EGLISES ET CIMETIERES D’AOUSTE SUR SYE

 

Eglises et cimetières d’Aouste sur Sye

 

 

 

La première mention des églises d’Aouste, Saint Pierre et Saint Christophe, apparaît en 1120 sur une bulle de Calixte II.

Il est possible qu’ils aient été construits avant le 11e siècle. Parmi les chapelles de Saint Pierre, on répertorie celles de Saint Nicolas, de Saint Loys et de Notre Dame de la Rousse.

Le 26 avril 1142, le pape Innocent II confirme à Guillaume, abbé d’Aurillac, la possession des églises Saint Christophe et Saint Pierre d’Aouste et leurs dépendances.

En 1234, P. de Guillaume est prieur d’Aouste

Le 21 mai 1271, Garnier de la Silve, prieur d’Aouste.

Le 16 juillet 1274, levée de l’interdit et de l’excommunication sur les églises d’Aouste, Crest et Divajeu par le pape Grégoire X du 16 juillet 1274 – au XIIIe siècle l’excommunication sert à régler les querelles entre les autorités ecclésiastiques et les autorités laïques bourgeoises -.

Le 11 octobre 1300, l’archevêque de Vienne octroie à Aymar de Poitiers comte de Valentinois et à son fils Aimar chevalier l « absolution de l’excommunication portée contre eux à raison des dommages qu’ils avaient causés à son église.

En avril 1328, le prieur d’Aouste est Ponce Chalas

Le 10 janvier 1339, Benoit XII confère à Arnaud Chaleasii (enregistré Callassaii en 1347), moine d’Aurillac, le prieuré d’Aouste.

Le 10 mai 1346, fondation d’une chapellenie dans l’église Saint Pierre par Arnaud bourgeois de Crest, acte reçu par Hugues du Pré et le 5 septembre 1348 une autre fondation dans l’église Saint Pierre, écrit par Guillaume d’Auberives.

Le 15 avril 1349, Pierre Lagenesta est nommé prieur à Aouste.

En 1434, Guilhaume Rodelly est curé d’Aouste

En 1452-1459, procuration ad resignandum donnée à Perrin, de Besset, … par Louis de Pinet prieur de Saillans pour la réunion du prieuré de Saint Pierre à celui de Saillans.

Le 13 septembre 1509, Lors de sa visite diocésaine, l’évêque Gaspard de Tournon ordonne que : « En l’église de St-Pierre d’Aouste, située près et hors de ce lieu. Ordre d’envelopper de pièces de soie et d’étique-ter séparément les reliques; de mettre les vitres qui manquent à l’église, et de réparer les autres ; d’aplanir le sol du cimetière, d’en refaire les murs, et de mettre des trappes à chaque entrée pour empêcher les animaux d’y aller. Louis Taillefer, prieur du prieuré de St-Pierre-et-St-Christophe, de l’ordre de St-Benoit, et Gilles de Voresio, commandeur de St-Antoine de Brisans, se disent exempts des visite et procuration, et promettent d’en donner preuve « .

Le 30 novembre 1550, transaction entre Gaudelin, prieur de Saint Pierre et la communauté d’Aouste au sujet des dîmes.

Avec les Guerres de religion, les édifices religieux sont envahis par les troupes de Montbrun, alors chef protestant. La violence en Dauphiné commence en avril 1562. Le lieutenant du roi, La Motte-Gondrin, est massacré et pendu par les « huguenots » du baron des Adrets le 25 avril 1562 à Valence. François de Bonne, duc de Lesdiguières prend la succession en 1575 du chef de guerre Charles Dupuy de Montbrun. Le 24 juillet 1622, à Grenoble, Lesdiguières se convertit au catholicisme. Il meurt le 8 septembre 1626 à Valence. Les protestants en Dauphiné restent fidèles au roi et ne participent pas aux révoltes de 1621-1625. Le Dauphiné sous l’Édit de Nantes voit la concentration de fiefs huguenots. Toutefois, la commune, en 1627, fit réparer les bâtiments religieux dont l’église Saint Christophe et le prieuré de Saint Pierre qui étaient aux mains des protestants depuis 1609 À partir de 1679, l’édit de Nantes est appliqué « à la rigueur ». Les conflits sont récurrents. Une cinquantaine de temples sont détruits entre 1681 et 1685 (Aouste en 1683). Les dragons interviennent à partir de 1681. Les conversions se multiplient. L’évêque de Die et de Valence Daniel de Cosnac se distingue et, encourage les dragons en vue de convertir toutes les communautés. L’abjuration est massive mais certains, officiellement « nouveaux convertis », demeurent malgré tout fidèles à la religion réformée. La répression s’intensifie sous diverses formes. L’édit de tolérance, en 1787, voit l’inscription des huguenots en Dauphiné vers l’état-civil. Ils ne sont plus que 43 000 en Dauphiné. Sous le Consulat et l’Empire, le Concordat puis les Articles organiques du 18 germinal an X (8 avril 1802)  permettent de reconstituer sept Églises consistoriales en Dauphiné (Mens, Orpierre, Crest, Die, Bourg-les-Valence, Dieulefit et La Motte-Chalancon).

