Sommaire
Toggle
Du chanvre aux cordages !
Le chanvre, est l’une des plantes les plus connues car elle est multi-usages. Elle est très utilisée, aussi bien dans le textile que dans l’agriculture ou l’industrie.
De son origine …
Le chanvre serait l’une des premières plantes domestiquées par l’homme, probablement tout à la fois pour ses fibres solides, ses graines oléagineuses nourrissantes et les propriétés médicinales de sa résine et ce, dès le Néolithique.
On situe l’origine du chanvre en Asie centrale où il était cultivé pour ses fibres depuis 2900 ans avant J.-C. Mais il était déjà connu depuis 10 000 ans pour ses fibres résistantes et aussi ses propriétés médicinales et nourrissantes.
Les Scythes, ces nomades des steppes, auraient joué un rôle important dans la migration du chanvre vers l’Ouest et son adoption par les peuples autochtones.
Dans l’Antiquité le chanvre ne cesse d’être exploité. On en retrouve des traces en Égypte, en Grèce, en Inde, en Chine… En 2500 avant J.C., le » Shennong bencao jing », considéré comme l’un des plus anciens traités médical sur les drogues végétales, animales et végétales, parle du chanvre. Les grands classiques des civilisations occidentales l’évoquent aussi : des textes d’Hérodote, de Pline l’Ancien témoignent de son utilisation. Hérodote décrit notamment les rituels de purification utilisés par les Scythes lors des enterrements à base de fumée de » cannabis sativa ».
Les Gaulois et les Romains faisaient commerce de chanvre pour l’utiliser sur leurs navires, ils en appréciaient la toile et les cordes de chanvre. Une des premières preuves historiques de l’existence de la culture de chanvre en Europe date de 270 avant J. C., lorsque Hieron II achète du chanvre aux Gaulois qui avaient appris à le maîtriser.
Vers 800, l’empereur Charlemagne encourage ses sujets à cultiver le chanvre.
Progressivement, la fibre de chanvre devient une matière première stratégique.
Toutes les grandes nations maritimes, le Portugal, l’Espagne, l’Angleterre, la Hollande ont besoin de chanvre pour leurs navires. Sans chanvre : pas de voiles, pas de cordage et donc pas de navires. Assez logiquement, là où les empires maritimes se développent, la culture et les manufactures de chanvre prospèrent ! Venise et ses commerçants en comprennent bien compris l’enjeu. Pour s’assurer un approvisionnement de chanvre en quantité et en qualité, la Sérénissime » nationalise » au XIIe siècle les manufactures de chanvre.
Ce sont les colons espagnols français, anglais, portugais qui introduiront le chanvre dans le Nouveau Monde. La considérant comme une culture de première nécessité, vitale, ils la plantent dès leur arrivée.
Le chanvre est une matière première clé pour le secteur maritime et militaire mais pas que ….
En l’an 1150, les Arabes font découvrir à l’Europe un nouvel usage du chanvre : la production de papier. Le papier de chanvre se développe rapidement. Le premier livre imprimé, en 1456, La Bible de Gutenberg, est … sur du papier de chanvre. Il en sera de même, trois siècles plus tard, en 1776, de la Déclaration d’Indépendance des États-Unis d’Amérique.
D’autres usages apparaissent. Fin XVe siècle, puis surtout au XVIIe et XVIIIe, le linge de maison et le linge de corps en chanvre se développent. Draps de lit, serviettes de toilette, nappes, chemises, braies sont en lin, précieux et rare, pour les plus fortunés, et en chanvre, pour le plus grand nombre. Le chanvre va devenir “une industrie familiale »
Chaque fermier cultive son lopin de chanvre pour ses propres besoins. Cette plante est facile à cultiver, elle pousse comme une mauvaise herbe. Sa transformation en revanche nécessite pas mal de main d’œuvre. Avant d’obtenir un fil de chanvre, après l’avoir récolté, il faut le rouir, le sécher, le teiller, le peigner et puis le filer… Aussi le champ de chanvre “familial” ne sera jamais très grand. Trop grand, il ne pourrait être géré en famille. Le tisserand présent dans chaque paroisse de village, s’occupera, lui, du tissage. A ce titre, le chanvre sera un vecteur du lien social en milieu rural.
En Provence, on retrouve des traces de la corporation des cordiers en 1394.
