de rouge s’occupent des jaunes.
Les règlements stipulent que les teinturiers doivent exercer leurs activités polluantes à l’écart des villes. Ils travaillent en général près des rivières. Le partage des eaux provoquent des conflits au sein de la profession. Par exemple les teinturiers de rouge doivent attendre que l’eau soit propre lorsque les teinturiers de bleu y ont déversé leurs colorants. Certaines autorités municipales rédigent alors des calendriers d’accès à la rivière.
Atelier de teinturier au XVIIIe siècle
La teinture est la dernière étape de réalisation d’une étoffe. On teint presque toujours le drap tissé, rarement le fil (sauf pour la soie) ou la laine en flocons. On en observe deux types : une teinture domestique rurale, réalisée à l’aide des plantes les plus faciles à obtenir, donc d’un coût moindre, et une teinture professionnelle quasi-industrielle, qui ne concerne qu’une minorité de personnes
L’art de la teinture est complexe. Vient d’abord le mordançage : on fait bouillir la matière dans un bain d’eau contenant un mordant (cendres végétales, alun, rouille, vinaigre et même urine !). Ce procédé permet de fixer le colorant. Il peut être pratiqué avant, pendant ou après la teinture. Pour la plupart des plantes, la couleur de rendu final dépend essentiellement du mordant qui aura été utilisé. La bourrache sans mordant donne une teinte bleue alors qu’avec un mordant on obtient du rose !
On distingue deux procédés de teinture : par macération à froid ou fermentation, en renouvelant l’opération plusieurs fois afin de renforcer l’adhésion de la couleur, ou par macération à chaud dans un bain où l’on a auparavant fait bouillir les plantes tinctoriales.
Concernant celles-ci, il en existe une multitude. On trouve essentiellement de la garance pour le rouge, de la gaude pour le jaune, de la guède (plus connue aujourd’hui sous le nom de pastel) et de l’indigo pour le bleu, de la noix de galle et des racines de noyer pour le noir (en remplacement du noir de fumée, de mauvaise qualité), et diverses variétés de fleurs et de feuilles pour le vert. Les teintes rouge violacé, très recherchées, sont obtenues à partir de lichens (ces derniers peuvent aussi donner, par bain d’ébullition, des teintes jaunes et vertes). La cochenille est la femelle d’un petit insecte utilisée depuis l’Antiquité pour obtenir des teintes, selon la concentration, d’un rouge rosé à un pourpre bleu, en passant par le rouge vif, pourpre rouge et violet. Sans compter les plantes employées par les gens du peuple, ramassées dans les bois ou cultivées dans leurs jardins : herbe (vert), cerises (rouge tirant sur le vieux rose), mûres (bleu), genêts (jaune et vert), châtaigner et autres, n’offrant qu’une qualité médiocre.
Le mélange de couleurs n’existe pas. On juxtapose, on superpose, mais on ne mélange pas vraiment. D’ailleurs, avant le 15e s., aucun recueil de recettes pour fabriquer les couleurs n’explique que pour obtenir du vert il faille mélanger du bleu avec du jaune. En effet, le spectre colorimétrique est inconnu au Moyen Âge et, de toutes façons, les cuves de bleu sont dans des ateliers dévolus à la couleur bleue, les cuves de jaune dans les ateliers de jaune, etc. En général, un teinturier a en charge une couleur principale et une autre, secondaire (ex : rouge et jaune). Un teinturier de rouge, par exemple, ne s’occupe pas du bleu, et inversement sous peine de représailles. Les règlements sont très stricts sur l’utilisation des couleurs et d’ailleurs, c’est le métier de teinturier est une profession suspecte et plus ou moins réprouvée. On y voit, dans l’Europe médiévale chrétienne, un caractère presque diabolique. Ce métier est interdit aux clercs et déconseillé aux honnêtes gens !
L’impression à la planche, impression des soieries depuis le XVIIIeme siècle
Au XVIIIe siècle, la principale technique d’impression sur étoffe est l’utilisation d’une planche de bois gravée en relief. Les coloristes, s’inspirant des procédés de coloration indiens, utilisent des substances naturelles pour fabriquer de la pâte colorée. L’acteur principal de l’impression sur tissu est le dessinateur qui crée les motifs. Un graveur réalise ensuite une planche dans un bois dur. Enfin, l’imprimeur pose les planches chargées de matières colorantes sur la toile et y applique un coup de maillet. Cette technique d’impression est pratiquée jusqu’au milieu du XXe siècle, même si de nouveaux procédés sont mis au point.