Lors de la délibération du 20 mai 1630 (BB 4 1er cahier folio 64), il est porté :  »  … en conséquence comte de Die et Valence fasse ordonner qu’à ceux de la religion réformée ayent à se désister de faire encore sépulture dans le cimetière qu’ils possèdent quartier saint Pierre et à faire intimer l’ordonnance au sieur Gabriel Perinet et au dit Achard consul sans qu’ils ayent fait aucune réponse pour ceux de la dite religion réformée … «

En 1659, une  « église » Notre Dame, nommée indifféremment « chapelle » dans les registres paroissiaux, était déjà utilisée.

En effet, suite à un procès entre le curé Jean Allemand et le consul d’Aouste concernant les arrérages dus au curé depuis l’année 1618, il fut convoqué le 23 février 1659, une assemblée de catholiques. Le sieur Jean Allemand proposa que le montant de ces arrérages courants et à venir évalués à 400 livres soit affecté  »  … qu’ils fissent faire une fenêtre de taille au-dessus de la chaire de l’église Notre Dame du dit lieu semblable au deux autres qui y sont, les faissant vitrer et ferrer toutes les trois et tabler la dite église de barres convenables …  » (AM Aouste DD 3 de 1659). Il semblerait que cette église soit plutôt une chapelle si l’on en juge d’après les déclarations du rapport de l’évêché en date du 24 novembre 1664.

De même, on trouve, toujours dans les registres paroissiaux, des inhumations dans l’église ou chapelle Notre Dame (1679 ;1681;1682), inhumations jusqu’à sa démolition.

Le 24 novembre 1664, lors de sa visite Monseigneur Gabriel de Cosnac, évêque de Valence et comte de Die  » … fut conduit chantant le TE Deum dans une chapelle construite dans le lieu d’Aouste sous le vocable de Notre Dame en laquelle après avoir fait les prières et renvoyé le saint sacrement de confirmation au lendemain …  » (AM Aouste GG 11-3 de 1664). Dans ce même document, il est dit :  » Par quoi nous évêque susdit avons ordonné et ordonnait que les dits habitants du dit lieu feront mettre des tuiles sur le couvert de l’église paroissiale de Saint Christophe dans les endroits où il en manque et réparer la muraille de la dite nef du coté gauche en rentrant qui s’en va en ruine si on n’y remédie, feront aussi parer et blanchir la dite nef et clore leur cimetière le tout dans le délai d’une année, ordonnons au sieur curé recteur de la chapelle des (Fauries) à la cure de nous rapporter dans deux mois la fondation si elle est en son pouvoir et les autres actes pour justifier du revenu d’icelle pour ce fait le savoir être réglé et faisons la même injonction au sacristain en ce qui concerne la chapelle des (Bellina?) aussi fondée dans la même église et pour celle ce Sainte Catherine des Ouillieres fondée dans l’église de Saint Pierre ordonnons aussi que celui qui s’en prétend pourvu rapportera par devant nous dans trois mois « provisions » (preuves) qu’il prétend avoir de la dite chapelle, titres, documents, états et revenus d’icelle pour être le service d’icelle réglé ainsi qu’il échoira et en ce qui concerne la feuille des mûriers du cimetière de l’église Saint Christophe nous leur promettons d’employer icelle aux réparations de la muraille de la nef susdite ordonnée et icelle faite sera employée pour faire faire des prières pour les morts, fera le dit curé le prône tous les dimanches, tiendra bon et fidèle règle des baptêmes, mariages et mortuaires et seront célébrées les messes matinales et paroissiales aux heures portées par nous constituants et seront chantées vêpres le jour des fêtes et dimanches et pour le surplus du contenu en notre procès verbal il y sera plus amplement pourvu… « . De même, il est précisé dans le document AM Aouste GG 11-4 de 1664 que  »  les feuilles des mûriers qui sont dans le cimetière de l’église Saint Christophe du dit Aouste seront employées aux réparations de la muraille de la nef de la dite église et pour y faire mettre des tuiles au couvert d’icelle aux endroits où il en défaut et à parer et à blanchir la dite nef et clore le cimetière de la dite église … «

Toutefois, au vu des registres paroissiaux, il apparaît une première mention de l’ église Notre Dame sur un acte de baptême de Suzanne Morin le 13 mars 1672, cérémonie suivie d’autres ainsi qu’une absolution (20 février 1679), ensevelissements. De même, on trouve, toujours dans les registres paroissiaux, des inhumations dans la chapelle Notre Dame (1679 ; 1681;1682). Il est à remarquer que ces cérémonies religieuses sont administrées aux familles de nobles, militaires et autres notables alors que le reste de la population, elles ont lieu en l’église Saint Christophe.