Christophe Colomb navigue en 1492 vers l’Amérique à bord de caravelles équipées de 80 tonnes de voiles et de cordages en chanvre. Cette plante polyvalente devient rapidement une monnaie d’échange précieuse dans les colonies américaines, en raison de ses nombreuses applications et de la demande croissante de la marine.
L’âge d’or du chanvre se situe entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. Cette popularité s’explique par l’explosion du commerce intercontinental qui accroît l’utilisation des navires. Cette période est caractérisée par la compétition pour la suprématie maritime entre les puissances européennes s’intensifie entraînant une forte demande de chanvre pour une variété d’applications, construction navale, production de papier, cordages, vêtements. On l’utilise dans la fabrication des voiles de gréements, cordages, câbles, échelles, haubans, et des filets de pêche.
La Marine royale française, fondée officiellement par Henri II en 1547, se hisse au même niveau que les flottes danoise, anglaise et espagnole sous le règne de Louis XIV (1653). Cette ascension est en grande partie due aux efforts de Richelieu et Colbert, qui favorisent le développement de la culture du chanvre en France et encouragent son expansion industrielle en créant la Corderie de Rochefort-sur-Mer. Sous Louis XIV, un vaisseau de premier rang portait près de 110 tonnes de cordages qui, mis bout à bout, couvraient une distance de plus de 100 kilomètres.
Matière première renouvelable et stratégique au temps de la marine en bois et à voile, le chanvre fait l’objet d’un approvisionnement annuel dans les arsenaux français pour la fabrication des cordages et des voiles.
Au XVIIIe siècle, les Pays Baltes (en particulier de Riga en Russie) et l’Italie représentent la moitié des achats de la Marine qui satisfait le reste de ses besoins au sein du royaume de France (les principales régions de culture étaient l’Anjou, la Bretagne, l’Auvergne, le Berry) . Cette nécessité de diversifier les territoires de préemption résulte de contraintes politiques, économiques et qualitatives, les caractéristiques mécaniques du chanvre variant d’un terroir à l’autre. Au cours du siècle, à mesure que les besoins de la marine augmentent, le profil socio-économique des fournisseurs s’adapte pour faire face à la logistique que réclament des approvisionnements toujours plus importants.
Les innovations technologiques participent à cet essor. Elles améliorent la production et la transformation du chanvre. Par exemple, la machine à filer, inventée en 1764, permet de produire des fils de chanvre plus rapidement et de manière plus efficace. Cela rend le processus de fabrication de cordes et de vêtements en chanvre plus rentable et stimule la demande pour cette matière première.
La notoriété du chanvre prend de l’ampleur en Amérique par le biais du commerce triangulaire. Il est également utilisé comme monnaie afin de faciliter les échanges.
Benjamin Franklin et George Washington ont soutenu le développement du chanvre. Leur engagement en faveur de la culture du chanvre a contribué à stimuler la production de cette plante en Amérique à une époque où elle était considérée comme une matière première stratégique.
On estime après la Révolution dix huit fabriques de cordes à Marseille qui emploient 2000 à 3000 personnes.
Comme toutes les denrées stratégiques, le chanvre russe en particulier a été source de conflits dans plusieurs guerres. Durant la seconde guerre d’indépendance de 1812, le chanvre russe fut un sujet de discorde entre les États-Unis et l’Angleterre. Et aussi l’une des raisons de l’envahissement de la Russie par Napoléon…
A noter que la célèbre toile » de Nîmes » (Denim), qui a donné naissance au jean, fut initialement fabriquée à partir de chanvre.
Vers une évolution des cordages …
A la fin du XIXe siècle, de nouvelles fibres végétales opposent une rude concurrence au chanvre traditionnel : chanvre de Manille, sisal ou encore coco.
Des machines apparaissent dans toutes les étapes de transformation des plantes en cordages. Mus par de nouvelles forces telles que l’électricité, ces outils mécaniques permettent d’augmenter les productions de matières premières, de fils et de cordages.
Mais dans le même temps, les câbles métalliques se substituent peu à peu aux cordages traditionnels pour les haubans, aussières de remorque et autres manœuvres dormantes ou manœuvres de port.
Au XIXe siècle, le remplacement de la voilure par la machine à vapeur et l’hélice consacre le règne de l’acier.