L’impression à la planche de bois gravée en relief est pratiquée dans d’innombrables ateliers jusqu’au milieu du XXe siècle ; ce procédé, très artistique, est lent. Dès les années trente il est abandonné progressivement au profit de l’impression plus rapide au cadre plat. Il subsiste jusque dans les années 1980. Un atelier peut contenir 500 blocs d’impression, véritables œuvres d’art pour certaines, permet de continuer à les utiliser aujourd’hui encore pour créer des pièces uniques aux motifs souvent extrêmement raffinés et rares.
Pour un seul dessin, il y a autant de blocs gravés que de couleurs contenues dans le dessin original, que l’on souhaite transférer sur le tissu.
Certains ateliers utilisent encore ces superbes tampons pour réaliser des pièces uniques aux motifs décoratifs souvent extrêmement raffinés.
On peut composer de nouveaux motifs en utilisant plusieurs blocs d’impression et en mixant ainsi plusieurs dessins.
Cette technique est pratiquée depuis des temps fort reculés (peut-être 2000 ans avant notre ère) par les artisans indiens, qui se transmettent de génération en génération les secrets de l’art de décorer les toiles de coton. Longs, complexes et empiriques, les processus de fabrication de ces indiennes reposent sur l’utilisation de mordants, sels métalliques qui, appliqués sur la toile ont la propriété de fixer les colorants de teinture. Cette maîtrise des procédés chimiques donne naissance à une palette de couleurs riches et brillantes, où dominent les rouges de garance et les bleus de l’indigo.
Un atelier de soierie peut posséder jusqu’à 500 planches d’impression , des plus anciennes de deux cent ans aux plus récentes une centaine d’années. Les planches sont gravées dans une essence dure en bois fruitier ; le motif gravé est souvent complété par l’insertion de picots et de lamelles en laiton pour les finesses.
Elle permet aux imprimeurs d’explorer d’autres horizons colorés que ceux proposés par la technique d’impression au cadre plat. Son grand avantage est qu’elle permet d’obtenir plusieurs intensités de couleur en une seule application : cela dépend à la fois de la manière dont la planche a été enduite de couleur mais aussi de comment cette dernière est appliquée.
Cette technique très artistique est lente dans sa mise en œuvre mais permet la réalisation de combinaisons, de motifs et de nuances que les autres techniques d’impression ne peuvent effectuer. Elle est donc particulièrement adaptée à la création de pièces uniques. Elle stimule la créativité des imprimeurs, qui redonnent vie à de très anciens motifs en jouant avec eux et les détournant parfois pour réaliser des motifs contemporains, inattendus et raffinés.
C’est également une technique d’impression écologique puisque cette technique n’utilise aucune énergie si ce n’est celle de l’artisan et que les encres utilisées sont à base d’eau
Ce savoir-faire ancestral né au nord de l’Inde dans la région du Cachemire, arrive en Europe à la fin du XVIe siècle par les ports portugais qui jalonnent les routes de la soie. Elle est pratiquée en France depuis le XVIIe siècle, consiste à imprimer des tissus grâce à un bloc de bois gravé après l’avoir enduit de teinture.
A la fin du XVIe siècle les Portugais ramènent en Europe ces cotonnades peintes et imprimées que l’on nomme indiennes car initialement importées des comptoirs des Indes. Elles connaissent un grand succès avec l’intensification des relations commerciales entre l’Orient et l’Occident.
Mais au XVIIe siècle ces Indiennes ou Perses, répondant aux noms de madras, pékin, gougourans, damas ou cirsacs sont interdites à l’importation. Des fabricants décident alors de les imiter, dont un sculpteur marseillais jusqu’alors spécialisé dans la fabrication de cartes à jouer. Au XVIIe siècle, l’impression à la planche est donc d’abord pratiquée en Provence, mieux connue sous le nom des indiennes provençales ou de Marseille, encore célèbres aujourd’hui grâce aux Olivades et les Souleiado. Au XVIIIe siècle, cette technique domine. La rencontre avec les procédés de coloration indiens entraîne son essor.
Les premières tentatives d’impression mécanisée au rouleau ont lieu en Allemagne dès le XVIIe siècle, mais ce procédé ne se développe seulement qu’au XIXe siècle. En 1783, l’Ecossais Thomas Bell inventa une machine à imprimer utilisant un rouleau de cuivre gravé en creux. D’autres versions de cette « machine à imprimer » connaissent un succès en France et en Allemagne. Ces rouleaux primitifs, gravés en creux, donnant un motif blanc sur un fond coloré, sont ensuite remplacés par des cylindres gravés en relief.
Vers 1800, l’impression sur machines à rouleaux de cuivre prend son essor, mais ces techniques sont surtout utiles pour des productions monochromes. Ce n’est qu’après la découverte des colorants synthétiques et le perfectionnement des machines à rouleaux modernes que cette pratique manuelle disparaît du domaine industriel. C’est surtout du domaine chimique que viennent les innovations : élargissement de la palette, amélioration des procédés d’impression par réserve et par rongeage (ou enlevage).