Le 10 mai 1683, on peut lire dans le cahier des délibérations BB 20 1er cahier que :  » … les églises Saint Christophe et Notre Dame sont dans une très grande ruine et qu’il est nécessaire de les faire réparer …  » et dans le cahier BB 23 6e feuillet de 1710, le 21 avril, il est précisé que : « …le ramonage des couverts des deux églises et de la maison commune…  » (Au XVIIIe siècle, le mot ramonage signifie balayage). Cette absence de mention de l’église Saint Pierre signifierait-elle que l’église n’était déjà plus en service ou détruite  à ces dates ? La dernière mention de l’église Saint Pierre sur les registres paroissiaux date de 1664. Seul figure sur ces registres le cimetière Saint Pierre, les dernières ensevelissements datent du 18 août 1707.

En 1683, sur ordre de Daniel de Cosnac intriguant évêque de Valence (à l’âge de 24 ans !) et aumônier de Monsieur, frère du roi, les temples d’Aouste, Montclar, Vercheny, Bouvière, Saillans sont détruits (deux ans avant l’édit de Fontainebleau révoquant l’édit de Nantes). Il fut décidé la construction d’une nouvelle église à sa place car celle de Saint Christophe n’offrait plus assez de sécurité.

Par l’Assemblée Générale du 29 avril 1684 (BB 20 2e cahier), on note que le curé François Aymar demande à la communauté la réparation des églises avec les fonds d’un montant de 300 livres donnés par l’ancien procureur de Crest pour leurs réparations; ces fonds ayant été utilisés à d’autres travaux plus urgents. Le curé Aymar , relance la communauté lors de l’Assemblée générale du 4 mai 1685 (BB 20 3e cahier) avec l’ intention d’aller solliciter l’Intendant à Grenoble et lui exposer la situation ; la communauté n’ayant plus les fonds nécessaires aux réparations et à l’agrandissement de l’église, toutefois celle-ci lui attribue 12 livres pour les frais du voyage. Le 31 octobre 1685 (BB 20 3e cahier), l’Intendant autorise la communauté à imposer sur le rôle de la taille royale la somme de 700 livres pour ces réparations. Par cette même délibération, suite  » aux conversions forcées  » la population catholique s’est accrue, l’ancienne église étant devenue trop petite, il a été convenu de transférer l’église en un autre lieu plus adéquat à la situation  » … il a esté proposé par le dit consul quattendu que toute la paroisse est présentement essentiellement catholique puis qu’il a plu de réunir dans le giron de l’esglise catholique apostolique et romaine eux qui professaient la RPR par les soings et par le zelle de nostre monarque invinsible. Il est de la derniere importance comme il avait déjà mesmes resolu et delibere sy devant ceste grende conversion de fere agrandir l’esglise de ce lieu attendu que presentement elle ne peut pas contenir le tiers des paroissiens ou de fere transferer ailleurs la dite esglise puisque dans l’endroit ou elle se trouve scituée il est comme impossible de la pouvoir agrendir, et comme le sieur curé de ce lieu a remontré que suivant l’ordre qui lui a esté donné de la part de la dite communauté a obtenu de nosseigneurs du Parlement de ceste province la permission d’imposer la somme de sept cents livres tant pour la répartion de la dite esglise que pour l’hopital de ce lieu … «

A noter que suivant l’Assemblée Générale du 2 juillet 1684 (BB 20 2e cahier) les archives ont été brûlées par les soldats du régiment de Vendome ( »  …. le régiment de Vendomme ayant séjourné dans ce lieu il ly a environ vingt ans aurait divers soldats du dit régiment enfoncé les archives de la communauté pris divers sacs ou les papiers estoint dedans et bruslé partie d’iceux …  » )

L’Assemblée Générale du 29 avril 1685 (BB 20 3e cahier) note  » … suite des remontrances qui lui ont été faites et aux plus notables habitants de ce lieu par messire François Aymar prestre et curé que l’église qui est dans le lieu est en un pitoyable estat etant nécessaire d’estre réparée prontement et d’ailleurs qu’elle est si petite que les dimanches et festes sollenelles partie des paroissiens sont contraints de rester dehors lors que le Saint Service Divin se fait et qu’il ny a autre moyen de l’agrandir qua nachetant quelques maisons y joignantes du costé du midy apartenant a des habitants de la dite RPR et en ayant donné notice à Monseigneur de Valence passant dans ce lieu … « . Donc à cette date, la  » première église Notre Dame  » était déjà en place. S’agit-il de la chapelle Notre Dame mentionnée en 1664 par l’évêque Daniel de Cosnac, puis démolie (avant 1707) et remplacée par l’église Notre Dame de 1708 ?