Avec la révolution des matières textiles synthétiques …
Dans les années 30 aux États-Unis et en Allemagne, quelques chimistes élaborent de nouvelles.
Soixante ans plus tard le polyamide, le polyester, et autres polypropylènes ont imposé leur suprématie sur le marché de la ficelle et du cordage. Chacun a ses propriétés.
Aujourd’hui, les manœuvres des voiliers en fibres synthétiques sont généralement formées d’une gaine tressée, souvent colorée, à l’intérieur de laquelle des faisceaux de fibres sont tendus. Leur résistance à la rupture est très élevée.
A titre d’exemple un cordage toronné en chanvre de 2 centimètres de diamètre a une charge de rupture de 3 tonnes, un cordage tressé en vectran ou Dyneema de même diamètre supporte plus de 14 tonnes !
De son déclin à son renouveau …
Le coton, plus doux et plus facile à travailler, donc plus compétitif, va progressivement prendre la place du chanvre auquel s’ajoutent très vite, les fibres synthétiques, vraiment bon marché et aux propriétés alors considérées comme magiques (le nylon notamment, inventé en 1936 et au développement fulgurant). A cette période critique pour le chanvre., s’ajoute dans les années 1920 et 1930, à la Nouvelle-Orléans, la diffusion sulfureuse du cannabis qui donne au chanvre une mauvaise image et fait le beau jeu des fibres concurrentes. Le fait que le chanvre, soit utilisé comme substance “stupéfiante”, tout comme l’opium, l’héroïne, a conduit les gouvernements, sans doute influencé par de puissants lobby, à prendre des décisions réglementaires pour interdire l’usage de ces substances. La couverture médiatique de propagande négative dure plusieurs années et détériore fortement et durablement l’image du chanvre.
De même l’utilisation industrielle du charbon et du pétrole entraîne progressivement un déclin de la culture du chanvre en Europe.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le chanvre redevient une matière première indispensable à la production du tissus des uniformes et la confection d’autres matériaux militaires (parachute, tente, …). On lit alors des publicités comme « le chanvre pour la victoire »
Après la guerre, c’est une toute autre histoire. La chasse aux drogues revient en force, l’interdiction du chanvre est rétablie dès 1945 et anéantit les champs et les cultures existantes.
En France, toutefois, la culture industrielle du chanvre s’est poursuivi à bas bruit. Dans les années 1960 l’INRA et la FNPC (Fédération Nationale des Producteurs de Chanvre) lancent d’ailleurs un programme de sélection de souches pour développer des cultures monoïques et avec un taux de THC très faible.
Et on constate aujourd’hui que la filière française du chanvre s’est plutôt bien re-développée. La France est le troisième producteur mondial après la Chine et le Canada, et le premier européen (en 2019, la surface cultivée de chanvre en France était de près de 18.000 hectares). Très longtemps, le chanvre qui a servi surtout pour les voiles, le cordage, le papier à écrire et pour les vêtements, aujourd’hui, le chanvre français trouve essentiellement des débouchés dans la construction, l’isolation, le paillage, la litière ou l’industrie alimentaire humaine et animale mais encore très, très peu dans le textile dont les savoir-faire artisanaux doivent être reconstitués.
D’ailleurs, comment l’utilisait-t-on pour fabriquer les cordages au sein de l’industrie textile ?
De son utilisation à sa fabrication au XVIIIe et à aujourd’hui…
Tout d’abord le chanvre est récolté dans les plantations, les chanvrières. Le chanvre a la particularité d’être composé de fibres très longues et solides (certaines peuvent atteindre jusqu’à 4 mètres). Pour pouvoir être utilisé, le chanvre, une fois débarrassé de ses grains, doit être préparé.
Le rouissage
Il est ensuite mis en rouissage pendant quelques semaines. Le rouissage est l’opération permettant l’isolement des fibres textiles des tiges du chanvre, en laissant pourrir la plante au sol, dans un réservoir d’eau les maintenant dans l’eau ; au contact de la lumière et de l’air, la pectine qui lie les fibres se décompose, ce qui va permettre de délier entre elles fibres et écorce appelée » chènevotte ».