Au cours du XIXe siècle, l’impression sur textile évolue radicalement sous l’effet d’une double révolution. La production se mécanise et les premiers colorants de synthèse apparaissent. En 1856, le chimiste anglais Perkin découvre la mauvéine (premier colorant de synthèse). En 1902, près de 700 colorants synthétiques sont déjà disponibles.
La fabrication des planches, blocs d’impression ou indiennes
Les outils du graveur
La création d’une planche implique de nombreux savoir-faire.
Sa réalisation, complexe, se déroule en de nombreuses étapes et exige le concours de plusieurs intervenants : dessinateur, metteur sur bois, graveur, fondeur, chimiste…
En premier lieu, le dessinateur réalise une maquette gouachée à taille réelle.
Puis le metteur sur bois reporte le dessin sur la planche avec un gratté, qui est un papier transparent, huilé. Il doit alors peindre en vermillon les parties que le graveur doit laisser en relief.
Ensuite, pour chaque couleur que compte le motif, le graveur réalise à l’aide d’une gouge ou d’un burin une planche dans une essence dure-bois fruitier en général, souvent complétée par l’insertion de picots (clous) et de lamelles de cuivre courbes ou rectilignes. Ce procédé dit de picotage permet de restituer la finesse des points et des traits du modèle original. Une fois terminé, le bloc présente la sculpture sur un relief plat et laisse ressortir le motif dessiné plus tôt.
Gravure d’une planche
A la fin du XVIIIe siècle apparaissent les plombines, fabriquées grâce au procédé de clichage qui est employé jusque dans la deuxième moitié du XXe siècle. Cela consiste à couler un alliage de plomb dans un moule de bois gravé en creux, une matrice, pour réaliser certains éléments du décor, qui sont ensuite fixés sur une nouvelle planche, appelée plombine. Ces éléments peuvent être bien évidemment produits en autant d’exemplaires que nécessaire. Le clichage permet donc une duplication des plombines, que ne permet pas le bloc d’impression gravé, qui demeure une pièce unique. Ces plombines sculptées puis moulées et clouées sur les planches, sont ensuite enfoncées dans le bois avec un molleton. Enfin, on passe la planche au polissoir.
La planche est désormais prête pour l’imprimeur, qui pose alors les planches chargées de matière colorante sur la toile et y applique un coup de maillet.
La technique
un motif
Pour imprimer le motif sur la soie, on imprègne la planche de couleur en appuyant sa face gravée sur un tampon feutre imbibé de teinture. Puis on la pose délicatement sur la pièce de soie tendue en commençant par les picots qui saillent à l’angle et délimitent les rapports du dessin. Une fois le bloc posé sur le tissu, on prend un lourd maillet et avec le manche on frappe deux ou trois coups le dos de la planche en son centre. L’encre se répand alors uniformément sur la soie grâce à la concavité soigneusement calculée du tampon ; puis les colorants déposés préalablement sur les surfaces en relief teintent la soie… Si le motif contient plusieurs couleurs, elles sont imprimées les unes après les autres en observant un temps de séchage entre l’application de chacune.
Le motif textile est construit au gré des impressions successives : lorsqu’ une table de serti a été achevée, on renouvelle la tâche en changeant de couleur et de tampon et en prenant soin surtout de suivre les rapports du dessin indiqués par les pivots aux angles de la planche.
La difficulté première de cette technique est de positionner les planches successives de la même manière en prenant soin de s ‘adapter aux impressions précédentes avec une extrême précision. Or les planches n’ont pas ou peu de repères. On doit donc les positionner correctement, au millimètre près et à main levée.
Rigueur, minutie mais aussi intuition sont les clés de cette technique.
Deux planches à imprimer des établissements ETIT de Tournon (1)
(1) – ETIT ( établissement de teinture et impression de Tournon ) s’est développé après 1862. L’entreprise a compté jusqu’à 500 employés, elle travaillait pour les grands soyeux lyonnais de réputation internationale ( Bianchini-Ferrier…). A partir de 1980, l’activité a baissé, il y a eu des repreneurs, puis une liquidation judiciaire, les énormes bâtiments à la sortir nord de Tournon sur la RD 86, ont été rachetés par la mairie de Tournon.
IBE (Impression beaumontoise des étoffes) a suivi la même chemin que les ETIT. L’établissement, situé à Beaumont les Valence est un établissement secondaire de l’entreprise IBE TEXTILES COLORS. Créé le 26-12-2006, son activité est l’ennoblissement textile. Au 03-01-2017 cet établissement emploie entre 20 et 49 salariés.
Info : Voir aussi le livre édité par Histoire et Patrimoine Aoustois – » Aouste sur Sye … au fil du temps « – réédition de 2019