La présence de cette première église Notre Dame est confirmée par les documents d’archives AM Aouste DD 1-13, DD 2 -30/31 énumérant les biens possédés par la communauté d’Aouste :  »  … La Communauté possède en outre une autre maison acquise du sieur Barthélemy par contrat reçu par Maître Sabatier notaire le 5 décembre 1687 pour une somme de ( ? ) livres pour adjonction à l’église Cette maison bien que délabrée pourrait être affermée jusqu’à 4 ou 5 livres l’an. Elle confronte du levant la maison de Pierre Morice, du couchant la maison d’Abran (Abraham) Jobier, de bise l’église Notre Dame et du vent la basse-cour de Pierre Morice, elle est « mouvante de la dirette du sieur curé « …

Avec les délibérations de l’Assemblée Générale du 16 février 1687 (BB 20 4e cahier), il est noté  » qu’il est temps de mettre la main à l’oeuvre pour réparer l’église et l’hopital de ce lieu pour empescher qu’ils ne tombent en ruine …  » ; dans celles du 8 décembre 1688 (BB 20 5e cahier), il est encore mentionné l’église St Christophe et dans celles du 26 mai 1701 (BB 19 5e cahier), il est porté que les feuilles de mûriers serviront à réparer l’église St Christophe.

Dans le cahier des délibérations consulaires d’Aouste BB 19 3e cahier doc 34 du 15 mai 1695, on lit :  » … le sieur Gaspard Gaillard de ce lieu a acquis le plassage du temple du dit lieu bien que le dit plassage aye esté accordé pour la batisse d’une nouvelle église depuis quelques années comme il appert par le devis qui a été envoyé par ordre de Monseigneur l’Intendant qui a accordé le dit plassage à la communauté dont l’annonce a été faite dans les temps pour en passer le bail qui a ensuite été passé au nommé Lacroix entrepreneur de Grenoble … L’annulation de la vente du sol du temple à Gaspard Gaillard sera annulée attendu que le l’a donné à la communauté. ( Délibération du 16 septembre 1703 AM Aouste BB 21).

Suivant la délibération de l’Assemblée générale du 3 novembre 1697 (BB 19 2eme cahier – folio 25), en prévision de la visite de l’évêque les consuls demandent :  » lui demander justice en même temps sur la destorsion que fait le dit sieur prieur du cimetière de Saint Pierre dont il perçoit les fruits pour en faire son profit et nullement celui de l’église ny du dit cimetière qui n’est point fermé et qui avoit besoin de l’être d’une muraille ou d’une palissade pour empescher que les ossements de fidèles ne fussent profaner par les animaux imondes … «

Avec l’Assemblée Générale du 25 septembre 1701 (BB 19 5e cahier) portant sur le procès entre la communauté et le prieur Michel de Sotereau en vue de la restitution du cimetière à la communauté, il est dit :  »  en outre le dit prieur par le même acte abandonne à la dite communauté le cimetière St Pierre dont s’estoit emparé depuis longtemps laquelle transaction a été passée au dit Grenoble devant Mre Couturier notaire le 9 aoust dernier (1701) …. le quel procès se termine à l’advantage de la dite communauté puisqu’elle se prévaut de l’establissement d’un vicaire et d’un clerc et que d’ailleurs elle est restablye en la possession du dit cimetière…  » Le cimetière St Pierre dédié aux sépultures protestantes aurait-il été  » récupéré  » par les catholiques lors de la révocation de l’Edith de Nantes ?

Lors de l’Assemblée Générale du 4 mars 1703 (BB 21), il est rappelé que le bailleur Rivière proteste contre le retard pris pour la construction de l’église, seule la maison de Chomet a été acquise et la communauté recherche les moyens financiers pour parvenir à acheter les autres maisons et demande à l’intendant la permission d’imposer les trois ordres pour payer l’achat envisagé.

Cette première église Notre Dame était située sur la portion du parking de la Poste, face au café. Si l’on ne connaît pas sa date d’édification, nous savons que, d’après un document d’archives AM Aouste DD 3-13 de 1707, cette église a été démolie :  » pour marquer l’endroit propre à la construction de cette (nouvelle) église , il en fut dressé un devis et l’ancienne église démolie pour servir de passage au devant de la nouvelle, et fut ordonné que la communauté fournirait en son propre le plassage pour cette construction, ce qu’elle a fait, ayant été obligée d’acheter plusieurs maisons pour cela… «

Selon l’assemblée générale du 4 mars 1703 (BB 23 -1er cahier) , il est écrit que : « … la communauté acheptera les maisons d’Abraham Joubert, de Pierre Mounier et de Jean Chomet laquelle fera place nette pour poser la nouvelle église y compris la place du temple … «

Un document, AM Aouste DD3-12 de 1703, rapporte que   » la dite communauté d’Aouste a acquis la maison du nommé Abraham Jobert au prix de 400 livres par contrat du 11 mars 1703 reçu Aymar notaire pour y être construit une nouvelle église … « .

