L’INSECURITE A AOUSTE EN 1396

L’INSECURITE A AOUSTE LE 12 AVRIL 1396



On possède très-peu de documents sur les ravages de Raymond de Turenne dans le Valentinois et le Diois, où des intérêts de famille l’avaient appelé. Aussi avons-nous recueilli avec soin une charte, servant de couverture à un registre, dans laquelle se trouvent des renseignements sur les exploits de quelques-uns de ses soldats.

Voici l’exposé des faits consignés dans l’acte, du 12 avril 1396.

« Au temps de la guerre de Reymond de Turenne (Reymwndi de Turena), pendant l’occupation de Soyans, au diocèse de Die, par .le bâtard de Burdisan (Bastardus de Burdisanoj, noble Arnauton Dualda, dit Baston, des gens de Reymond de Turenne, de la compagnie de noble Guillaume Gassian (Guill.- Gassiani), chevauchait, avec un sauf-conduit de Guillaume, bâtard de Poitiers, alors capitaine du Diois et Valentinois, avec un nommé Marescal (ou Manescal), des gens dudit Reymond, qu’il avait pris pour valet (vayleti). Il avait dîné à Aouste, chez noble Jean Aloys, châtelain du lieu, et se rendait à Soyans. A un tiers de lieue d’ Aouste, il fut rencontré par quelques individus, en deçà des barrières. Jean Didier et son compagnon, dudit Aouste, l’injurièrent, le blessèrent, le frappant avec des lances, et le descendirent de son cheval, avec des démonstrations hostiles, malgré son sauf-conduit. »

Arnauton en porta plainte devant noble et puissant Louis de Poitiers, comte de Valentinois et Diois, conservateur majeur et supérieur des trêves conclues entre R. P. Jean de Poitiers , évêque et comte de Valence et Die, et les gens d’armes du comte d’Armagnac alors dans le pays, et devant noble Guillaume Gassian, capitaine du plaignant.

En présence dudit Arnauton, demandeur, et Pierre de Fouichat (de Furcata), chevalier, bailli du Valentinois et Diois pour notredit seigneur, et de noble Olivier de Divajeu, pour la communauté d’Aouste, défenderesse, il fut réglé et décidé que pour les blessures, injures et violation de sauf conduit, dépenses , médicaments, soit chez Aloys, soit ailleurs, les coupables paieraient 60 francs d’or, savoir 10 au moment du règlement et les 50 autres à Pâques; qu’ils lui rendraient son épée, toutes réserves faites pour les objets enlevés à Marescal.

Or, les coupables n’ayant pas l’argent voulu, la communauté fut obligée de l’avancer, en empruntant aux Juifs et à divers particuliers, quitte à elle à s’en faire rembourser.

Le jour précité, Arnauton Dualda passa quittance à la commune d’Aouste de 60 francs d’or (chaque franc évalué à 16 gros monnaie royale), de son épée et de 4 florins pour ses dépenses et celles de son cheval, faites à Crest, en venant chercher la somme due.

Cet acte en lui-même ne fournit certainement pas de détails bien intéressants pour l’histoire ; toutefois, la responsabilité de la commune d’Aouste pour les méfaits de deux de ses habitants mérite d’être signalée.

A. Lacroix

Extrait du Bulletin de la Société d’archéologie et de statistique de la Drôme -1875 – tome 9

 

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