François Bernard Charmoy
François Bernard Charmoy, orientaliste, est né le 14 mai 1793 à Soultz (Haut-Rhin) et décédé le 9 décembre 1868 à Aouste-sur-Sye (Drôme ). La commune lui dédiera une place à son nom.
Orientaliste qui répand en Russie l’enseignement des langues orientales sur le modèle français.
Il étudie d’abord l’hébreu et l’arabe au collège impérial de Phalsbourg (Moselle), puis se rend à Paris en 1810 pour étudier le droit et poursuivre ses études à l’Ecole des langues orientales, avec Silvestre de Sacy, Chézy, Langlès, Amédée Jaubert, Louis Sédillot, Dom Raphaël ; au Collège de France, avec Silvestre de Sacy, Caussin de Perceval et Kiéffer. Il étudie l’arabe, le persan, l’hébreu et l’arménien. En 1817, le tsar cherche des enseignants qui enseigneraient l’arabe, le persan et le turc. Silvestre de Sacy recommande Charmoy pour le persan et le turc et Demange pour l’arabe. Il part pour Saint Pétersbourg en 1817, et passe en Russie près de dix huit ans, la période la plus féconde de son activité. Il occupe la chaire de langue persane à l’Ecole normale principale réorganisée en 1819 au sein de l’université impériale de Saint-Pétersbourg, et enseigne simultanément le persan et le turc au département asiatique du ministère des Affaires étrangères de Russie. Il compte parmi ses élèves P.S. Saveliev (1814-1859),P. Ya. Petrov (1814-1875) et V.V. Grigoriev (1816-1881) et on peut le considérer comme le fondateur des études iranniennes à Saint-Pétersbourg – bien qu’il ne se soit jamais rendu en Perse ni dans les régions dont il défricha l’histoire.
Son activité est liée à deux autres institutions : la Bibliothèque impériale publique (aujourd’hui Bibliothèque nationale de la Russie) et de l’Académie impériale des sciences. En 1828, il est nommé au groupe des orientalistes chargé d’inventorier les livres et manuscrits orientaux de la Bibliothèque. Dès 1829, il est membre correspondant de l’Académie des sciences de la Russie, et plus tard, son membre-correspondant étranger (1835-1868). En 1832, il est nommé ad’iunkt (assistant académique) en littérature orientale (persan)dans la même académie. En 1835, il rentre en France pour raison de santé et s’installe à Aouste dans la Drôme..
Ses travaux se rangent en trois catégories :
– des manuels de langues persane et turque
– deux aperçus sur l’histoire de l’orientalisme
– la recherche, l’édition et la traduction des sources historiques arabes, persanes et turques sur l’histoire de l’Europe orientale et l’Asie centrale
En 1829, il achève le travail de son élève Louis Spitznagel mort prématurément. Il s’agit de l’édition et de la traduction du texte du poète persan du XIIe siècle Nizami Ganjavi, Iskandar-nama. Par modestie, Charmoy n’a pas inséré son nom dans le tître du travail publié, bien qu’il en ait corrigé la traduction et fait la collation de neuf manuscrits d’Iskandar-nama où il trouva cinq mille variantes textuelles. La publication de ce livre coïncide avec la victoire de la Russie sur l’Iran à la suite de la guerre de 1826-1828. En cette occasion, Charmoy est récompensé par l’empereur Nicolas 1er d’un anneau de diamant. En 1832, il prépare deux grammaires de langue persane et un Supplément à la grammaire turque de Jaubert.
Il est l’auteur d’un grand travail sur Timour contre Toqtamiche en 1391, avec la publication d’extraits de deux ouvrages arabes, sept chroniques persanes et une turque, et leur traduction commentée en français (1835, rééd. 1975). Ce travail pose les fondements de l’étude scientifique de la Horde d’Or et de l’Asie centrale postmongole appuyée sur les sources musulmanes. Elle trouve sa réalisation dans les éditions postérieures parues en Russie et en URSS, telles que Collection des matériaux relatifs à l’histoire de la Horde d’Or (t. I-II 1884 – 1941 nouvelle éd., Moscou, 2003), Matériaux sur l’histoire des Turkmens et Turkménistan (t. I – II, 1938-1939), Matériaux sur l’histoire des khanats khazakhs (extraits des ouvrages persans et turcs) (1969), etc. Charmoy traduit également en français, avec de nombreux commentaires, une grande chronique persane du XVIeme siècle sur l’histoire du Kurdistan, Sharaf-nama par Sharaf Khan Bidlisi (1868-1875). Il traduit en français la chronique persane du XVeme siècle Ta’rikh-i Tabaristan-u Ruyan-u Mazandaran de Zahir ad-Din Mar’ashi, quand il apprend que l’orientaliste B. Dorn l’avait traduite en allemand (la traduction allemande est publiée à Saint Petersbourg en 1858).
Acte de naissance
Acte de décès
stèle de François Bernard Charmoy dans le cimetière d’Aouste sur Sye
Info : Voir aussi le livre édité par Histoire et Patrimoine Aoustois – réédition de 2019