En 1704-1708, construction de l’église Notre-Dame de l’Assomption sur l’emplacement du temple protestant rasé en 1682 (un document des AD Drôme signale que le temple devait être rasé en 1664), construction d’un clocher et projet de démolition de l’église Saint Christophe.

Ce projet de démolition ne semble pas avoir abouti dans l’immédiat car il est fait mention dans les archives paroissiales que les dernières inhumations dans la  » chapelle  » Saint Christophe ont été faites en août et 29 septembre 1774. Dans les registres paroissiaux, en janvier 1766 et janvier 1767, Saint Christophe est portée avec la mention  » chapelle  » et en décembre 1768 et 1769, apparaît la mention  » ancienne église paroissiale «

A partir de 1775, plus aucune mention de l’église Saint Christophe soit en tant que chapelle ou église, seul le cimetière Saint Christophe est utilisé.

Il est à noter qu’en janvier 1716 et 1758, des ensevelissements eurent lieu dans l’église Saint Christophe du fait que la terre du cimetière Saint Christophe était gelée.

Le 8 décembre 1704, la communauté passe un bail devant Me Eymard notaire avec Claude Billon maître entrepreneur et architecte pour la construction de la nouvelle église pour un prix de 600 livres payables à termes convenus. Le 25 novembre 1706, la communauté passe un bail avec le même entrepreneur pour la construction d’un clocher carré sur la sacristie et aussi  » le grand portail  » (AM Aouste DD 1-16 1706). Le 5 septembre 1707, suite aux délibérations des 4 octobre 1705 et 21 mars 1706, la communauté baille à prix fait de 350 livres à François Le Blanc maître vitrier à Valence l’installation de  »  sept vitres qui convient faire aux sept formes de fenêtres de la nouvelle église qui a été construite au dit lieu d’Aouste ensemble les vitres de l’œil de bœuf de la dite église et celle de la sacristie de la même église et pour poser ces vitres avec les ferrures nécessaires … «

Les travaux dureront jusqu’en 1708. A partir de cette date, elle devient la nouvelle église paroissiale en remplacement de celle de Saint Christophe. L’église Notre Dame de l’Assomption est consacrée le 30 novembre 1735 par Daniel-Joseph de Cosnac, évêque de Valence et comte de Die,  » dédié à l’assemblée cet autel, pour honorer la bienheureuse Vierge Marie dans le ciel… «

 » Anno Domini MDCCXXXV, die xxxSt mensis novembris, ego Daniel Josephus de Cosnac, miseratione divinâ et sanctae Sedis Apostolicae gratiâ episcopus et comes Diensis, regi à consilpiis, oratoni regii magister, necnon abbas Floriacensis et Sanctis Joannis de Orbisteno, etc., consecravi ecclesiam et altare hoc, m honorem sanctissimae Virginis Mariae in cœlum asumpae et reliquias sancti martyris Fructuosi in eo incluse et singulis Christi fidelibus hodie unum annum, et in die anniversarto consecrationis hujusmodi ipsam visitantibus quadraginta dies de verâ indulgentiâ in forma Ecclesiae tconsuetâ concessi. Datum Augustœ, sub signo sigilloque nostns et secretarn nostri subscriptione, die et anno quibus supra. »

Ṫ DANIEL JOSEPHUS, Ep. et C. Diensis.

De mandato IIImi ac RRmi

DD. mei Episcopi et Comitis Diensis.

 

 » En l’an de grâce 1735, le 30eme jour du mois de novembre, moi, Daniel Joseph de Cosnac, Evêque et Comte de Die par la miséricorde divine et par la grâce du Saint Siège apostolique , maître de l’oratoire royal par ordonnance du Roi, et aussi abbé de Floriac de l’église Saint Jean d’Orbisteno, etc., j’ai consacré cette église et cet autel en l’honneur de la très Sainte Vierge Marie montée au ciel, et les reliques du Saint martyr Fruchrosus ici conservé. Et aujourd’hui à tout fidèle du Christ la visitant, pendant une année et au jour anniversaire de cette consécration, j’ai accordé selon l’habitude de l’église 40 jours d’indulgence plénière. Fait à Aouste sous notre seing et notre sceau et sous la responsabilité de notre secrétaire le jour de l’année indiquée ci-dessus. »

« Daniel Joseph, Evêque et comte de Die

sous la responsabilité de mon illustre et très vénéré

Seigneur Evêque et Comte de Die. »

Si l’on en juge d’après un plan-relevé de 1787, cette église ne mesurait qu’environ 20 m sur 12 m (11 sur 6 toises).