Le décorticage
Ensuite, on procède au décorticage du chanvre en éliminant la chènevotte à l’aide d’une » broie » pour ne garder que la fibre, le cœur ligneux de la tige de chanvre (broyage, teillage, cardage). S’ensuit alors le processus de traitement des fibres pour les rendre plus douces ou plus élastiques. Pour finir, le chanvre est filé en torsadant ensemble les fils et en les enduisant de cire pour accroître leur résistance à l’eau et à bien d’autres éléments. Ensuite la filasse est rassemblée en faisceaux dits » queue de rat », pliés et liés, ou tordus sur eux-mêmes, qui sont conditionnés en ballots pour l’acheminement vers les arsenaux. Autrefois, le procédé était quasiment le même, sauf que le filage se faisait à la main. Le filage se faisait à l’aide d’un rouet.
Le chanvre est stocké dans les magasins à chanvre, à l’étage et à l’abri de l’humidité, en attendant que la filasse subisse un affinage.
Puis vient le peignage.
Dans cet atelier, la filasse de chanvre subit deux traitements successifs.
D’abord, les » espadeurs » finissent d’éliminer la » chèvenotte » si cela n’a pas été entièrement fait par les producteurs. Ils n’utilisent pas de broie, mais des palettes de bois avec lesquelles ils frappent les tiges de chanvre. Après les peigneurs affinent la filasse à l’aide de peignes de différentes tailles (appelés aussi sérans), jusqu’à obtenir une belle fibre. Pour cela ils jettent fortement une poignée de chanvre sur le peigne et la tirent vers eux.
Les fibres trop courtes ou les résidus ne sont pas perdus. C’est » l’étoupe » qui va être utilisée en complément du » bitord » pour calfater les interstices des planches de la coque des navires, afin de les rendre étanches.
Après les peigneurs, les fibres sont travaillées dans l’atelier de filage. Ce travail constitue le pré-requis indispensable aux étapes suivantes.
Sachant que le plus long cordage de navire mesurait environ 195 m de longueur (soit une encablure) et que les fils étaient torsadés d’un seul tenant, il fallait des ateliers de fabrication aux grandes dimensions. Ceci explique la longueur des bâtiments d’une corderie (jusqu’à 300 mètres). Dans toute la longueur de la corderie, les fileurs façonnent » le fil de caret », élément basique de n’importe quel cordage. Pour cela, ils utilisent un rouet muni d’un crochet auquel est nouée une extrémité du chanvre. La rotation du crochet va obliger les fibres à se tortiller sur elles-mêmes. Au fur et à mesure que les fileurs reculent dans l’atelier, ils approvisionnent le fil en formation avec de nouvelles fibres prélevées dans leur » peignon » de chanvre, tout en régularisant l’épaisseur du fil formé et sa tension sur toute sa longueur. Une fois terminé, le fil de caret est enroulé sur un touret pour qu’il ne s’emmêle pas et soit transporté plus facilement vers l’atelier suivant.
Dans les arsenaux, la commission de recette examine les ballots de chanvre qui arrivent le plus souvent par les fleuves, les canaux ou la mer. Il est stocké dans des magasins secs et aérés, le chanvre est travaillé dans l’atelier des espadeurs qui le débarrassent de la chènevotte encore attachée à la filasse.
Les peigneurs se chargent d’organiser et d’affiner définitivement la filasse. Ils divisent les faisceaux de fibres en passant les poignées de chanvre dans des peignes. De plus en plus fins, ces peignes permettent d’obtenir la fibre ultime.
Dans un atelier parfois long de 300 mètres, le fileur forme l’élément de base du cordage : le fil de caret. Il place au-dessus de sa ceinture un peignon : paquet de chanvre suffisamment important pour faire un fil de la longueur de l’atelier. Puis il forme avec quelques fibres une petite boucle qu’il engage dans le crochet d’un rouet à molettes à l’extrémité du bâtiment. Le tourneur actionne alors la roue, qui entraîne les molettes, afin de tordre les fibres.
Le fileur en reculant, alimente d’une main le fil en chanvre, de l’autre régularise la tension et l’épaisseur du fil. Au fur et à mesure de son allongement, le fil est soutenu par des chevalets ou râteliers. Cette opération prend fin une fois que le fileur a parcouru à reculons toute la longueur de l’atelier.
Le fil est ensuite enroulé sur le tambour d’un touret avant de servir à la fabrication des cordages.
Commence alors la fabrication des cordages dans l’atelier de cordage.