Par ailleurs dans les délibérations de l’Assemblée Générale du 8 décembre 1704 ((BB 20) folio 20), il est écrit  »  … le bail a prix fait pour la construction du clocher sur la dite sachritie au dit sr Billon ou autre entrepreneur qui en faira la condition meilleure et aux clauses formes et conditions qu’ils aviserons bons estre et que pour parvenir au payement de la somme qui sera convenue et promise pour la construction du dit clocher il est de tendre et alliener du mesme avis et assistence que dessus le plassage (place ou droit sur une place à bâtir) que cette communauté a et possede en toute propriété tout proche et joignant le cimetière St Christophe vulguerement appelé le comminau (terrain qui appartient à la communauté), ensembles les bois et autres matériaux provenus des desbris des maisons que ceste communauté a acquis pour faire le plassage de la dite nouvelle église, comme aussi il leur est donné pouvoir de passer le bail des reparations qui convient faire a l’hospital appartenant a cette communauté et au petit membre qui est a cotté d’iceluy aux fins de les mettre en état pour servir a l’advenir de maison consulaire…. «

Relevé dans les registres paroissiaux que :  » L’an 1716 et le vingtième jour du mois d’août dans la chapelle de l ‘ermitage de Saint Alban l’issue de la messe, nous François Aymar prêtre et curé de la paroisse du lieu d’Aoste suivant le pouvoir à nous accordé par Monseigneur l’évêque de Dye avons donné l’habit d’ermite à Jean Denis (ou Donis) natif de Chomilly en Auvergne diocèse du Puy ; c’est à la prière et réquisition de frère Joseph et Jacques Donis son père et sur les marques qu’il nous a donné de vouloir vivre en bon et vrai solitaires et de rester d’avec son dit père dans l’ermitage de St Alban toutefois sous le bon plaisir de Monseigneur l’évêque nous ayant requis Jean Donis de lui donner le nom de Jacques ce que nous lui avons accordé en le revêtissant dans l’habit d’ermite et ce en présence de son dit père et de messire Jean Antoine Gailhard prêtre et vicaire de cette paroisse d’Aouste, d’Antoine La Couronne et de sr Philippe Guillaume Aymar, Charles Gaillard et Michel Laborie

Signé avec moi curé, nous le sr Donis père et fils pour ne savoir de ce enquis et requis ermite du dit ermitage , Jacques Reymieux, Allard vicaire, La Couronne, Aymard curé, Laborie , Gailhard, Aymar «

Le 28 septembre 1678, est enterré dans la chapelle le frère Pierre Chevigné et le 17 juin 1733, Mathieu Mourgues ermite de St Alban est décédé à l’âge de 64 ans environ et enseveli au cimetière St Christophe.

En ce qui concerne l’ermitage de Saint Alban, peu de renseignements, sauf ceux succincts fournis par Darvel :  »  Vers l’an 1600 l’ordre des Bénédictins de Saint Bernard d’Angleterre vinrent s’installer dans l’ermitage et lui donna le nom de Saint Alban. Quelques années avant la Révolution, ils sont tous partis. Seul un seul est resté et a été enterré en l’an 1733 ( Mathieu Mourgues), aussi un moine veuf (Joseph Donis) avait amené avec lui son fils (Jean Donis) qui par la suite est devenu prêtre et a été ordonné par l’évêque de Die en la primitive église d’Aouste en l’an ? . «

En juillet 1719, la cloche de l’église Notre Dame se brise. Suite à l’assemblée générale du 10 septembre 1719, la communauté sollicite de Monseigneur l’intendant l’octroi d’une somme de 400 livres pour refondre une cloche ; l’intendant accordera la somme de 200 livres le 7 novembre 1719 par imposition sur les trois ordres. Le 28 janvier 1720, un accord est conclu entre la communauté, le curé François Aymar et Sébastien Constantin maître fondeur de Vaison pour refondre une cloche d’environ cinq quintaux. (AM Aouste DD3-27/28/29)

Lors de sa visite paroissiale du 17 avril 1736 (AM Aouste GG 11-11), Monseigneur Daniel Joseph de Cosnac (neveu du précédent) constate que l’église paroissiale d’Aouste sous le vocable de l’Assomption de la Sainte Vierge  » … le chœur, les ornements, linge et argenterie nous ayant paru à cela près dans un état très propre et très décent, aurions encore trouvé que dans la dite église il y aurait une chapelle à main gauche en entrant sous le vocable de Sainte Anne … et que de l’autre côté une chapelle sous le vocable du Rosaire…. Dans la dite église, il y aurait une sacristie érigée en titre de bénéfice….  » Par ailleurs, il est mentionné :  » … nous aurait encore été présenté par le dit sieur curé qu’il y aurait dans la dite paroisse d’Aouste une chapelle sous le vocable de Notre Dame de la Rousse dépendante de notre collation, et dont lui sieur curé est recteur laquelle est démolie et détruite …  » Cette chapelle se trouvait à l’origine dans l’église Saint Pierre, cela voudrait dire que l’église Saint Pierre aurait déjà disparue à cette date (1736). Il apparaît dans les registres paroissiaux (Archives départementales de la Drôme 1692-1756 5Mi202/R4) que la dernière sépulture dans le cimetière est celle d’Anne Dourille, le 18 août 1707 ; date à laquelle le cimetière aurait été désaffecté ?

Il est à noter que de nombreuses familles protestantes sont inhumées dans le cimetière Saint Pierre, ne serait-ce pas le cimetière protestant ?

Dans le ce même rapport, il est dit que l’église Saint Christophe, ancienne paroisse, est dans un état de vétusté importante. Quand a été démolie l’église Saint Christophe ?

Dans les délibérations communales de 1767 et 1768, il est porté des états de frais d’un montant de 290 livres pour réparations des lambris de l’église Notre Dame et dans celles de 1774, pour des frais de travaux effectués pour améliorer la place devant l’église pour un montant de 120 livres. (AM Aouste DD 3)

Le dernier ensevelissement dans cette église Notre Dame a été fait le 28 décembre 1774, celui de Louis Brunel ancien vicaire de la paroisse, curé de Mirabel.

Les délibérations de l’Assemblée générale du 29 novembre 1776 (FF 26-24 ) indique la mise aux enchères au dernier enchérisseur le bail des cimetières de Saint Pierre et Saint Christophe. En outre , précise :  » …. à prix ferme annuellement sur les parties en culture ou celles qui le seront en luzerne au cimetière situé au quartier Saint Pierre, …. se charge de cultiver autour les jeunes mûriers nouvellement plantés … «

Le 29 novembre 1792, le conseil municipal décide la réparation de la toiture de l’église à la charge de la  » Nation « , ces travaux déjà envisagés ayant été reportés à plusieurs reprises.

La rencontre entre la Révolution Française et l’Eglise a été un choc énorme. Le village d’Aouste n’a pas été épargné. L’année 1793 marque le début d’une période de rejet du christianisme.

Le 26 septembre 1793, suite à un décret de la Convention, il est demandé aux communes de descendre les cloches des églises, de n’en conserver qu’une seule, pour  » convertir les autres en canons destinés à foudroyer les ennemis de la République « . Après délibérations de l’assemblée communale, le conseil objectant que le village possède 1200 âmes et l’éloignement de certains habitants, demande que les deux cloches, celles du nord et celle du midi, soient conservées. Après échanges avec le District, Aouste demande à ce qu’on lui donne une grosse cloche prélevée sur celles qui auront été livrées, en échange de quoi, elle donnera ses deux cloches, faute de quoi , elles resteront en place.

Le 4 frimaire An II (24/11/1793), il est décidé de faire descendre la cloche du midi. Le 7 frimaire An II (27/11/1793) le procureur est chargé de faire enlever la cloche et transportée à Crest.  » Le citoyen Boisset est authorisé d’échanger les deux cloches avec une de celles que le district pourrait avoir d’un poids à peu près égal « . M. Gresse est envoyé a District ou à défaut à Valence pour obtenir cet échange, au cas où il y aurait excédent de poids , Aouste paiera la valeur de la différence.

Le 17 pluviose An II (05/02/1794), après une   » longue séance très prolongée « , le conseil prend la décision de fermer l’église et le 4 ventose An II (22/02/1794), l’argenterie de l’église est envoyée à la Monnaie. Le 15 ventose, l’inventaire des objets retirés est établi.

Le 15 ventose, il est décidé d’ériger l’église en Temple de la Raison  » à faire disparaître de toutes les marques de superstition  » et le 9 prairial An II (28/05/1794), on  » substituera à l’inscription du temple de raison qui se trouve aux frontispices des portes de l’édifice les mots : le peuple français reconnaît l’être suprême et l’immortalité de l’âme « .

Les églises sont rouvertes le 31 mai 1795. Le mouvement va continuer à décroître sensiblement après le coup d’État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797). Le Concordat rétablit officiellement le culte en 1802.