C’est le domaine des cordiers et maîtres cordiers qui vont assembler plusieurs fils de caret pour en faire des torons puis des cordages.
Pour cela en deux étapes sont nécessaires.
- Premièrement, le toronnage : les cordiers disposent de deux appareils, le “chantier”, machine fixe munie de manivelles à clavettes, et le “carré” qui repose sur un chariot mobile, chacun avec une manivelle, et disposés aux extrémités de l’atelier. On place des chevalets entre ces deux pièces. On commence tout d’abord par former des faisceaux égaux (longueur et nombre de fils identiques) avec les fils de caret. On les tortille en faisant tourner les manivelles du chantier dans un sens et les manivelles du carré dans le sens opposé. Rapidement plusieurs torons se forment. Les torons sont alors réunis sur une seule manivelle du carré. Il faut tourner à nouveau les différentes manivelles pour que les torons se tordent les uns sur les autres, se commettent.
- Deuxième étape, le commettage : les extrémités du toron sont ensuite attachées à la même manivelle et ceux-ci sont tordus sur eux-mêmes : ils » se commettent » et vont former le cordage souhaité. À la fin du processus la longueur obtenue a été réduite d’un tiers par rapport au départ. Une corderie d’un longueur de 300 mètres donnera donc des cordages de 200 mètres (ce qui correspond à une encablure).
Entre les deux, on place un » toupin « , possédant un certain nombre de rainures qui vont guider régulièrement les fils de caret. Au fur et à mesure que l’on tourne les manivelles, le toron se forme, réduisant sa longueur et faisant avancer le carré. Le toupin, placé tout d’abord devant le carré, avance de lui-même vers le chantier au fur et à mesure du commettage suivant la formation du cordage. Pendant l’opération le chantier a perdu un tiers de la distance initiale qui le séparait du carré. C’est ce que l’on nomme commettre au tiers.
Plus tard, les progrès de la mécanisation ont facilité le travail des cordiers.
Des toupins
Maquette d’une machine à toronner, ainsi qu’une machine à commettre de la Corderie royale, avec tous ses crochets, datant de la fin du XIXe siècle. (http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/)
La dernière opération est la technique du goudronnage.
La plupart des cordages étant destinée à la navigation, il faut les imperméabiliser en partie. Pas tous, pour ne pas les alourdir, comme ceux réservés aux manœuvres des voiles (cordages “blancs”), mais au moins ceux du gréement appelé “dormant” (cordages “noirs”), c’est à dire les cordages reliés à la mâture, car le goudron leur procure meilleure résistance et longévité. cordage fini. Certaines corderies pratiquaient les deux méthodes.
Avant de goudronner un cordage commis, il est utile de le ramollir et le purger de son humidité. Il est entreposé pendant une semaine dans une étuve. On l’immerge ensuite rapidement dans le goudron, obtenu en laissant diverses essences de bois résineux se consumer et suinter. Puis on l’égoutte soigneusement.
Pour un usage à la mer, dans des conditions climatiques extrêmes ou changeantes, le cordage noir est d’une plus grande solidité et de meilleure conservation. C’est là le seul avantage du cordage goudronné. D’une manière générale, le goudron alourdit et affaiblit les filins.
La résistance des produits de la corderie est un gage de qualité. Chaque type de cordage est testé mécaniquement pour en préciser la force ou charge de rupture.
Il fallait bien évidemment une forte main d’œuvre pour travailler dans ces corderies, on estime que pour la moitié, elle était composé de travailleurs spécialisés, pour l’autre, de forçats directement issus du bagne (cas de Toulon, le bagne était attenant à la corderie) .
Une ressource précieuse …
La culture du chanvre étant l’une des cultures les plus écologiques qui soit et la transformation du chanvre offrant de multiples possibilités, il est assez logique que le chanvre soit considéré aujourd’hui comme une ressource précieuse.
Mais après avoir connu une baisse de popularité, il est aujourd’hui très apprécié.
La prise de conscience de la vulnérabilité de nos ressources en eau, dont le chanvre est une des plantes les plus économes, remet cette plante au premier plan. Dans le même temps, les progrès dans la technologie de production et les techniques de culture la rendent plus facile et plus rentable à cultiver. Il reste un enjeu économique important pour les industries du chanvre : maîtriser, sa transformation, ré-apprendre les savoir-faire qui en permettront une production à des coûts compétitifs.