En 1856, l’Abbé Vincent en donne une image peu élogieuse de l’église Notre Dame : « L’église d’Aoste révèle dans son ensemble ces conditions de misère et de provisoire qui, au XVIle siècle présidèrent à sa construction ; elle est basse et sans voûte, défauts qui doivent être attribués autant à l’ignorance de l’art chrétien qu’à la pénurie du budget municipal: Le clocher est aussi dénué d’architecture que l’église dont il est le complément nécessaire. Recouvert d’une ignoble toiture, il est privé de cette grâce et de cette élégance que donnait autrefois la flèche pyramidale aux beffrois. 11 est vrai que ces deux édifices appartenaient par leur origine à ces temps mauvais où la foi réprimait ses élans et n’osait pas les produire au grand jour. Espérons que des circonstances favorables convieront bientôt l’administration à mettre l’église et le clocher en harmonie avec leur destination. »

 

 

Photo sur laquelle on aperçoit l’ église Notre Dame (flèche) avant sa destruction en 1862

 

 

Dans un document des archives municipales d’Aouste de 1746 (AM Aouste GG 11-9) , on relève qu’un contentieux entre la communauté d’Aouste et le prieur de St Pierre, frère Didier Dubary est survenu concernant les luminaires fournis abusivement par la communauté aux prieurs de Saint Pierre (Dubary et Sautereau) pendant une durée de 29 ans, ce qui indique que depuis 1717, elle n’aurait plus dû fournir de luminaires. (date de disparition de Saint Pierre ?)

Sur l’état des immeubles possédés par le clergé dans la communauté d’Aouste en 1789 (AM Aouste GG11-16), n’apparaît plus qu’une seule paroisse, celle de Notre Dame et la chapelle de Saint Alban.

Quant au cimetière Saint Christophe, il sera utilisé jusqu’en 1885 avant la création aux Arras du cimetière actuel. Par arrêt du Préfet de Valence en date du 22 juin 1839, il est autorisé l’agrandissement du cimetière Saint Christophe pour augmentation du cimetière catholique et établissement d’un cimetière protestant. Les parcelles de terrain nécessaires sont achetées à Mr Des Essarts au prix de 900 francs. (AM Aouste MN 12). Le 6 novembre 1881, une délibération du conseil municipal concernant un échange de terrain pour agrandir le cimetière est approuvée le 3 décembre 1871 par le Sous-préfet de Die. De même une autre délibération du 3 juin 1882 pour la création d’un mur de clôture au nouveau cimetière est accordée par arrêt du Préfet le 30 août 1882. Le 15 novembre 1883, une délibération du conseil municipal, devant la menace d’écroulement du mur au couchant du cimetière doit le faire consolider provisoirement dans l’attente d’une future réaffectation du cimetière. Les premières concessions du nouveau cimetière sont mises en vente en mars 1885. Le 13 mai 1934 une vente aux enchères publiques de l’ancien cimetière Saint-Christophe en deux lots est effectuée.

Le 8 mai 1859, approbation par délibération du conseil municipal de la démolition de l’église Notre-Dame de l’Assomption. Elle sera démolie en 1862.

En 1876, début de la construction de la nouvelle et actuelle église Notre Dame de l’Assomption sur les plans de architecte Mr Rey de Valence, assisté de l’architecte Pierre Bossan. Mgr Vigne bénit la première pierre de la nouvelle église d’Aouste le 8 juillet 1877. Elle fut consacrée par par Monseigneur Cotton évêque de Valence le 27 octobre 1878.

Le 03/06/1882 Convention entre le maire Pierre Gresse et Antoine Alexandre Tavan d’un bail de 5 ans pour un local situé à St Christophe pour l’exercice provisoire du culte catholique pendant le temps de la reconstruction de l’église Notre Dame – Coût du bail : 400F

La foudre tomba sur le clocher en 1886 ; en 1894, la cloche originelle datant de 1754 chuta dans le clocher le 16 juillet, elle fut remplacée par une cloche fondue dans les ateliers Paccard à Annecy-le-Vieux, celle-ci, à la « suite d’une sonnerie défectueuse » se cassa en 1899 et fut remplacée en décembre par une cloche pesant 1052 kilos et financée par la générosité des paroissiens ; « le bon Dieu le leur rendra » note le chanoine Rouchon. Le coût total de la construction et des divers aménagements intérieurs est de 84 147 francs.

Plus tard, en 1987, un « nettoyage complet et réparation » (électricité, chauffage, boiserie, peinture) de l’église fut entrepris et dura plusieurs mois pour un coût total de 468 012 francs (en partie payés grâce aux aides municipale et départementale et un emprunt de l’évêché). Il a permis de donner à l’édifice les couleurs pimpantes et harmonieuses que nous pouvons voir aujourd’hui.

En novembre-décembre 2019, des travaux de réfection sont effectués pour un montant de 70 000 €.

 

 

Sources :

      • Regeste Dauphinois d’Ulysse Chevalier

      • Archives communales Aouste

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